Quand est-ce que la métamorphose a eu lieu? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que lorsque je l'ai revue, elle n'était plus que l'ombre de la M. que j'avais connue: encore plus rêveuse, plus excentrique, plus inattendue que moi, en restant extrêmement douce. Elle était devenue ce que j'aborrhe: une étrangère.
Je ne suis jamais découragée par les premières minutes, il faut toujours du temps pour percer la carapace qu'on met tant de temps à se créer. Mais cette fois, il n'y avait rien sous la coquille, que du vide et des courants d'air. Elle me dit: "c'est ce qui arrive quand on retourne vivre au Maroc". J'étais horrifiée. "Pourquoi être rentrée alors? Pourquoi avoir tout lâché avant la fin?"
Elle n'a même pas d'explication, pas de justification, juste une infinie tristesse. Je la secoue, de mes deux bras. "Mais bon sang réveille-toi M.! Tu ne peux pas te faire ça!"
"Il m'a brisée Najlae, brisée".
Que répond-on à ça?
On répond pas.
On prend dans ses bras, on console, on dit que ça va passer, on encourage à reprendre foi en soi, on mouche et on craque, on colère et on se calme, on touche la joue de sa réflection dans le miroir et on dit qu'on est imbrisable.
"Ca fait déjà un an, Najlae. J'ai pris assez de temps off, je suis brisée".
Cette image horrible de la mère dans Requiem for a dream: trouver des raisons de se réveiller le matin, de faire son lit, de s'habiller, de sourire. M., secoue-toi. Ce qu'il te faut, c'est une nouvelle vie, un boulot, des responsabilités. Move on. Tellement déprimée de voir ma jumelle en fantôme de tous les jours, cheveux en bataille et agenda r'bati: Vide.
Je préfère les roses coupées aux roses fanées.
Friday, December 23, 2005
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