Friday, June 13, 2008
Global warming
A quoi peut bien penser Monsieur Mustapha? Je me pose la question chaque fois que je le vois griller sa cigarette sur la plateforme à l'extérieur de son "bureau". Entre 14H et 15H uniquement, lorsque d'autres sont en train de déjeuner, ou disons juste bourrer leurs canaux digestifs d'une infecte gamila industrielle. Monsieur Mustapha, le souffre-douleur qui ne se plaint pas, qu'on ne se sent pas obligé de payer, qui connaît par coeur les prix, au centime près, de chaque denrée alimentaire sur le marché, est le meilleur thermomètre social. En ce moment, il grille bien trop de cigarettes pour ses 55 kilos.
Je me pose la question, la tête qui dépasse de la fenêtre, les yeux rivés sur l'océan, que j'aperçois entre deux paraboles géantes. Znata, une parenthèse de film. Même à ciel ouvert, sa poubelle m'est plus supportable que les couleurs de l'atelier. Son air m'est plus respirable. Ses rues plus désertes. Mon agoraphobie l'en remercie.
Demain, la paix, la récréation des nerfs en feu. Au diable les gosses qui volent des melons des camions. A l'enfer Ain Sbaa. Ses échoppes d'alcool. Sa gare sans Escalator, piège des voyageurs surchargés en transfert pour l'aéroport. Sa circulation de jeux vidéos. Son parfum Cicalim. Son parc zoologique fossilisé. Ses drogués sur les bancs. Sa place publique à 50(0?) millions de dirhams: une merde décorée de fleurs.
Je n'ai pas de solution pour les gosses qui vendent encore et encore des Kleenex au feu rouge. Quand vous êtes une femme, ils vous font des regards de chien battu. "Aidez-moi", couinent-ils.
Je n'ai pas de solution pour les femmes, chargées de leurs bébés, qui vendent encore et encore des Kleenex au feu rouge. Je n'ai rien à leur donner. Pas même ma compassion.
Je n'ai pas de solution pour tous ces gars bien portants qui tendent la main. Avant, y avait pas. J'ai beau chercher dans ma tête. Quand j'avais 16 ans, je ne voyais que des infirmes et des vieux tendre la main. Aujourd'hui, ils se font concurrence. Si Dieu vous "zghab" et vous sirotez -une fois par an- un fraise-orange (HC) à une terrasse de l'Agdal, vous êtes perdu. Le harcèlement est un doux euphémisme, tant les menaces sont d'une inouïe violence. Les flics sont débordés: à peine ont-ils embarqué dix gars au poste que douze autres sont apparus. C'est l'Escalator social qui est en panne. Et, dommage pour vous, vous vous coltinez les bagages des autres dans les bras.
Je suis déprimée par autant de misère. Ce n'est pas le mur des lamentations de Rabat-Anfa, comme dirait ce cher Ibn Kafka, mais de l'impuissance, ce boulet du moral qu'est cet attentisme généralisé que je vois autour de moi. Des gosses qui disent: "3afak 3awen lfariq" est pour moi le début de la fin d'une société. Je ne sais pas si leurs parents savent qu'ils mendient à moitié, fouillent les poubelles même s'ils sont chaussés de Nike dernier cri, mais toute cette mentalité qui légitime le fait de tendre la main au premier inconnu est révoltante.
Pendant ce temps, ceux qui ont vraiment besoin d'aide en sont privés, rien d'étonnant, ou se fondent dans la masse. Mais je tends à penser qu'ils ont moins tendance à se prostituer moralement.
Cela fait pratiquement deux ans que je suis rentrée au Maroc. Ce que je vois tous les jours est loin des articles panégyriques de l'Express, des Echos ou de Match. Il y a certainement des équilibres à trouver entre un pays de bétonneuses et de paillettes festivalières, et celui d'indigence intellectuelle, financière et culturelle, qui ne peut être nourri à coups de Nayda et de FIFM. Je n'ai pas de solutions. Vivement le retour de l'Ijtihad.
Je n'ai pas de solution pour les gosses qui vendent encore et encore des Kleenex au feu rouge. Quand vous êtes une femme, ils vous font des regards de chien battu. "Aidez-moi", couinent-ils.
Je n'ai pas de solution pour les femmes, chargées de leurs bébés, qui vendent encore et encore des Kleenex au feu rouge. Je n'ai rien à leur donner. Pas même ma compassion.
Je n'ai pas de solution pour tous ces gars bien portants qui tendent la main. Avant, y avait pas. J'ai beau chercher dans ma tête. Quand j'avais 16 ans, je ne voyais que des infirmes et des vieux tendre la main. Aujourd'hui, ils se font concurrence. Si Dieu vous "zghab" et vous sirotez -une fois par an- un fraise-orange (HC) à une terrasse de l'Agdal, vous êtes perdu. Le harcèlement est un doux euphémisme, tant les menaces sont d'une inouïe violence. Les flics sont débordés: à peine ont-ils embarqué dix gars au poste que douze autres sont apparus. C'est l'Escalator social qui est en panne. Et, dommage pour vous, vous vous coltinez les bagages des autres dans les bras.
Je suis déprimée par autant de misère. Ce n'est pas le mur des lamentations de Rabat-Anfa, comme dirait ce cher Ibn Kafka, mais de l'impuissance, ce boulet du moral qu'est cet attentisme généralisé que je vois autour de moi. Des gosses qui disent: "3afak 3awen lfariq" est pour moi le début de la fin d'une société. Je ne sais pas si leurs parents savent qu'ils mendient à moitié, fouillent les poubelles même s'ils sont chaussés de Nike dernier cri, mais toute cette mentalité qui légitime le fait de tendre la main au premier inconnu est révoltante.
Pendant ce temps, ceux qui ont vraiment besoin d'aide en sont privés, rien d'étonnant, ou se fondent dans la masse. Mais je tends à penser qu'ils ont moins tendance à se prostituer moralement.
Cela fait pratiquement deux ans que je suis rentrée au Maroc. Ce que je vois tous les jours est loin des articles panégyriques de l'Express, des Echos ou de Match. Il y a certainement des équilibres à trouver entre un pays de bétonneuses et de paillettes festivalières, et celui d'indigence intellectuelle, financière et culturelle, qui ne peut être nourri à coups de Nayda et de FIFM. Je n'ai pas de solutions. Vivement le retour de l'Ijtihad.
Wednesday, June 04, 2008
Fashion victime
Moi, ce soir, en voyant arriver mon amie décidément très stylish, surnommée "la chèvre" depuis ses ambitions de gambadage intensif:
- Oh là lààà, les sandales Yves Saint Laurent! La grande classe!
Elle, imperturbable: " iwa ghir tfekkerna lmar7oum".
- Oh là lààà, les sandales Yves Saint Laurent! La grande classe!
Elle, imperturbable: " iwa ghir tfekkerna lmar7oum".
Monday, June 02, 2008
Release
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