C'est la faute à Jesus. La faute à Jesus si un weekend qui s'annonçait paisible et reposant s'est transformé en un véritable cauchemar. La faute à Jesus si je suis anéantie, à ce moment bien précis. Je lui en veux, terriblement.
Tout a commencé par sa négligence. "Je suis désolé", il a dit, inconscient de l'ampleur du désastre. Car c'est un véritable désastre. Tout ce qui m'est précieux (qui ne soit pas des habits hein :) ) englouti par les eaux. Mes correspondances, mes journaux intimes et surtout mes photos, celles de toute une vie. Par miracle, l'album de mes premières années a été épargné. Mais les centaines, les milliers de clichés de mes vies précédentes, de mes proches, de mes amis, mes voyages, mes rencontres avec des personnalités, tout, tout, est devenu un amas de feuilles blanches cartonnées avec des gribouillis de couleurs qui collent aux doigts par dessus.
Alors, toute la journée, assise par terre, courbée, hésitante, terrassée par la vision horrible de tetes sans bouches, de corps sans bras, des visions de personnes défigurées par l'humidité, j'ai essayé de séparer les photos désormais collées l'une à l'autre. Quand je découvre un semblant de photo, je mets tout de suite de coté en rendant grace au seigneur.
Un polaroid représentant mes grands-parents à la Mecque ne représente plus rien du tout maintenant. Mon séjour à Strasbourg n'est prouvé que par deux photos aujourd'hui. Et un relevé de notes qui sèche dans la cuisine, au moment où j'écris. Je n'arrive plus à déchiffrer ce qu'il y a d'écrit dans mes journaux intimes, tant l'écriture est diluée. Et mes lettres reçues, on dirait qu'elles ont été écrites à l'encre indélébile. Des pages blanches...
Pourquoi s'attache-t-on tant à ces choses-là? Pourquoi ma vie a-t-elle besoin de ces photos pour se justifier? Je m'en veux d'etre aussi sentimentale. Mais je m'en veux encore plus de ne pas avoir laissé ces choses près de moi et de les avoir confiées à ce satané Jesus.
En fightant le haut-le-coeur qui me prit, j'ai du jeter des dizaines de lettres, de Marie, de Hajar, d'Hélo, de Hanaa, j'ai égoutté des cartes postales de Fadwa (du temps où un trip à Tanger était digne d'une carte postale ^^), de Merouane, de Ji, d'Ahmed, d'Imad, d'un de mes professeurs, de mes frères, des petits mots d'Oussama, de Mehdi, de Tarik, d'Abdessamad, des fotos de légende avec mes inséparables (Fadoua, Bilal, Khalid, Driss), des preuves d'amour de Washington, de Malaisie, de Hawaii, de Kabul, de Rome, de Dubai, d'Ohio, du Mexique, d'Ifrane, de Shanghai, de New-York. Des petites enveloppes bleues ou jaunes avec "à sa majesté" ou "to the birthday girl" écrits dessus. Des kilos de papier sont devenus de la pate à modeler. Et moi de retenir des petites larmes. J'aurais appris ma leçon cette fois. Mon prochain achat sera un scanner Xerox, c'est décidé. Pour pas perdre à jamais la trace de mes films quotidiens.
Saturday, February 28, 2009
Monday, February 23, 2009
Berkeley rules!
Non, je reviendrai pas sur Slumdog, sur Hugh, sur la barbe de Brad Pitt, sur l'élégance ronde de Kate Winslet et la classe indescriptible de Sean Penn, ni sur les yeux d'Angelina. Moi je veux vous dire que dans le palmarès figure une certaine Megan Mylan qui a fait la même école que moi et qui a remporté l'oscar du meilleur documentaire. Si c'est pas beau (et déprimant) tout ça.
La baghia la...
Immense nouvelle (refroidie depuis, cela dit) : Ni pute Ni soumise ouvre son antenne au Maroc. C'est Florence Beaugé qui nous le dit dans les colonnes de Le Monde. Qui sont les polytechniciennes en question, qu'est-ce qu'elles ont l'intention de faire au Maroc, avec quels moyens, pourquoi? Aucune trace d'aucune réponse.
Comme si c'était une actualité qui méritait un article dans Le Monde...
Comme si c'était une actualité qui méritait un article dans Le Monde...
Sunday, February 22, 2009
Face-Off
C'était en octobre 2005. Je reçois un email d'un ami marocain de la Silicon Valley qui est depuis rentré au Maroc occuper de "hautes fonctions". Il me parle d'une station télé qui se lance dans l'état de NY. Une chaîne en anglais dédiée au muslim lifestyle, lancée par des musulmans qui ne connaissent pas vraiment le monde des médias, mais qui veulent donner aux Américains une autre idée des musulmans. "On est de bons vivants, on aime la musique, bien s'habiller, partir en pique-nique, traîner dans les malls, lire des livres, sourire, on est normaux!". La chaîne avait besoin de toutes les bonnes volontés, plus encore lorsqu'elles se destinent à une carrière en journalisme. Douce musique à mes oreilles, moi qui étais empêtrée plus que jamais dans mes colères à l'égard de mes collègues et amis "occidentaux" et "extreme-orientaux" qui pigeaient pas que j'avais pas du reconstituer ma garde-robe une fois aux US, que c'était vraiment comme ça que je m'habillais, là-bas dans le Middle-East (?) et surtout avec qui j'étais en désaccord complet et total à chaque discussion politique. Bref, y avait une éducation à refaire et participer à Bridges TV (c'était le nom de la nouvelle chaine) me semblait un premier pas minuscule mais nécessaire.
Après quelques emails échangés avec Hassan Muzammil et sa femme Aasiya Zubair, les deux co-fondateurs, le deal est scellé. Je serais "correspondante" dans la Bay Area (région de San Francisco) et je couvrirais les événements locaux par téléphone. Le travail était, bien entendu, plus proche du bénévolat qu'autre chose. Toujours est-il. C'était la période où 3 heures de sommeil étaient suffisantes à mon bonheur. Je carburais aux snacks coréens et aux doritos. Pour envoyer mes correspondances à l'heure de la cote Est, c'était la frénésie la nuit, pour essayer de pas faire trop d'erreurs d'anglais (c'était raté mais bon...). Je ne sais pas combien de correspondances j'ai réellement faites mais le contact a fini par se perdre, moi devant bouger de plus en plus souvent pour mes reportages, etc. Toujours est-il que j'étais convaincue que c'était d'abord à travers les médias -Bridges TV comme exemple- que nous pouvions donner une autre image des Muslims des US.
Ce matin, sippant mon earl gray et relisant les articles de la semaine que j'avais vus en diagonale, je tombe sur cet article de mon amie Fadoua à D.C. J'ai cru halluciner lorsque je lus que Hassan Muzammil, le fondateur de Bridges TV, avait tué, que dis-je, DECAPITE sa femme, Aasiya, qui avait eu le malheur de demander le divorce. L'homme avait pour habitude de battre sa femme presque quotidiennement. Ses enfants de 4 et 6 ans aussi. Il l'a laissée gisant dans son sang dans les locaux de la station TV.
Fermement condamnée par les associations de musulmans américains, cette histoire sordide n'en est pas moins d'une tristesse déprimante.
Après quelques emails échangés avec Hassan Muzammil et sa femme Aasiya Zubair, les deux co-fondateurs, le deal est scellé. Je serais "correspondante" dans la Bay Area (région de San Francisco) et je couvrirais les événements locaux par téléphone. Le travail était, bien entendu, plus proche du bénévolat qu'autre chose. Toujours est-il. C'était la période où 3 heures de sommeil étaient suffisantes à mon bonheur. Je carburais aux snacks coréens et aux doritos. Pour envoyer mes correspondances à l'heure de la cote Est, c'était la frénésie la nuit, pour essayer de pas faire trop d'erreurs d'anglais (c'était raté mais bon...). Je ne sais pas combien de correspondances j'ai réellement faites mais le contact a fini par se perdre, moi devant bouger de plus en plus souvent pour mes reportages, etc. Toujours est-il que j'étais convaincue que c'était d'abord à travers les médias -Bridges TV comme exemple- que nous pouvions donner une autre image des Muslims des US.
Ce matin, sippant mon earl gray et relisant les articles de la semaine que j'avais vus en diagonale, je tombe sur cet article de mon amie Fadoua à D.C. J'ai cru halluciner lorsque je lus que Hassan Muzammil, le fondateur de Bridges TV, avait tué, que dis-je, DECAPITE sa femme, Aasiya, qui avait eu le malheur de demander le divorce. L'homme avait pour habitude de battre sa femme presque quotidiennement. Ses enfants de 4 et 6 ans aussi. Il l'a laissée gisant dans son sang dans les locaux de la station TV.
Fermement condamnée par les associations de musulmans américains, cette histoire sordide n'en est pas moins d'une tristesse déprimante.
هادا هو : "الفقيه اللي عولنا عليه دخل للجامع ببلغته
Thursday, February 19, 2009
Fables de la fontaine
La différence entre la première classe et la deuxième classe, c'est l'odeur. Rien d'autre.
Le début pour moi du Grand Casablanca sur l'autoroute, c'est la décharge de Mohammédia, pour laquelle on a choisi la plus jolie vallée de la région: "la vallée du bonheur", comme l'appelle ma tante. Au dessus, un éternel nuage de drôles de zoizos qui ghezzez les carcasses. La vallée du bonheur commence à puer un peu avant, puis longtemps après. Je le regrette profondément.
L'odeur, c'est la frontière invisible entre Rabat et Casa.
Quelque part entre les deux justement, Jamaica, un bidonville qui n'a de spécial que le nom. Paske pour le reste, ben, tous les bidonvilles se ressemblent. Ici, l'excentricité du moment est le tarissement de la source du coin. Pour remplir son bidon, faut migrer vers un autre bindonville, où on les fait payer 50 centimes. Une fortune. Milouda m'a dit qu'on pouvait s'accomoder de la puanteur des déchets mais pas de la soif. A un moment, une association a été créée dans le coin, Milouda a vu le bout du tunnel. La fontaine ne devait plus être loin. Mais pas pour longtemps. L'association a déposé un dossier auprès de l'INDH et le douar s'est vu assorti d'un...joli terrain de foot. Alors maintenant, nuit et jour, le ballon frappe inlassablement la tôle. A Jamaica, la jouissance du sport doit forcément vous faire oublier la nuisance polyforme.
Pour les responsables du coin, à situation illégale dommages collatéraux. Je pense que c'est une opinion à géométrie variable puisque bientôt, les communales!
Le début pour moi du Grand Casablanca sur l'autoroute, c'est la décharge de Mohammédia, pour laquelle on a choisi la plus jolie vallée de la région: "la vallée du bonheur", comme l'appelle ma tante. Au dessus, un éternel nuage de drôles de zoizos qui ghezzez les carcasses. La vallée du bonheur commence à puer un peu avant, puis longtemps après. Je le regrette profondément.
L'odeur, c'est la frontière invisible entre Rabat et Casa.
Quelque part entre les deux justement, Jamaica, un bidonville qui n'a de spécial que le nom. Paske pour le reste, ben, tous les bidonvilles se ressemblent. Ici, l'excentricité du moment est le tarissement de la source du coin. Pour remplir son bidon, faut migrer vers un autre bindonville, où on les fait payer 50 centimes. Une fortune. Milouda m'a dit qu'on pouvait s'accomoder de la puanteur des déchets mais pas de la soif. A un moment, une association a été créée dans le coin, Milouda a vu le bout du tunnel. La fontaine ne devait plus être loin. Mais pas pour longtemps. L'association a déposé un dossier auprès de l'INDH et le douar s'est vu assorti d'un...joli terrain de foot. Alors maintenant, nuit et jour, le ballon frappe inlassablement la tôle. A Jamaica, la jouissance du sport doit forcément vous faire oublier la nuisance polyforme.
Pour les responsables du coin, à situation illégale dommages collatéraux. Je pense que c'est une opinion à géométrie variable puisque bientôt, les communales!
Wednesday, February 18, 2009
Rien de grave
Le message portait seulement deux mots: come back. J'avais auparavant appris à prendre des avions, rater des avions, mais pas encore à leur courir après. J'étais déjà sur l'autoroute, la mienne, et toi, malgré ton beau passeport, tu faisais du surplace, sans le savoir. Je voyais que dalle, les yeux embués par je ne sais quoi. Une saloperie d'hiver, j'en suis persuadée. Ou simplement la nuit. Ou la vieillesse, du haut des 28 tours de piste. J'avais fait le choix du cynique, toi du comique. On n'était pas du tout drôles. Heureusement, du neuf en vue: c'est l'année du boeuf. Des cornes invisibles me tailladent déjà les côtes.
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