Tous les jours, et où que l'on soit lors du tournage, la même scène se produit, invariablement. Un moustachu au visage basané nous aborde, lance un regard soupçonneux et dégaine la fameuse phrase: "3endkoum l'autorisation?"
LOTORIZATION. Ce mot magique qui sonne déjà comme une menace. Et dans mes oreilles, comme une promesse de bagarre enragée. Je la tiendrais volontiers, cette promesse, si ce n'était...
Malgré mon tempérament de féline en cage, je suis d'un calme absolu lorsque nous sommes confrontés à ce genre de topinambours ambulants. Je voudrais tant enregistrer un modèle de réponse audio pour tous les bachi-bouzouk à venir. Juste pour ne pas avoir à répéter les mêmes choses, avec la même application. Walakine pas le choix. Alors ça sonne comme ça, dans un débit de radio slovaque des années 40:
"bla bla 7na douzième bla bla pas d'autorisation du ministère de la Com bla bla Hassan II autorisation spéciale pour les médias du service public bla bla respecter les limites bla bla pas d'écoles, d'administrations, de casernes, d'hôpitaux et de propriétés privées sans autorisation bla bla nous sommes dans une rue nous n'avons pas de compte à rendre bla bla"
Mais encore faut-il que la créature en face nous écoute. Non, non. L'agent en face, qui ne nous a pas honorés de son doux patronyme, n'a que les mots "wilaya", "préparation", "fax" à la moustache. Comme si nous avions le temps de faire des correspondances à tous les services de la ville avant de sortir. A weddi 3la l'efficacité.
Mon problème n'est pas dans l'autorisation en soi. Respecter les règlements est logique et indispensable. Ce qui me dérange, c'est la tournure que prennent les événements dès que X et Y sont informés que l2ida3a débarque. Au-delà de nos noms, de nos numéros de cartes d'identité, de la marque de shampoing qu'on utilise, il faut toujours expliquer la nature du reportage, à qui on va parler, ce qu'on veut montrer. A croire que TOUT le monde a TOUJOURS quelque chose à cacher. C'est quelque chose que je n'ai jamais -encore- vu ailleurs. Alors, quand ON sait que la télé arrive, c'est le maquillage à grande échelle. Comme quand le roi débarque quelque part. Ça lave, ça met de nouveaux uniformes, ça s'organise, ça se brushingue, ça prépare des réponses (parce qu'on connaît rarement ses dossiers, faut-il le préciser), ça se bouscule pour parler du dossier A ou C. Bref, c'est très rare que les gens restent eux-mêmes. La caméra effraie plus qu'elle ne séduit, même si on est constamment harcelés. Les jeunes, moins jeunes, les gosses (c'est les plus difficiles) n'ont que "filmiwna" à la bouche. Mais lorsqu'on donne le micro, c'est la panique, la débandade extrême. Ça bégaie, ça sue à grosses gouttes, ça agit dans un superficiel qui nous fait regretter la presse écrite et ses adjectifs sans scrupules.
Peut-être que j'exagère. Et bien sûr que ça dépend des gens et que ça dépend des domaines. Et là, je confonds un peu la fascination de la caméra et la sur-protection administrative. Mais je suis certaine que les deux sont suscités par la même chose. Un jour, dans une ville du nord, nous étions avec un haut fonctionnaire en train de filmer une rue en chantier. On se fait aborder par un pitbull de 1,85 avec une moustache roussie par le tabac et puant le vin à 10 h du mat' (faut le faire). Il a commencé à rugir menaçant de casser la caméra, ne nous laissant pas le temps d'en placer une. Le haut fonctionnaire a essayé de lui parler. L'autre australopithèque lui a asséné un chapelet d'injures juteuses sur le coup. Il s'est avéré que le boulissi en question faisait partie de la police touristique et n'avait de toute façon rien à voir avec nous. Il n'avait même pas à nous demander la ttorisation. Il doit avoir été muté à Boujdour depuis, je lui enverrai une carte postale à l'occasion. Bref, tous les jours sonnent une succession d'affrontements bêtes et inutiles entre des gens qui essaient de faire leur boulot et d'autres qui essaient de faire leur boulot, mais qui communiquent mal entre eux. Et pourtant, c'est si facile d'être correct, d'être poli, d'être aimable, serviable, et d'agir ensemble dans l'intérêt du mouwatin. Une chose est sûre: le maquillage n'est pas dans l'intérêt de ce dernier.
Saturday, April 19, 2008
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10 comments:
La question qui se pose d'elle-même c'est : Qu'est-ce que tu as contre Boujdour et les habitants de Boujdour ?
7didane, ah ça,je peux pas le raconter sur mon blog :)
On voit que vous méritez le surnom de Mihnate almataib. Ça devrait nous apprendre à être indulgents avec la qualité du travail de nos journalistes média. Bon courage..
abmoul, oh tu sais y a pire comme mihna! c'est pas pour m'apitoyer sur mon sort que j'ai écrit ça. Hamdoullah ça va. Mais franchement,parfois,grande est la frustration! Merci
PS/ pas d'indulgence avec les journalistes!
racisme abject
anonyme,tu te prends trop au sérieux redescends sur terre
Attends un peu, tu as lotorization pour évoquer tes problèmes dotorization ?!
yulik,oooops! mamaaaa!!
je suis d'accord avec le premier anonyme. je ne dévoilerai pas mon idéntité aussi pour ne pas être maculée par cette infamie. par quel droit oses tu traiter de soulard un agent de la Sureté Nationale qui essaie de faire son métier honnetement. et comment oses tu, najlae, porter atteinte a l'image de cette institution respectable et respéctée de tous les citoyens dignes de ce nom et qui est mieux que mille journaliste mercenaire...
anonyme2, mercenaires? :D
non je te supplie! dévoile ton idéntité! je te supplie!
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