Monday, October 05, 2009
Sunday, October 04, 2009
Brain ride
Mon cousin Mohamed est bien arrivé en France, ma tante m'a dit. Son pétrin dans son baluchon, il a débarqué pour une formation de six mois dans une immense institution gastronomique de l'Hexagone. Une formation à 60.000 euros, au diable l'avarice quand on a la passion. Et l'argent (me mords-je les lèvres). M'en fous, Mohamed sera le prochain Fauchon. En attendant, il est dans son foyer de futurs magiciens des palais. Il a acheté une bicyclette et traverse tous les matins un paysage aussi vert que ses yeux. Je pense à lui quand je suis sur ma route, mes routes. Un jour, j'irai le voir au Ritz, à Paris. Ou à Saint-Trop. Ou à Napa Valley. J'aurai les larmes aux yeux en serrant le "chef" dans mes bras. J'en chiale des années à l'avance.
Je chiale pour Moukhtafoun, pour un gosse perdu dans un supermarché, pour une vieille qui traverse la rue, pour un tremblement de terre dans une île lointaine soudain si proche, un monsieur tient la photo de sa femme dans la main et la cherche dans les décombres, une ville pleure car elle aura pas les jeux olympiques, l'autre danse car elle l'aura, elle danse en couleurs, son président chiale comme moi.
J'ai pas chialé quand ils sont partis. Même quand Adam m'a dit: "I'm gonna miss you, tata". On s'est fait des signes de la main, des coucous pour qu'il oublie pas, même quand lui retourne voir "Jason, Jessica, Melanie and Noah" et moi mes "Rachid, Saïd, Brahim, etc". Ces trois prénoms me hantent depuis que les intersections de la vie m'ont fait croiser les trois personnages dans la campagne italienne.
Je chiale à l'intérieur. J'insomnie à l'extérieur. Je voudrais tellement que les histoires des uns et des autres restent là où ils belong; c'est à dire sur les bandes magnétiques des cassettes. Et pas dans mon cerveau déjà barbouillé. Je vous les présenterai fin octobre, si vous voulez bien les écouter. En gros, je n'ai pas sauté du plongeoir.
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