La région d'Azilal est un petit paradis. Sauf pour ceux qui y vivent. Les notions de paradis ou de bonheur reviennent souvent dans le langage de la vie moderne. On galvaude ce qu'on ne connaît pas, pour mieux le noyer. Ou pour mieux s'en approcher. On le fout partout sur des catalogues d'agences de voyage et sur des carnets de route pour mieux persuader les autres que ce qu'on vit est exceptionnel. En fait, je suis de plus en plus persuadée que le bonheur, pour notre génération, se résume certainement à avoir chez soi une bonne de qualité qui nous épargne les corvées ménagères. Quelle plus grande joie que celle de ne pas avoir à se taper le nettoyage de la salle de bain ou l'épluchage de légumes en rentrant le soir, le visage gonflé par le stress, le corps endolori.
Depuis quelques mois, le bonheur, pour les femmes de mon âge des communes de Tameda Noumersad et de Tal'at Tenzart, c'est le bezbouz à proximité de la maison, qui leur épargne des kilomètres de marche tous les jours. Si leurs vœux ont été exaucés, c'est clairement grâce à des associations locales. Les habitants contribuent financièrement, on ramasse un petit pécule, on ramène l'eau. Mais ramener une saquia est une chose, ramener un médecin est une autre. Je pense bien que le seul médecin du coin avait déclaré qu'il avait au moins 6.000 personnes sous son aile. A cause de la géographie esquintée du coin (qui nous a valus 10 kilomètres de marche sous le soleil façon caprins en manque de gambadage), il n'était pas étonnant de tomber sur des familles qui n'avaient jamais vu le toubib de leurs vies. Le problème, c'est qu'elles ne s'en portaient pas mieux. Au-delà des femmes qui meurent en couches, des bébés qui meurent à la naissance, il y a des vieillards dont le diabète a causé la cécité, sans le savoir, des douars de malvoyants à cause de la poussière, d'autres qui continuent d'avoir des enfants même en prenant la pilule (périmée, nous a-t-on affirmé). Nous avons rencontré une jeune maman dont le bébé avait un bec-de-lièvre et qui a été tellement déprimée par le fait que son nouveau-né ne pouvait téter, qu'elle en a perdu le lait. Et que boit le bébé de 20 jours? Du lait de vache en biberon. Fatal. Et dire qu'une opération d'une heure chez une équipe Smile leur redonnerait le sourire.
Deux montagnes plus loin, une famille avec trois enfants trisomiques. Ici, aucune sensibilisation pour dire qu'il y a des risques, lors de mariages consanguins. Ou zid ou zid.
Les mariages justement. Paper-free. On s'épouse avec une fatiha. On se sépare pareil. Résultat: des gosses sans 7ala madaniya. La plupart ne peut poursuivre d'études sans papiers d'identité.
On vogue dans un monde de surréalisme. Le paysage est sublime. Au milieu coule une rivière. Les habitants sont chaleureux, beaux, simples. Si seulement le reste suivait. Bon, jme tais. Plus dans le prochain Grand Angle, en septembre.
Tuesday, July 29, 2008
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4 comments:
S'ils avaient un député comme le Sultan de Rhamna, les choses auraient été différentes peut etre.
should we wish it for them?
why not if it will be better for them ? At least the king will know that there are many people suffering in his own country. I am not sure but i think so...
I think the King already knows that..
this country has to find the best ways to help its people. If we consider that the government failed and this "restructuration" is the only way, i dunnow..
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