Sunday, November 23, 2008

Saturday, November 22, 2008

Cheers for fears

Quand je suis arrivée de manière inopinée (ah ce mot!), mon coiffeur, Zak, était en train de faire sa prière d'Al Asr dans le couloir du centre commercial. Ce gars, avec ses épaules larges, ses joues, son crâne rasé, est pour moi l'incarnation de la coolitude. Il portait un pantalon blanc et un pull blanc parfaitement assortis à sa dentition. La première fois que je l'ai vu, je l'ai tout de suite apprécié. Et quand on est en plus talentueux et capable de transformer ma cha3kouka légendaire en une chevelure ondulée strass & paillettes, je suis conquise.
Chacun sa kemmara "grand public" Vs "intimes". Mon vice est d'avoir la kmimira intime.
Je savourais tranquillement mon thé à la pêche en regardant de larges mèches du coin de l'oeil tomber dans le désarroi (ah ce mot!). De l'incontournable discussion sur l'entretien des tiffes, nous avons atterri sur un terrain vraiment épineux. Soudain, il arrête son travail -que dis-je: son chef d'oeuvre!- pour me sortir un article de journal. Son jeune frère de 19 ans a disparu un jour de sa ville natale pour "travailler" à Marrakech. Alors qu'il devait venir visiter Zak, il s'est évaporé dans la nature. On l'a retrouvé plusieurs mois plus tard, brûlé par électrocution dans le petit centre d'électricité d'une usine désaffectée dont il était le gardien. Enfin, c'est la version du gérant de l'usine. Les flics ont dit à la famille que le petit gars a été enterré comme anonyme (alors qu'ils ont sa carte d'identité) après seulement un mois à la morgue, mais en même temps qu'ils n'ont pas de photos de son corps car il ne subsistait de l'électrocution que de la poussière, littéralement. Version que la famille n'arrive pas à gober, si pauvres et si analphabètes soient-ils. Ne pouvant faire leur deuil, c'est dans l'amertume qu'ils vivent. Preuve que quand on n'est "personne", on peut crever dans le silence radio. Et personne n'a de comptes à rendre à quiconque, surtout pas à un vieux monsieur, ancien combattant, dans sa djellaba, incrédule au PV de la police, n'est-ce pas?
En sirotant cette fois mon "San Francisco" au tex mex enfumé de la capitale, plongée dans une douceur presque oubliée, j'ai eu une pensée pour ce pauvre Zak et pour les associations de défense des pauvres gens que j'avais vu bosser aux States et qui font tant défaut ici. Encore un aspect civilisé qui me manque cruellement. Salud.

Friday, November 21, 2008

from the car


Tears for Fears

Ma maladie s'appelle le blues californien. Je ne sais pas ce qui était le plus pénible: quitter mes neveux, abandonner mes flips flops, la balade sans goût dans un Manhattan pourtant ensoleillé, le New-York-Casa à côté de cet Indien qui aurait tant voulu que je lui dise que toutes les Marocaines sont des belly dancers en puissance, ou le replongeage immédiat dans un quotidien souvent passionnant et surtout surmenant, si vous me permettez l'adjectif.
Le médecin m'a prescrit encore plus de surmenage pour ne pas me poser plus de questions sur où, de Madrid, Hebron ou Buenos Aires, mon baluchon et moi devrions nous installer. Alors, je vais repartir vers Assa-Zag pour quelque temps, le temps justement de remplir une carte mémoire de photos, la caméra de témoignages et le dictionnaire perso de quelques engrais informatifs. Je vous ramène quelque chose?

Sunday, November 02, 2008