Sunday, November 30, 2014

That swell inside


Naouras

My Chocolata is bitter because of a mérou.
Il a fait le meilleur berrad d'atay du monde. Ce berrad faisait office de bouquet de roses, d'accueil VIP, de sign back, de ronron de chaton. Je fonds en ce chocolat.
La palette chromatique de la route n'a dépassé le blanc-gris que pour m'enfoncer dans le terre.
Il est loin le ciel dakarois, les mains moites, les 4 douches par jour, le banc devant la mer.
Il paraît que le poisson du Sénégal est plus tasty que le nôtre. Je ne saurais ni confirmer ni infirmer cette supposition. Je ne saurais qu'affirmer le manque d'appétit qui a prévalu. La faim qui ne part pas en mangeant. Le besoin du berrad d'atay.
On trouve pas les mots quand on a besoin d'eux.
Je suis fascinée par l'attitude de la personne en groupe. On a peu de temps, alors il faut se vendre. Il faut dire, avec peu. Alors on a soigneusement sélectionné ce qu'on allait dire, on l'a enrobé dans de la pseudo-spontanéité maintes fois répétée. On a donné juste assez pour attiser cette curiosité somme toute factice.
On a sauté dans des taxis, on a marchandé pour 1 dirham, on a mangé de la pastèque dans la rue, on a dormi dans des transats dans une marina désertée, on a donné le suc de notre moelle en trois mots, juste assez pour classer, acquiescer, comprendre, aboutir à un sourire, de l'empathie ou de l'indifférence.
On a gardé sur soi, les empreintes des uns et des autres, passagères ou indélébiles, qui réchauffent un jour de pluie.

Saturday, November 29, 2014

FMDH: Vu, entendu, ressenti

Je n'ai jamais été une fan de la montagne, des paysages de la montagne, de l'air de la montagne.
Ce matin, j'ai reçu le lever de soleil sur les montagnes de Marrakech comme une claque dans la gueule. C'est qu'on se rend pas compte quand notre cerveau est engourdi par des mois de conneries.
La beauté, la beauté ça vous fait vous sentir tout petit.
Avec le tailleur, j'ai gardé les chaussures que je porte d'habitude au ski. Je suis la seule non-badgée du troupeau. Le froid te réveille et t'anesthésie. La salle est énorme. Car on ne sait pas se parler entre nous. On sait discourir, faire des pastillas pour 20. La salle est énorme, non on ne sait pas se parler entre nous. Elle porte le nom de Kacimi. Je pense à son atelier. Je regarde des djeunes prendre des photos avec l'affiche "droits de l'enfant". Ils sont beaux, ils sont contents, ils font des coeurs avec leurs doigts. Ils ont pas 20 ans, ils ont pas 18 ans, mais ils ont fait le forum mondial. Ils vont écouter d'une demi-oreille, regarder d'un demi-oeil, prendre d'autres photos avec des gars en costard dont le visage leur dit quelque chose. Je sors de Kacimi. Des foules de non-réveillés arrivent par vagues. Un nuage libanais polyglotte me dépasse. Des paires de gens qui ont partagé un combat, une cellule, un bout de chemin traversent. On veut parler des droits de l'enfant. Non, on va aller défendre les femmes contre la violence. Viens on va protéger les droits des personnes âgées. Deux journalistes ne quittent pas un gars qui marche tout seul. Ils le mitraillent de tous les angles. C'était un athlète, une star, un demi-dieu. Aujourd'hui, c'est un ambassadeur de bonne volonté. De beaucoup de bonne volonté.
Marcel Khalife s'avance avec une écharpe bleue autour du cou. Qu'est-ce qu'il a l'air blasé. Et toutes ces femmes qui veulent se prendre en photo avec lui. Et tous ces hommes qui veulent se prendre en photo avec lui et qui le regardent comme des femmes. C'est quelle salle déjà? Celle-ci. Non, celle-là. Il tourne et retourne et derrière lui ce cortège mille-pattes.
Les féministes arrivent. Les malvoyants arrivent. Les nains arrivent. Les gars de la sécurité font semblant. On se prend au sérieux. J'embrasse Kamal Lahbib. J'embrasse la Soulaliya. J'embrasse la Sahraouia. J'embrasse la journaliste. Je descerne le trophée du militant. Marocain; Tunisien. Brésilien. On est dans la compassion. On est dans l'empathie. On est dans la colère. On veut mieux. On veut plus. On tire sur l'organisation. On tire sur le Maroc. On veut bien être invité dans un 5 étoiles mais faut pas trop le dire car on milite. Les journalistes écrivent mais je ne sais pas sur quoi car ils ne sont pas dans les salles. Et ils ne font pas d'interviews. Pourquoi faire?
Il pleut et les gens en chaise roulante doivent se taper toute l'allée. Y a personne pour leur tendre un parapluie. Les malentendants gueulent. On est bien ensemble. On y croit. Et juste ça, ça me suffit.