Quand je suis arrivée de manière inopinée (ah ce mot!), mon coiffeur, Zak, était en train de faire sa prière d'Al Asr dans le couloir du centre commercial. Ce gars, avec ses épaules larges, ses joues, son crâne rasé, est pour moi l'incarnation de la coolitude. Il portait un pantalon blanc et un pull blanc parfaitement assortis à sa dentition. La première fois que je l'ai vu, je l'ai tout de suite apprécié. Et quand on est en plus talentueux et capable de transformer ma cha3kouka légendaire en une chevelure ondulée strass & paillettes, je suis conquise.
Chacun sa kemmara "grand public" Vs "intimes". Mon vice est d'avoir la kmimira intime.
Je savourais tranquillement mon thé à la pêche en regardant de larges mèches du coin de l'oeil tomber dans le désarroi (ah ce mot!). De l'incontournable discussion sur l'entretien des tiffes, nous avons atterri sur un terrain vraiment épineux. Soudain, il arrête son travail -que dis-je: son chef d'oeuvre!- pour me sortir un article de journal. Son jeune frère de 19 ans a disparu un jour de sa ville natale pour "travailler" à Marrakech. Alors qu'il devait venir visiter Zak, il s'est évaporé dans la nature. On l'a retrouvé plusieurs mois plus tard, brûlé par électrocution dans le petit centre d'électricité d'une usine désaffectée dont il était le gardien. Enfin, c'est la version du gérant de l'usine. Les flics ont dit à la famille que le petit gars a été enterré comme anonyme (alors qu'ils ont sa carte d'identité) après seulement un mois à la morgue, mais en même temps qu'ils n'ont pas de photos de son corps car il ne subsistait de l'électrocution que de la poussière, littéralement. Version que la famille n'arrive pas à gober, si pauvres et si analphabètes soient-ils. Ne pouvant faire leur deuil, c'est dans l'amertume qu'ils vivent. Preuve que quand on n'est "personne", on peut crever dans le silence radio. Et personne n'a de comptes à rendre à quiconque, surtout pas à un vieux monsieur, ancien combattant, dans sa djellaba, incrédule au PV de la police, n'est-ce pas?
En sirotant cette fois mon "San Francisco" au tex mex enfumé de la capitale, plongée dans une douceur presque oubliée, j'ai eu une pensée pour ce pauvre Zak et pour les associations de défense des pauvres gens que j'avais vu bosser aux States et qui font tant défaut ici. Encore un aspect civilisé qui me manque cruellement. Salud.
Saturday, November 22, 2008
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
4 comments:
DIW@ >>>> Je viens de lire ton post. Cela fais peut être des mois que je n'ai pas surfer sur ton blog. Pourquoi là et maintenant ? je ne sais pas. Peut être le coup de file de tt à l'heure :). Sinon, on l'a crée cette ****** d'association qui parle des inconnus et qui n'attend rien de personne :)). Qu'en dis tu ?. BESOS Naj'
DIW@ >>>> Je viens de lire ton post. Cela fais peut être des mois que je n'ai pas surfer sur ton blog. Pourquoi là et maintenant ? je ne sais pas. Peut être le coup de file de tt à l'heure :). Sinon, on l'a crée cette ****** d'association qui parle des inconnus et qui n'attend rien de personne :)). Qu'en dis tu ?. BESOS Naj'
diwa, i wish i was like that, walakine je peux seulement donner des idées. Faut des avocats doués et généreux...Je te bise ma chérie!
Trés émouvant naj.
J'ai pitié de toi, presque tous les aspects de la civilisation vont te manquer dans ces villes Marocaines qui se ruralisent.
Entre parenthése, la toute derniere émission de G.A m'a decue. Le reportage sur Sigoléne Royal a été trés médiocre...comme si on savait pas ce qu'on voulait...vous etiez aussi dépasser par les evenements...Je ne m'attendais pas à une telle mediocrité surtout de la part du competent Chaib Hammadi...Les francais sont aussi hypocrites que les notre...Sigoléne m'a decue...vous auriez dû inviter Aubry...manque de tact, de visibilité...?
C'est juste mon modeste avis. Excuses.
Post a Comment