Monday, November 23, 2009
Sunday, November 22, 2009
Call me when you're sober
C'est dimanche et il pleut. Cela fait si longtemps que je ne me souvenais plus what it feels like. Des monstres de vagues roulent et se font la course à la presqu'île. Les rochers ont rien demandé mais plein d'eau furieuse leur tombe dessus, pasque c'est comme ça. Deux chiens bâtards nonchalants font leur ballade du dimanche. Mohamed le gardien lit son Al Massae d'hier ou fait semblant en dormant sous sa casquette. Ayroud le pêcheur fixe la mer en se grattant la barbe, pas de poisson pour les prochains jours, pas de sous, avec l'aid qui arrive et ces Marocains qui boufferont du lion à tous les repas, Allah yi7edder salama. Un couple se dispute entre deux cabanons, je les épie derrière mes rideaux jaunes. Il a le bouc, un corps carré et court sur pattes. Elle a les cheveux rouges et un brushing qui ne tardera pas à disparaître. Il bouge des mains, elle bouge des mains. Il gueule, elle gueule. Ils vont vers la voiture, non ils reviennent. Le tango se joue en face de moi et moi, je mange de la grenadine. A la main. Je plonge jusqu'au coude dans le saladier de grenadine et je croque. L'explosion de saveur dans la bouche comme un feu d'artifice à la fois amer, sucré, liquide et pépineux. Une énigme de la nature en soi. Et tout plein de petites neuronnes qui reviennent à la vie, même si elles serviront pas à grand chose. Forrest Gump aurait dû y penser.
Et moi, moi j'aurais pas dû sortir hier. Comme l'autre fois. Toutes ces injections de nicotine dans les yeux, les cheveux, les narines. Mais surtout ces visions d'horreur. Des Lolitas de 14 ans surmaquillées et complètement paumées, une clope dans une main, un verre dans l'autre. Acceptant des comprimés bizarres de leurs voisins. Non moins paumés. Et secouant un popotin inexistant et une poitrine tout aussi inexistante sur des tubes du moment. I'm tryinna find the words to describe this girl without being disrespectful!
Dehors, sur le parking, des groupes de djeunes comme ça et une intruse: une maman en jogging, les cheveux attachés, l'air hébété, scrutant tous les petits et cherchant son bébé à elle: une ado de 15 ans qui a fait le mur. Ben non madame, c'est pas propre à cette génération, ça a toujours existé, le mur. Un téléphone sur boite vocale continue et aucune piste vers la petite. La détresse de cette femme. L'indifférence des spectateurs flying high. La nuit, ça donne la nausée à tous les étages. J'ai testé pour vous. Et je retesterai pas de sitôt, promis.
Wednesday, November 18, 2009
Aïe
Dans le duty-free, le coeur lourd et l'esprit embué, à essayer de lui choisir un parfum. Mais pas assez de narines pour tout sentir, trop de couleurs, trop de flacons, pas assez de peau sur les poignets, pas assez d'yeux pour sélectionner un look à fiore, pas assez de culture pop pub pour savoir finalement lesquels étaient in. Alors j'ai choisi un nom que j'aimais bien, un truc qui me rappelait que j'avais une cousine qui s'appelait Ambre. C'est beau, Anbar.
A force d'essayer les fragrances sur des petits cartons, je me suis retrouvée avec un arc-en-ciel de senteurs dans mon sac. Dans l'avion, je ne savais plus qui était quoi. Juste ce retour parfum de nausée infinie. Le retour vers les vendeurs de kleenex, la génération Clorets -du nom de leur seule hygiène buccale-, les trains aux coussins inexistants qui tirent les cheveux, les collègues hypocrites et incompétents, ... Je sais, je radote. Normal: les choses qui me rendent malade ne changent pas.
Le bonheur ne tient qu'à un fil. A retordre. On s'accroche pieds et griffes à des planches somme toute insignifiantes. Des trucs comme ça nous font mal et le chemin est bien long vers l'apprentissage de l'indifférence, dans l'amitié, le travail et l'amour. Tout vous griffe jusqu'à la moelle, y me faut un trench Burberry, c'est décidé.
Rester imperméable aux ouvriers d'Al In3ach al watani de 80 berges qui flambent au soleil, aux employés de sécurité des banques qui lavent les voitures des patrons, aux gosses qui s'accrochent à l'arrière des semi-remorques, garder le sourire face à des maladresses répétées, des mots qui sortent pas aussi facilement qu'ils le devraient, des surprises qu'on attend et qui ne viennent pas, rester de marbre devant des confrères qui nous font honte, des amitiés qui s'émiettent même si on a beau souder tous les jours un peu plus.
Mille et un trucs qui puent dans ma tête.
Monday, October 05, 2009
Sunday, October 04, 2009
Brain ride
Mon cousin Mohamed est bien arrivé en France, ma tante m'a dit. Son pétrin dans son baluchon, il a débarqué pour une formation de six mois dans une immense institution gastronomique de l'Hexagone. Une formation à 60.000 euros, au diable l'avarice quand on a la passion. Et l'argent (me mords-je les lèvres). M'en fous, Mohamed sera le prochain Fauchon. En attendant, il est dans son foyer de futurs magiciens des palais. Il a acheté une bicyclette et traverse tous les matins un paysage aussi vert que ses yeux. Je pense à lui quand je suis sur ma route, mes routes. Un jour, j'irai le voir au Ritz, à Paris. Ou à Saint-Trop. Ou à Napa Valley. J'aurai les larmes aux yeux en serrant le "chef" dans mes bras. J'en chiale des années à l'avance.
Je chiale pour Moukhtafoun, pour un gosse perdu dans un supermarché, pour une vieille qui traverse la rue, pour un tremblement de terre dans une île lointaine soudain si proche, un monsieur tient la photo de sa femme dans la main et la cherche dans les décombres, une ville pleure car elle aura pas les jeux olympiques, l'autre danse car elle l'aura, elle danse en couleurs, son président chiale comme moi.
J'ai pas chialé quand ils sont partis. Même quand Adam m'a dit: "I'm gonna miss you, tata". On s'est fait des signes de la main, des coucous pour qu'il oublie pas, même quand lui retourne voir "Jason, Jessica, Melanie and Noah" et moi mes "Rachid, Saïd, Brahim, etc". Ces trois prénoms me hantent depuis que les intersections de la vie m'ont fait croiser les trois personnages dans la campagne italienne.
Je chiale à l'intérieur. J'insomnie à l'extérieur. Je voudrais tellement que les histoires des uns et des autres restent là où ils belong; c'est à dire sur les bandes magnétiques des cassettes. Et pas dans mon cerveau déjà barbouillé. Je vous les présenterai fin octobre, si vous voulez bien les écouter. En gros, je n'ai pas sauté du plongeoir.
Monday, August 31, 2009
Sunday, August 30, 2009
Season 4
Cette reprise est un véritable cauchemar. A peine habituée à l'institution du petit-déjeuner, aux insomnies permises et encouragées, aux déjeuners à 17h, à la déconnexion complète de l'actualité, aux abris de plage, à la non-navette, aux tongs portés 24h/24, au bouquinage aléatoire, aux ronrons spontanés devant les compétitions d'athlétisme, au semi-nudisme assumé, etc etc. Voici venue la saison des retours.
Mon retour, c'est d'abord l'attente du train dans cette charmante gare de Skhirat. L'été lui a été bénéfique puisqu'elle a été repeinte à la chaux. Mais personne n'a pensé au "côté jardin". Tous les jours, un peu plus de Raibi Jamilas et de bouteilles de soda jonchent la semi-pelouse bordant les quais.
Une fois à l'intérieur du train, le seul mot qui me vient à l'esprit est tze3lik, tant les tablettes sont grasseuses, les vitres embuées et les repose-tête absolument dégueulasses. Cette semaine, le train s'est -longtemps- arrêté à Bouznika, sans aucune explication, jusqu'à ce qu'un autre train quinquagénaire se gare sur l'autre voie. Les deux jeunes assis derrière moi ont emmené avec eux "leurs" coussins. Comme quoi, il n'y a peut-être que moi que ça dégoûte.
Taximan n°1 a toujours des coussins crasseux.
Taximan n°2 crache par la fenêtre.
Taximan n°3 se cure le nez pendant tout le trajet.
Commissariat n°5 flambant neuf.
Policier n°1 fait une boulette d'un brouillon de dossier et le jette par terre. Pas de poubelle en vue dans tout le bâtiment.
Policier n°2 parle au vieux monsieur qui-va-crever-sur-place comme s'il parlait à un rat domestique.
Policier n°3 essuie ses mains et celles du vieux monsieur de l'encre à empreintes digitales avec du papier bulle et en fait une énorme boulette qui rejoindra les autres bouboules.
Un trajet. Des trajets. Une foule qui se bouscule en continu. Une galaxie de hamsters endormis, comme moi. Les trois palmiers frères de Mohammédia. Un soleil de plomb et une soif en acier. Une tribu d'inconnus et de connus qui ne prennent jamais de douche. L'usine Cicalim et son odeur infecte. Un communiqué royal. Un chien qui dort. Un chat qui m'attend à 2h du mat. Un départ, des départs, vous en avez de la chance. Un passeport confisqué. Un champ de tournesols calcinés. Tes yeux. Des abeilles qui épousent des chebbakias. Des rêves turcs. Des regrets casaouis. Des projets rbatis. Wait, non, des rêves rbatis, inculqués au karcher, frottés au Mr Propre, avalés comme un médicament. Ma sitcom personnelle au Maroc, en saison 4.
Mon retour, c'est d'abord l'attente du train dans cette charmante gare de Skhirat. L'été lui a été bénéfique puisqu'elle a été repeinte à la chaux. Mais personne n'a pensé au "côté jardin". Tous les jours, un peu plus de Raibi Jamilas et de bouteilles de soda jonchent la semi-pelouse bordant les quais.
Une fois à l'intérieur du train, le seul mot qui me vient à l'esprit est tze3lik, tant les tablettes sont grasseuses, les vitres embuées et les repose-tête absolument dégueulasses. Cette semaine, le train s'est -longtemps- arrêté à Bouznika, sans aucune explication, jusqu'à ce qu'un autre train quinquagénaire se gare sur l'autre voie. Les deux jeunes assis derrière moi ont emmené avec eux "leurs" coussins. Comme quoi, il n'y a peut-être que moi que ça dégoûte.
Taximan n°1 a toujours des coussins crasseux.
Taximan n°2 crache par la fenêtre.
Taximan n°3 se cure le nez pendant tout le trajet.
Commissariat n°5 flambant neuf.
Policier n°1 fait une boulette d'un brouillon de dossier et le jette par terre. Pas de poubelle en vue dans tout le bâtiment.
Policier n°2 parle au vieux monsieur qui-va-crever-sur-place comme s'il parlait à un rat domestique.
Policier n°3 essuie ses mains et celles du vieux monsieur de l'encre à empreintes digitales avec du papier bulle et en fait une énorme boulette qui rejoindra les autres bouboules.
Un trajet. Des trajets. Une foule qui se bouscule en continu. Une galaxie de hamsters endormis, comme moi. Les trois palmiers frères de Mohammédia. Un soleil de plomb et une soif en acier. Une tribu d'inconnus et de connus qui ne prennent jamais de douche. L'usine Cicalim et son odeur infecte. Un communiqué royal. Un chien qui dort. Un chat qui m'attend à 2h du mat. Un départ, des départs, vous en avez de la chance. Un passeport confisqué. Un champ de tournesols calcinés. Tes yeux. Des abeilles qui épousent des chebbakias. Des rêves turcs. Des regrets casaouis. Des projets rbatis. Wait, non, des rêves rbatis, inculqués au karcher, frottés au Mr Propre, avalés comme un médicament. Ma sitcom personnelle au Maroc, en saison 4.
Sunday, July 26, 2009
Eté 2009
J'ai rencontré une nouvelle forme de solitude et franchement, je m'en serais bien passée.
Je pensais toutes les connaître mais cette garce m'a eue, même si je m'étais bien préparée. Je te l'avais dit en rigolant, je riais jaune.
Tout est dépeuplé, c'est d'un pathétique cuisant. Cheb Abbas, après Lamartine, a su nuancer ces terribles sentiments de désarroi.
Les départs, les nôtres, sont libérateurs. Les départs des autres (pas pour l'au-delà cela dit) sont castrateurs. C'est ainsi que je le ressens. Ces drames superflus sont le propre de cette idiote invention appelée "vacances".
Alors, on se console comme on peut. J'ai décidé de partir à la découverte de mes proches, pour changer. J'ai commencé aujourd'hui par ce que j'appelle mes "petits cousins", c'est-à-dire des gens dont on se rappelle du jour de naissance, qui ont grandi devant nous et qui sont devenus ces êtres musclés, poilus, avec un permis de conduire et bientôt des revenus.
L'un d'entre eux, Mohamed, est mon préféré d'entre tous. Depuis sa naissance. C'est la douceur et l'altruisme incarnés (triplés d'une bogossitude somme toute familiale, n'est-ce pas). Je suis convaincue qu'on ne change pas au cours des années. La bonhomie est dispersée à parts inégales à la naissance. Il a raflé toutes nos parts. Je le vois, en marchant à côté de lui sur une plage bondée. Mohamed avec sa silhouette carrée et ses yeux verts, piqués dans Adobe Photoshop, j'en suis convaincue. J'avais moi-même oublié qu'il n'était plus un bébé. On a parlé comme des adultes et, l'espace d'un moment, j'avais oublié le remaniement, pour quelque chose de moins dramatique.
Et s'il rigole de me voir à la télé, je suis toute émotionnée de le voir prendre un chemin qu'il a dessiné lui-même. Il devait devenir médecin, comme sa mère. Ou ingénieur. "Ah oui, télécom c'est très bien". Y a pas mille métiers respectables pour un Benmachin, n'est ce pas. Et puis finalement, non. Il claquera des portes, sèchera des cours, traînera, se disputera, persévèrera pour devenir chef pâtissier. L'affront. Il a trouvé sa voie, dans la frénésie de l'atelier, dans sa solitude à lui face au pétrin. Je l'ai presque envié pour cette sérénité, que je cherche toujours.
Je pensais toutes les connaître mais cette garce m'a eue, même si je m'étais bien préparée. Je te l'avais dit en rigolant, je riais jaune.
Tout est dépeuplé, c'est d'un pathétique cuisant. Cheb Abbas, après Lamartine, a su nuancer ces terribles sentiments de désarroi.
Les départs, les nôtres, sont libérateurs. Les départs des autres (pas pour l'au-delà cela dit) sont castrateurs. C'est ainsi que je le ressens. Ces drames superflus sont le propre de cette idiote invention appelée "vacances".
Alors, on se console comme on peut. J'ai décidé de partir à la découverte de mes proches, pour changer. J'ai commencé aujourd'hui par ce que j'appelle mes "petits cousins", c'est-à-dire des gens dont on se rappelle du jour de naissance, qui ont grandi devant nous et qui sont devenus ces êtres musclés, poilus, avec un permis de conduire et bientôt des revenus.
L'un d'entre eux, Mohamed, est mon préféré d'entre tous. Depuis sa naissance. C'est la douceur et l'altruisme incarnés (triplés d'une bogossitude somme toute familiale, n'est-ce pas). Je suis convaincue qu'on ne change pas au cours des années. La bonhomie est dispersée à parts inégales à la naissance. Il a raflé toutes nos parts. Je le vois, en marchant à côté de lui sur une plage bondée. Mohamed avec sa silhouette carrée et ses yeux verts, piqués dans Adobe Photoshop, j'en suis convaincue. J'avais moi-même oublié qu'il n'était plus un bébé. On a parlé comme des adultes et, l'espace d'un moment, j'avais oublié le remaniement, pour quelque chose de moins dramatique.
Et s'il rigole de me voir à la télé, je suis toute émotionnée de le voir prendre un chemin qu'il a dessiné lui-même. Il devait devenir médecin, comme sa mère. Ou ingénieur. "Ah oui, télécom c'est très bien". Y a pas mille métiers respectables pour un Benmachin, n'est ce pas. Et puis finalement, non. Il claquera des portes, sèchera des cours, traînera, se disputera, persévèrera pour devenir chef pâtissier. L'affront. Il a trouvé sa voie, dans la frénésie de l'atelier, dans sa solitude à lui face au pétrin. Je l'ai presque envié pour cette sérénité, que je cherche toujours.
Friday, June 12, 2009
Thursday, June 11, 2009
Minuit moins 15, 12 juin
Ce n'est pas pour rien que j'ai mis sur mon status facebook que j'étais "diving into elections shit". Doux euphémisme. Je sais que la réserve journalistique doit primer, ce n'est qu'un blog. Je ne peux pas pointer doigts et orteils vers le 1 trillion de choses qui ne vont pas. Il faut dire: c'est moi qui ai insisté pour couvrir les élections alors que tout le monde, ou presque, m'en dissuadait. Je crois que je dois étrangler à jamais mon côté d'irréductible optimisme (sous des tonnes de cynisme) qui prend toujours le dessus. Car, que de déceptions! J'essaierai d'y revenir sous une infinité de couverts d'anonymat. Mais entre les hystériques, les sauvages, les hysétriques, les sauvages, les corrupteurs déclarés, les sauvages, les incompétents, les hystériques, les analphabètes de la vie, les sauvages, les bookmakers des élections et le reste, mon optimisme ferait bien d'aller mettre un bon niqab.
Tuesday, June 02, 2009
Sunday, May 31, 2009
Hirondelles
J'ai rencontré la sérénité aujourdhui,quelque part sur la côte tangeroise,côté océan bien entendu. J'ai rencontré la sérénité,sans warning sign. Étrangement,elle parlait espagnol. D'instinct,je lui souris. Il s'agissait de ne pas rater la rencontre. Le vent était l'invite surprise,personne n'est parfait. Ici c'est le bout du monde et l'occasion méritait plus qu'une brise.
J'ai ôté mes plateformes de 15 centimètres pour être à la hauteur de la situation. Mon coeur était tous ces bateaux à la fois qui prenaient le large. Ma rage,elle,amerrissait lentement. Je la laissai dans la voiture.
Un cheval,au loin. Une aire de repos familière. Des souvenirs de rien. Des tournesols à perte de vue. Des pouces qui me disent des choses. une table de ping pong. Une maquette d'airbus. Je m'oublie,un temps.
Au placard,toutes les abjections de soi. Pas le temps.
J'ai ôté mes plateformes de 15 centimètres pour être à la hauteur de la situation. Mon coeur était tous ces bateaux à la fois qui prenaient le large. Ma rage,elle,amerrissait lentement. Je la laissai dans la voiture.
Un cheval,au loin. Une aire de repos familière. Des souvenirs de rien. Des tournesols à perte de vue. Des pouces qui me disent des choses. une table de ping pong. Une maquette d'airbus. Je m'oublie,un temps.
Au placard,toutes les abjections de soi. Pas le temps.
Thursday, May 21, 2009
Esperarte
L'aéroport, tous les aéroports, agissent sur moi comme un oignon géant.
C'est simple: une fois dans le lobby des arrivées, je m'empêche de regarder les gens. Je trace, poussant mon chariot, scannant l'entourage, à la recherche de la figure aimée qui m'attend.
Mais cette fois-ci, je me suis faite avoir: c'était moi qui attendais.
Je déteste ce rôle. Mais je n'avais pas le choix. Alors, pendant une heure, me voilà à scruter la porte automatique d'où sortent à tour de rôle des jeunes, des vieux, des obèses, des rachitiques, des chauves, des ninjas, des pélerins, etc.
Les pélerins sont ma catégorie préférée bien entendu. Pour les accueillir, non pas un, deux, mais au moins dix personnes. Lorsqu'ils arrivent, comme des anges éclatants, le corps fatigué, l'âme apaisée, l'auréole presque tamponnée sur le visage, c'est une distribution gratuite de baraka dans l'aérogare. J'idéalise, ne m'en voulez pas. Images des grands-parents incrustées à vie. Leur odeur aussi.
Le temps passe. Un gosse me tourne autour. Enfin, ils sont deux. L'un est tout petit, mignon, la coupe de cheveux d'une pub pour shampoing. Son frère est plus âgé, plutôt laid, porte des lunettes. Une injustice par famille est déjà insupportable. Mais lorsque le petit récolte tous les câlins paternels, c'est criminel.
Les familles éclatées provoquent des larmes immédiates. La jeune maman courant vers son bébé m'a assassinée à bout portant. Depuis combien de temps ne l'a-t-elle pas vu? Peut-être une heure. Peut-être trois jours, un mois. Qu'importe. Une séparation est une séparation.
La vue de ces êtres dont tout était dépeuplé jusqu'à ce triste hall m'achève. Comme une émission de société qui déshabille les misères des uns et des autres et dont certains se saoûlent à longueur de journée, ce sont autant de tranches de vie recomposées dans trente mètres carrés.
Le temps passe. On guette une ombre, une valise rose qu'on aperçoit lorsque la porte automatique s'écarte pour un policier, une file au loin. L'être aimé est toujours dans les intestins de la bête. Les êtres aimés des uns et des autres arrivent. Et lorsqu'ils sont là, plus rien ne compte, ni le ridicule des cris, des gestes, ni l'état de fatigue, les cheveux emmêlés, le mascara qui coule. Et ces retrouvailles toutes pudiques tricotées au silence, ces enlacements puissants mais courts, donnent toute leur valeur à ces attentes individuelles pénibles et libératrices. Que moi-même, j'ai connu.
C'est simple: une fois dans le lobby des arrivées, je m'empêche de regarder les gens. Je trace, poussant mon chariot, scannant l'entourage, à la recherche de la figure aimée qui m'attend.
Mais cette fois-ci, je me suis faite avoir: c'était moi qui attendais.
Je déteste ce rôle. Mais je n'avais pas le choix. Alors, pendant une heure, me voilà à scruter la porte automatique d'où sortent à tour de rôle des jeunes, des vieux, des obèses, des rachitiques, des chauves, des ninjas, des pélerins, etc.
Les pélerins sont ma catégorie préférée bien entendu. Pour les accueillir, non pas un, deux, mais au moins dix personnes. Lorsqu'ils arrivent, comme des anges éclatants, le corps fatigué, l'âme apaisée, l'auréole presque tamponnée sur le visage, c'est une distribution gratuite de baraka dans l'aérogare. J'idéalise, ne m'en voulez pas. Images des grands-parents incrustées à vie. Leur odeur aussi.
Le temps passe. Un gosse me tourne autour. Enfin, ils sont deux. L'un est tout petit, mignon, la coupe de cheveux d'une pub pour shampoing. Son frère est plus âgé, plutôt laid, porte des lunettes. Une injustice par famille est déjà insupportable. Mais lorsque le petit récolte tous les câlins paternels, c'est criminel.
Les familles éclatées provoquent des larmes immédiates. La jeune maman courant vers son bébé m'a assassinée à bout portant. Depuis combien de temps ne l'a-t-elle pas vu? Peut-être une heure. Peut-être trois jours, un mois. Qu'importe. Une séparation est une séparation.
La vue de ces êtres dont tout était dépeuplé jusqu'à ce triste hall m'achève. Comme une émission de société qui déshabille les misères des uns et des autres et dont certains se saoûlent à longueur de journée, ce sont autant de tranches de vie recomposées dans trente mètres carrés.
Le temps passe. On guette une ombre, une valise rose qu'on aperçoit lorsque la porte automatique s'écarte pour un policier, une file au loin. L'être aimé est toujours dans les intestins de la bête. Les êtres aimés des uns et des autres arrivent. Et lorsqu'ils sont là, plus rien ne compte, ni le ridicule des cris, des gestes, ni l'état de fatigue, les cheveux emmêlés, le mascara qui coule. Et ces retrouvailles toutes pudiques tricotées au silence, ces enlacements puissants mais courts, donnent toute leur valeur à ces attentes individuelles pénibles et libératrices. Que moi-même, j'ai connu.
Wednesday, May 20, 2009
Tuesday, May 12, 2009
Effractions
Tous les jours, je vais m'asseoir à la terrasse de la maison qui n'est pas la mienne.
Je la désire de toute mon âme. Même si je le voulais, je n'en aurais pas imaginé une aussi jolie.
C'était un coup de coeur. Ca l'est toujours. Un amour d'enfance ne s'éteint pas devant mille aventures de feu. Alors j'attends que vienne le moment de me consumer entre ses murs. J'attends, ça viendra. Un amour ne s'efface pas, tout court.
Tous les jours, je regarde à droite, à gauche, traverse la rue, tends une main sûre vers la serrure du portillon, comme un amant vers le bouton de sa rose. C'est ma délivrance que j'inaugure. Je traverse le garage, mes pieds ne touchant pas terre, la bouche ouverte, pour faire entrer deux fois plus d'air: celui qui rajoute des secondes à ma vie; j'en suis convaincue.
La terrasse est mon point faible, le moteur de tous mes fantasmes. Dangereusement hallucinogène. Je vois des transats blancs. Je caresse un labrador sable imaginaire. Je sirote une citronnade qui n'existe que dans ma tête (j'en salive). Je planifie une sieste dans mon hamac du Costa Rica. Car ma terrasse a un arbre qui date de mes rêves, donc vieux. Je réfléchis à repeindre, satanée humidité. Je songe au prochain barbecue. Je m'oublie dans la vue, qui a été inventée dans cet objectif: faire des secondes des années, des siècles de dialogue ininterrompu avec mes soeurs les vagues. Aussi chevelues que moi, juste plus courageuses pour se cogner la cabesita contre de bien durs rochers. Je vois un bonheur justifié par ce toit rouge comme ma rage. Une khayma pour une pèlerine en soif d'aires de repos sur une autoroute sans panneaux. Une pelouse qu'on envie à des imbéciles aveugles, puisqu'ils ne voient pas que leur bonheur est juste là, dans un pré bleu-gris, où je me noie à déraison.
Je la désire de toute mon âme. Même si je le voulais, je n'en aurais pas imaginé une aussi jolie.
C'était un coup de coeur. Ca l'est toujours. Un amour d'enfance ne s'éteint pas devant mille aventures de feu. Alors j'attends que vienne le moment de me consumer entre ses murs. J'attends, ça viendra. Un amour ne s'efface pas, tout court.
Tous les jours, je regarde à droite, à gauche, traverse la rue, tends une main sûre vers la serrure du portillon, comme un amant vers le bouton de sa rose. C'est ma délivrance que j'inaugure. Je traverse le garage, mes pieds ne touchant pas terre, la bouche ouverte, pour faire entrer deux fois plus d'air: celui qui rajoute des secondes à ma vie; j'en suis convaincue.
La terrasse est mon point faible, le moteur de tous mes fantasmes. Dangereusement hallucinogène. Je vois des transats blancs. Je caresse un labrador sable imaginaire. Je sirote une citronnade qui n'existe que dans ma tête (j'en salive). Je planifie une sieste dans mon hamac du Costa Rica. Car ma terrasse a un arbre qui date de mes rêves, donc vieux. Je réfléchis à repeindre, satanée humidité. Je songe au prochain barbecue. Je m'oublie dans la vue, qui a été inventée dans cet objectif: faire des secondes des années, des siècles de dialogue ininterrompu avec mes soeurs les vagues. Aussi chevelues que moi, juste plus courageuses pour se cogner la cabesita contre de bien durs rochers. Je vois un bonheur justifié par ce toit rouge comme ma rage. Une khayma pour une pèlerine en soif d'aires de repos sur une autoroute sans panneaux. Une pelouse qu'on envie à des imbéciles aveugles, puisqu'ils ne voient pas que leur bonheur est juste là, dans un pré bleu-gris, où je me noie à déraison.
Tuesday, April 14, 2009
Mix-ups
Comme certains de mes amis le savent, un de mes hobbies est de faire rencontrer différentes personnes de mon entourage immense et infini. Je parle généralement de personnes de sexe opposé. Oui, accoupler peut correspondre comme mot. Ceux qui auront vu la première saison de L world comprendront.
Alors qu'est ce que ça donne?
Ben H. l'ingénieure de service à la fois carrée et créative irait bien avec Y. l'associatif chevronné.
Ou H. le commercial talentueux plairait à N. la notaire sensible.
Et ainsi de suite..
Encore faut-il que la chose se passe naturellement et que les deux victimes de mes plans machiavéliques ne s'aperçoivent pas de mes combines. Et encore faut-il que mon fabuleux emploi du temps me permette de voir du monde. Et même en ne sachant pas si ça va coller ou pas, on essaie, tout bonnement. Si ça colle, commence l'agréable phase des sourires débiles, d'interprétation philologique approfondie des sms, du décryptage des ondes de sa voix, de la mémorisation de sa paire de converses préférée, de découverte de ses phobies, de ses talents culinaires, de sa potentielle capacité à nous impressionner, ilkh, ilkh...Ainsi va-t-il de l'amitié. Cette semaine, le boulot a été l'occasion de magnifiques retrouvailles dignes d'Al khayt al abyad. C'était aussi la semaine rencontres. Le lieu: les abattoirs de Casa, plus connus sous le nom de "lbtoir". Les protagonistes: des citoyens du mouvement "nayda" (auquel je n'adhère pas, mais ce n'est pas le propos). En courant dans tous les sens, on croise d'autres esclaves courant dans l'autre sens. En une fraction de seconde, tout est dit. J'appelle ça: l'imti7ane du eye contact. Ca passe ou ça casse, n'est-ce pas?
J'aime votre petite coupe vivace, votre sourire rayonnant, votre boléro rouge, je m'extasie devant votre installation, votre motivation, votre sens de la communication. J'éclate de rire à votre sens de l'humour. Vous me reprochez ma blasé attitude. On s'amourache d'un appareil photo. On se rejoint sur NY. On se re-quitte, on se re-retrouve. On partage un fruit, trois tofitas, un red bull pour tenir. Cette curiosité pour des gens qu'on ne connaît pas, je trouve ça d'une beauté, d'un frais, d'un joyeux qui boombastic le coeur. Le mien en tous cas. Lassé d'amitiés perdues, assassinées, il retrouve, là où il ne l'attendait pas, l'adrénaline dont il avait besoin.
Saturday, April 11, 2009
Expériences In-thé-rdites
L'artiste n'avait pas besoin de questions. A peine a-t-il su que la caméra était pointée sur lui qu'il se mit à nous expliquer son œuvre. C'est un travail de longue haleine, nous avons compris. C'est l'aboutissement d'une longue réflexion, le partage, le symbolique, la paix, conjugués à ce lieu magique, que dis-je, extraordinaire. Une véritable muse. Cet homme moustachu si aimable est un passionné, nous n'en doutons pas une seconde. Il a exposé partout. Il est connu pour son travail avec et sur le thé. A toutes les sauces il l'a exposé et ce n'est pas fini. Car justement aujourd'hui, c'est une installation particulière qu'il nous propose. Avec un miroir recouvert partiellement sur les bords d'une couche de thé vert. Alors que l'artiste monologue, mes yeux sont attirés par son assistant, un homme de son âge, tout aussi moustachu, ouvrant avec un cutter les boites de thé au fur et à mesure. Surtout, il est dans l'incompréhension totale de cette idée saugrenue d'éparpiller du thé vert sur un miroir. Mais ce n'est pas à lui de juger. Alors, pendant des heures, ce pauvre gars a patiemment ouvert 200 paquets de thé dont il a vu le contenu se disperser devant ses yeux par terre pour l'amour de l'art. Nous avons pu lui parler par la suite loin des oreilles indiscrètes. Tant de berrad d'atay de gâchés...Il en a le coeur tout retourné le pauvre. Un peu comme le banquier qui passe ses journées à compter des liasses de billets. Quelque chose me dit que l'installation ne restera pas intacte longtemps!
Friday, April 10, 2009
Thursday, April 09, 2009
Le génocide des mimosas
On revenait de la pause-déj en "restau d'entreprise". Il était environ 1415. Soleil de plomb. Trop de soude dans l'estomac et aucune envie de digérer à courir après les "personnages principaux". Toujours est-il. Arrivés au bout de la rue de "l'endroit", la foule saute aux yeux. C'est un incendie, je dis. Non, une bagarre, il dit. Sûrement un accident, lance l'autre. L'autre a souvent raison. C'était hélas le cas cette fois encore. Impossible de traverser la foule compacte en voiture. On descend. Dans ma curiosité parfois inutile, je me fraie un chemin entre ados boutonneux et adultes hystériques. L'accident: 6 jeunes dans une bagnole de location. Deux garçons à l'avant, quatre filles derrière. Le conducteur -en état d'ébriété nous a-t-on dit- roulait bien trop vite (120 nous a-t-on assuré). Il a voulu doubler à droite et n'avait pas prévu une semi-remorque garée en face. La voiture a fini sous le camion. Je répète: SOUS.
Sur le coup, une fille est morte. Je revois ses cheveux qui pendaient. Et sa main tendue à je ne sais quoi. Elle est restée coincée dans la voiture. Les pompiers ont du scier la tôle pour la faire sortir.
Les autres passagers ont été évacués par les témoins de l'accident. Tous saignaient. Le garçon du siège passager avait la veine jugulaire coupée. Il est mort quelque temps après, suivi par une seconde fille puis la troisième. Miracle: l'ambulance n'a pas mis cinq minutes à arriver. Le secteur a été quadrillé en un temps record. Les curieux augmentaient à la seconde. J'ai toujours cette impression que les Marocains sont avides de sang.
Que foutaient 4 filles (adolescentes) à l'arrière de cette voiture de location? Où allaient-elles? Qui étaient-elles? Dix milliards de questions fourmillaient dans ma tête alors que je regardais le bain de sang s'écouler dans le caniveau. Mon cameraman est anté par les images de la cervelle de la dernière fille que je n'ai pas pu subir.
Les gars de la protection civile ont longtemps fait couler l'eau pour faire disparaître les traces de sang. Notre OPS a dit: "c'est pour éviter que des femmes récupèrent le sang pour de la magie noire". Ma nausée n'a pas disparu depuis. La route tue. Des êtres dans la fleur de l'âge. Et des fleurs tout court.
Un jour, ils ont érigé une tente caïdale sur les abords de la ceinture verte de Rabat. C'était pour l'inauguration de la "troisième voie". Celle de l'autoroute s'entend. Ô joie. Quelqu'un s'est rendu compte que deux lanes de Rabat à Casa équivalait en heure de pointe, c'est-à-dire tout le temps, à une crise de nerfs automatique pour les navettistes. Ils ont choisi l'extension de la route par le milieu. Des hommes ont brisé les branches, énergétiquement. Des femmes les récupéraient parois, sûrement pour le chauffage. Maintenant, les trax ratissent les leurs par brassées tous les jours.
Si impatiente que je suis de voir la route s'élargir, je suis attristée par la vue de ces tonnes de mimosas fauchés -si j'ose dire- pour une carrière de fumier. Sur ma route solitaire désormais, un océan de béton et juste des souvenirs de mimosas.
Sur le coup, une fille est morte. Je revois ses cheveux qui pendaient. Et sa main tendue à je ne sais quoi. Elle est restée coincée dans la voiture. Les pompiers ont du scier la tôle pour la faire sortir.
Les autres passagers ont été évacués par les témoins de l'accident. Tous saignaient. Le garçon du siège passager avait la veine jugulaire coupée. Il est mort quelque temps après, suivi par une seconde fille puis la troisième. Miracle: l'ambulance n'a pas mis cinq minutes à arriver. Le secteur a été quadrillé en un temps record. Les curieux augmentaient à la seconde. J'ai toujours cette impression que les Marocains sont avides de sang.
Que foutaient 4 filles (adolescentes) à l'arrière de cette voiture de location? Où allaient-elles? Qui étaient-elles? Dix milliards de questions fourmillaient dans ma tête alors que je regardais le bain de sang s'écouler dans le caniveau. Mon cameraman est anté par les images de la cervelle de la dernière fille que je n'ai pas pu subir.
Les gars de la protection civile ont longtemps fait couler l'eau pour faire disparaître les traces de sang. Notre OPS a dit: "c'est pour éviter que des femmes récupèrent le sang pour de la magie noire". Ma nausée n'a pas disparu depuis. La route tue. Des êtres dans la fleur de l'âge. Et des fleurs tout court.
Un jour, ils ont érigé une tente caïdale sur les abords de la ceinture verte de Rabat. C'était pour l'inauguration de la "troisième voie". Celle de l'autoroute s'entend. Ô joie. Quelqu'un s'est rendu compte que deux lanes de Rabat à Casa équivalait en heure de pointe, c'est-à-dire tout le temps, à une crise de nerfs automatique pour les navettistes. Ils ont choisi l'extension de la route par le milieu. Des hommes ont brisé les branches, énergétiquement. Des femmes les récupéraient parois, sûrement pour le chauffage. Maintenant, les trax ratissent les leurs par brassées tous les jours.
Si impatiente que je suis de voir la route s'élargir, je suis attristée par la vue de ces tonnes de mimosas fauchés -si j'ose dire- pour une carrière de fumier. Sur ma route solitaire désormais, un océan de béton et juste des souvenirs de mimosas.
Saturday, February 28, 2009
Atlantide
C'est la faute à Jesus. La faute à Jesus si un weekend qui s'annonçait paisible et reposant s'est transformé en un véritable cauchemar. La faute à Jesus si je suis anéantie, à ce moment bien précis. Je lui en veux, terriblement.
Tout a commencé par sa négligence. "Je suis désolé", il a dit, inconscient de l'ampleur du désastre. Car c'est un véritable désastre. Tout ce qui m'est précieux (qui ne soit pas des habits hein :) ) englouti par les eaux. Mes correspondances, mes journaux intimes et surtout mes photos, celles de toute une vie. Par miracle, l'album de mes premières années a été épargné. Mais les centaines, les milliers de clichés de mes vies précédentes, de mes proches, de mes amis, mes voyages, mes rencontres avec des personnalités, tout, tout, est devenu un amas de feuilles blanches cartonnées avec des gribouillis de couleurs qui collent aux doigts par dessus.
Alors, toute la journée, assise par terre, courbée, hésitante, terrassée par la vision horrible de tetes sans bouches, de corps sans bras, des visions de personnes défigurées par l'humidité, j'ai essayé de séparer les photos désormais collées l'une à l'autre. Quand je découvre un semblant de photo, je mets tout de suite de coté en rendant grace au seigneur.
Un polaroid représentant mes grands-parents à la Mecque ne représente plus rien du tout maintenant. Mon séjour à Strasbourg n'est prouvé que par deux photos aujourd'hui. Et un relevé de notes qui sèche dans la cuisine, au moment où j'écris. Je n'arrive plus à déchiffrer ce qu'il y a d'écrit dans mes journaux intimes, tant l'écriture est diluée. Et mes lettres reçues, on dirait qu'elles ont été écrites à l'encre indélébile. Des pages blanches...
Pourquoi s'attache-t-on tant à ces choses-là? Pourquoi ma vie a-t-elle besoin de ces photos pour se justifier? Je m'en veux d'etre aussi sentimentale. Mais je m'en veux encore plus de ne pas avoir laissé ces choses près de moi et de les avoir confiées à ce satané Jesus.
En fightant le haut-le-coeur qui me prit, j'ai du jeter des dizaines de lettres, de Marie, de Hajar, d'Hélo, de Hanaa, j'ai égoutté des cartes postales de Fadwa (du temps où un trip à Tanger était digne d'une carte postale ^^), de Merouane, de Ji, d'Ahmed, d'Imad, d'un de mes professeurs, de mes frères, des petits mots d'Oussama, de Mehdi, de Tarik, d'Abdessamad, des fotos de légende avec mes inséparables (Fadoua, Bilal, Khalid, Driss), des preuves d'amour de Washington, de Malaisie, de Hawaii, de Kabul, de Rome, de Dubai, d'Ohio, du Mexique, d'Ifrane, de Shanghai, de New-York. Des petites enveloppes bleues ou jaunes avec "à sa majesté" ou "to the birthday girl" écrits dessus. Des kilos de papier sont devenus de la pate à modeler. Et moi de retenir des petites larmes. J'aurais appris ma leçon cette fois. Mon prochain achat sera un scanner Xerox, c'est décidé. Pour pas perdre à jamais la trace de mes films quotidiens.
Tout a commencé par sa négligence. "Je suis désolé", il a dit, inconscient de l'ampleur du désastre. Car c'est un véritable désastre. Tout ce qui m'est précieux (qui ne soit pas des habits hein :) ) englouti par les eaux. Mes correspondances, mes journaux intimes et surtout mes photos, celles de toute une vie. Par miracle, l'album de mes premières années a été épargné. Mais les centaines, les milliers de clichés de mes vies précédentes, de mes proches, de mes amis, mes voyages, mes rencontres avec des personnalités, tout, tout, est devenu un amas de feuilles blanches cartonnées avec des gribouillis de couleurs qui collent aux doigts par dessus.
Alors, toute la journée, assise par terre, courbée, hésitante, terrassée par la vision horrible de tetes sans bouches, de corps sans bras, des visions de personnes défigurées par l'humidité, j'ai essayé de séparer les photos désormais collées l'une à l'autre. Quand je découvre un semblant de photo, je mets tout de suite de coté en rendant grace au seigneur.
Un polaroid représentant mes grands-parents à la Mecque ne représente plus rien du tout maintenant. Mon séjour à Strasbourg n'est prouvé que par deux photos aujourd'hui. Et un relevé de notes qui sèche dans la cuisine, au moment où j'écris. Je n'arrive plus à déchiffrer ce qu'il y a d'écrit dans mes journaux intimes, tant l'écriture est diluée. Et mes lettres reçues, on dirait qu'elles ont été écrites à l'encre indélébile. Des pages blanches...
Pourquoi s'attache-t-on tant à ces choses-là? Pourquoi ma vie a-t-elle besoin de ces photos pour se justifier? Je m'en veux d'etre aussi sentimentale. Mais je m'en veux encore plus de ne pas avoir laissé ces choses près de moi et de les avoir confiées à ce satané Jesus.
En fightant le haut-le-coeur qui me prit, j'ai du jeter des dizaines de lettres, de Marie, de Hajar, d'Hélo, de Hanaa, j'ai égoutté des cartes postales de Fadwa (du temps où un trip à Tanger était digne d'une carte postale ^^), de Merouane, de Ji, d'Ahmed, d'Imad, d'un de mes professeurs, de mes frères, des petits mots d'Oussama, de Mehdi, de Tarik, d'Abdessamad, des fotos de légende avec mes inséparables (Fadoua, Bilal, Khalid, Driss), des preuves d'amour de Washington, de Malaisie, de Hawaii, de Kabul, de Rome, de Dubai, d'Ohio, du Mexique, d'Ifrane, de Shanghai, de New-York. Des petites enveloppes bleues ou jaunes avec "à sa majesté" ou "to the birthday girl" écrits dessus. Des kilos de papier sont devenus de la pate à modeler. Et moi de retenir des petites larmes. J'aurais appris ma leçon cette fois. Mon prochain achat sera un scanner Xerox, c'est décidé. Pour pas perdre à jamais la trace de mes films quotidiens.
Monday, February 23, 2009
Berkeley rules!
Non, je reviendrai pas sur Slumdog, sur Hugh, sur la barbe de Brad Pitt, sur l'élégance ronde de Kate Winslet et la classe indescriptible de Sean Penn, ni sur les yeux d'Angelina. Moi je veux vous dire que dans le palmarès figure une certaine Megan Mylan qui a fait la même école que moi et qui a remporté l'oscar du meilleur documentaire. Si c'est pas beau (et déprimant) tout ça.
La baghia la...
Immense nouvelle (refroidie depuis, cela dit) : Ni pute Ni soumise ouvre son antenne au Maroc. C'est Florence Beaugé qui nous le dit dans les colonnes de Le Monde. Qui sont les polytechniciennes en question, qu'est-ce qu'elles ont l'intention de faire au Maroc, avec quels moyens, pourquoi? Aucune trace d'aucune réponse.
Comme si c'était une actualité qui méritait un article dans Le Monde...
Comme si c'était une actualité qui méritait un article dans Le Monde...
Sunday, February 22, 2009
Face-Off
C'était en octobre 2005. Je reçois un email d'un ami marocain de la Silicon Valley qui est depuis rentré au Maroc occuper de "hautes fonctions". Il me parle d'une station télé qui se lance dans l'état de NY. Une chaîne en anglais dédiée au muslim lifestyle, lancée par des musulmans qui ne connaissent pas vraiment le monde des médias, mais qui veulent donner aux Américains une autre idée des musulmans. "On est de bons vivants, on aime la musique, bien s'habiller, partir en pique-nique, traîner dans les malls, lire des livres, sourire, on est normaux!". La chaîne avait besoin de toutes les bonnes volontés, plus encore lorsqu'elles se destinent à une carrière en journalisme. Douce musique à mes oreilles, moi qui étais empêtrée plus que jamais dans mes colères à l'égard de mes collègues et amis "occidentaux" et "extreme-orientaux" qui pigeaient pas que j'avais pas du reconstituer ma garde-robe une fois aux US, que c'était vraiment comme ça que je m'habillais, là-bas dans le Middle-East (?) et surtout avec qui j'étais en désaccord complet et total à chaque discussion politique. Bref, y avait une éducation à refaire et participer à Bridges TV (c'était le nom de la nouvelle chaine) me semblait un premier pas minuscule mais nécessaire.
Après quelques emails échangés avec Hassan Muzammil et sa femme Aasiya Zubair, les deux co-fondateurs, le deal est scellé. Je serais "correspondante" dans la Bay Area (région de San Francisco) et je couvrirais les événements locaux par téléphone. Le travail était, bien entendu, plus proche du bénévolat qu'autre chose. Toujours est-il. C'était la période où 3 heures de sommeil étaient suffisantes à mon bonheur. Je carburais aux snacks coréens et aux doritos. Pour envoyer mes correspondances à l'heure de la cote Est, c'était la frénésie la nuit, pour essayer de pas faire trop d'erreurs d'anglais (c'était raté mais bon...). Je ne sais pas combien de correspondances j'ai réellement faites mais le contact a fini par se perdre, moi devant bouger de plus en plus souvent pour mes reportages, etc. Toujours est-il que j'étais convaincue que c'était d'abord à travers les médias -Bridges TV comme exemple- que nous pouvions donner une autre image des Muslims des US.
Ce matin, sippant mon earl gray et relisant les articles de la semaine que j'avais vus en diagonale, je tombe sur cet article de mon amie Fadoua à D.C. J'ai cru halluciner lorsque je lus que Hassan Muzammil, le fondateur de Bridges TV, avait tué, que dis-je, DECAPITE sa femme, Aasiya, qui avait eu le malheur de demander le divorce. L'homme avait pour habitude de battre sa femme presque quotidiennement. Ses enfants de 4 et 6 ans aussi. Il l'a laissée gisant dans son sang dans les locaux de la station TV.
Fermement condamnée par les associations de musulmans américains, cette histoire sordide n'en est pas moins d'une tristesse déprimante.
Après quelques emails échangés avec Hassan Muzammil et sa femme Aasiya Zubair, les deux co-fondateurs, le deal est scellé. Je serais "correspondante" dans la Bay Area (région de San Francisco) et je couvrirais les événements locaux par téléphone. Le travail était, bien entendu, plus proche du bénévolat qu'autre chose. Toujours est-il. C'était la période où 3 heures de sommeil étaient suffisantes à mon bonheur. Je carburais aux snacks coréens et aux doritos. Pour envoyer mes correspondances à l'heure de la cote Est, c'était la frénésie la nuit, pour essayer de pas faire trop d'erreurs d'anglais (c'était raté mais bon...). Je ne sais pas combien de correspondances j'ai réellement faites mais le contact a fini par se perdre, moi devant bouger de plus en plus souvent pour mes reportages, etc. Toujours est-il que j'étais convaincue que c'était d'abord à travers les médias -Bridges TV comme exemple- que nous pouvions donner une autre image des Muslims des US.
Ce matin, sippant mon earl gray et relisant les articles de la semaine que j'avais vus en diagonale, je tombe sur cet article de mon amie Fadoua à D.C. J'ai cru halluciner lorsque je lus que Hassan Muzammil, le fondateur de Bridges TV, avait tué, que dis-je, DECAPITE sa femme, Aasiya, qui avait eu le malheur de demander le divorce. L'homme avait pour habitude de battre sa femme presque quotidiennement. Ses enfants de 4 et 6 ans aussi. Il l'a laissée gisant dans son sang dans les locaux de la station TV.
Fermement condamnée par les associations de musulmans américains, cette histoire sordide n'en est pas moins d'une tristesse déprimante.
هادا هو : "الفقيه اللي عولنا عليه دخل للجامع ببلغته
Thursday, February 19, 2009
Fables de la fontaine
La différence entre la première classe et la deuxième classe, c'est l'odeur. Rien d'autre.
Le début pour moi du Grand Casablanca sur l'autoroute, c'est la décharge de Mohammédia, pour laquelle on a choisi la plus jolie vallée de la région: "la vallée du bonheur", comme l'appelle ma tante. Au dessus, un éternel nuage de drôles de zoizos qui ghezzez les carcasses. La vallée du bonheur commence à puer un peu avant, puis longtemps après. Je le regrette profondément.
L'odeur, c'est la frontière invisible entre Rabat et Casa.
Quelque part entre les deux justement, Jamaica, un bidonville qui n'a de spécial que le nom. Paske pour le reste, ben, tous les bidonvilles se ressemblent. Ici, l'excentricité du moment est le tarissement de la source du coin. Pour remplir son bidon, faut migrer vers un autre bindonville, où on les fait payer 50 centimes. Une fortune. Milouda m'a dit qu'on pouvait s'accomoder de la puanteur des déchets mais pas de la soif. A un moment, une association a été créée dans le coin, Milouda a vu le bout du tunnel. La fontaine ne devait plus être loin. Mais pas pour longtemps. L'association a déposé un dossier auprès de l'INDH et le douar s'est vu assorti d'un...joli terrain de foot. Alors maintenant, nuit et jour, le ballon frappe inlassablement la tôle. A Jamaica, la jouissance du sport doit forcément vous faire oublier la nuisance polyforme.
Pour les responsables du coin, à situation illégale dommages collatéraux. Je pense que c'est une opinion à géométrie variable puisque bientôt, les communales!
Le début pour moi du Grand Casablanca sur l'autoroute, c'est la décharge de Mohammédia, pour laquelle on a choisi la plus jolie vallée de la région: "la vallée du bonheur", comme l'appelle ma tante. Au dessus, un éternel nuage de drôles de zoizos qui ghezzez les carcasses. La vallée du bonheur commence à puer un peu avant, puis longtemps après. Je le regrette profondément.
L'odeur, c'est la frontière invisible entre Rabat et Casa.
Quelque part entre les deux justement, Jamaica, un bidonville qui n'a de spécial que le nom. Paske pour le reste, ben, tous les bidonvilles se ressemblent. Ici, l'excentricité du moment est le tarissement de la source du coin. Pour remplir son bidon, faut migrer vers un autre bindonville, où on les fait payer 50 centimes. Une fortune. Milouda m'a dit qu'on pouvait s'accomoder de la puanteur des déchets mais pas de la soif. A un moment, une association a été créée dans le coin, Milouda a vu le bout du tunnel. La fontaine ne devait plus être loin. Mais pas pour longtemps. L'association a déposé un dossier auprès de l'INDH et le douar s'est vu assorti d'un...joli terrain de foot. Alors maintenant, nuit et jour, le ballon frappe inlassablement la tôle. A Jamaica, la jouissance du sport doit forcément vous faire oublier la nuisance polyforme.
Pour les responsables du coin, à situation illégale dommages collatéraux. Je pense que c'est une opinion à géométrie variable puisque bientôt, les communales!
Wednesday, February 18, 2009
Rien de grave
Le message portait seulement deux mots: come back. J'avais auparavant appris à prendre des avions, rater des avions, mais pas encore à leur courir après. J'étais déjà sur l'autoroute, la mienne, et toi, malgré ton beau passeport, tu faisais du surplace, sans le savoir. Je voyais que dalle, les yeux embués par je ne sais quoi. Une saloperie d'hiver, j'en suis persuadée. Ou simplement la nuit. Ou la vieillesse, du haut des 28 tours de piste. J'avais fait le choix du cynique, toi du comique. On n'était pas du tout drôles. Heureusement, du neuf en vue: c'est l'année du boeuf. Des cornes invisibles me tailladent déjà les côtes.
Friday, January 09, 2009
Libéralisation de l'audiovisuel: Acte II
Thursday, January 01, 2009
Ephéméride
Lorsque mon soleil est là, il éclipse les autres astres. Je t'aurais suivie où tu veux, pris tous les avions que tu aurais choisi, pour nous échapper. Toi, de tes maudits câblages traficotés, de tes doutes éoliens, de 1000 médiocrités néo-coloniales, moi de mon blues sanguin, du froid du matin, Gaza, du devis, des perspectives de joie prochaines: 2009, l'année des communales par excellence. L'année où la démocratie locale posera ses jalons grâce à une conscience collective de partis politiques résolus à nous donner le meilleur d'eux-mêmes, à travers des programmes innovants et clairs l'année où les citoyens, impeccablement recencés, voteront parce qu'ils le veulent. 2009, l'année de la véritable libéralisation audio-visuelle, consacrée par des projets audacieux, qui feront la part belle (ha!cette expression!) à l'information pertinente, au journalisme d'investigation, à la culture, aux grands films; des projets qui ouvriront les sujets importants au débat (car il n'y en a jamais assez) public, qui célébreront l'enfant par des programmes qui parlent à son intelligence; 2009, l'année où les chantiers qu'on avait prévus pour Maroc 2010 seront prêts, coupe du monde ou pas, car il faut bien qu'on avance, n'est-ce pas? 2009, l'année du neuf, hein, du désenclavement, des gosses qui vont à des écoles où les vitres ne sont pas brisées, où les profs viennent, où les toilettes ont de l'eau et des petits seaux (si, si). 2009, l'année mendiants-free! Ni aux feux rouges, ni devant les cafés, ni dans la médina, ni au cours d'une banale conversation, sous déguisement. 2009, l'année du change. C'est Obama qui l'a dit qui l'a promis. L'année où les vieux seront pris en charge et ne mourront pas de faim. 2009, l'année où j'irai à Beyrouth, où je visiterai mes amis à Jérusalem, où je ferai du sport trois fois par semaine, juré craché. 2009, l'année où le parlement n'aura jamais une seule place de parking vide. L'année où je verrai comment la moitié de mon salaire avalée par les impôts contribue à avoir des routes nickel et la benne à ordures à une distance respectable de ma porte. 2009, l'année qui a démarré avec un dirham de plus à payer au péage Rabat-Casa. 2009, l'année des grandes décisions, les miennes, les vôtres, les leurs, les leurres. Je me réjouis des rires à venir, des gens que je vais connaître, des endroits que je vais voir, des peines que je vais oublier. Demain!
Subscribe to:
Posts (Atom)