Thursday, January 05, 2012

Meanwhile, Elsewhere


Arnakech

Le plus grand des changements dans ma vie ces dernières années a été mon déménagement, plutôt mon emménagement à Marrakech. Le séisme dans la famille rbatie-slaouia n'a toujours pas été digéré. Chaque passage de 24 heures max à Rabat et retrouvailles occasionnelles avec parents/ connaissances donne lieu à des "alors, wellefti?" et des incontournables "quelle chance de vivre à Marrakech"! Bien entendu, les connaissances lambda me projettent clairement vivant dans un somptueux riad, avec vue sur une piscine à vagues, servie par une armée de serviteurs attentionnés et trilingues et dînant au Palais Soleiman tous les soirs. Ou alors, lorsque je précise que je vis à Guéliz, me voilà à proximité -la bienheureuse!- de Zaza, Manto et Promov, les enseignes tip top fashion, donc forcément je ne peux que savoir si les soldes ont commencé. Et bien évidemment, l'air frais, pur, unique de Marrakech, l'aspect cosmopolite black-head free des lieux chan-brés et le nombre innombrable justement de pubs, boîtes, restaurants. C'est bon de vivre dans une véritable Mecque touristique internationale et de croiser Shakira, Messi ou Carla Bruni.
Mais je suis la première à me demander pourquoi ces stars choisissent justement Marrakech pour venir passer leurs vacances.
Mis à part le soleil -et il ne s'est pas fait très doux dernièrement!- il fait de moins en moins bon de passer du temps à Marrakech. Rien que pour cette dernière année, il m'a été donné de constater une détérioration continue de l'environnement. La circulation est devenue infernale, même hors heures de pointe. L'air est par moments irrespirable tant le trafic génère de pollution. Les vélos qui faisaient le timbre spécial des rues marrakchies ont pratiquement disparu au profit de motocyclettes et scooters. Conduire à Marrakech relève du slalom olympique entre les différents obstacles. Entre ceux qui vont en sens interdit, ceux qui brûlent les feux, ceux qui dansent entre les véhicules, les agents de circulation ont baissé les bras. Et moi avec.
Pauvres touristes! Déjà qu'ils étouffent. Soudain ils sont harcelés par mille mendiants, en plein milieu d'une zone à 25.000 dirhams le mètre carré. A moins de vous faire draguer par une gamine de 14 ans surmaquillée (vu et revu). Quant à ceux qui viennent d'autres cieux habitués à avoir la priorité en tant que piétons, ils déchantent très vite. Combien d'entre eux ont failli se faire écraser par méconnaissance des us et coutumes routiers marrakchis. Et à chaque carrefour, des montagnes de détritus débordent des bennes et se jettent sur les trottoirs là où, vous, moi, essaieraient de marcher en évitant les fous du volant et les amoureux du klaxon. Mais là encore, il faut vous boucher le nez car des armées de gens pressés ont dû uriner contre de pauvres palmiers défraîchis. Par terre, des pavés qui n'auraient jamais dû être placés là suintent de saleté. Et essayez de sortir vos neveux en poussette, l'accessibilité est quasi inexistante.
Après tout, que demande-t-on, en vacances? De la propreté, des gens civilisés, des toilettes potables quand l'urgence s'en ressent. Les trois sont rarement disponibles ici. Quant au volet de la restauration, je suis ouverte à toute suggestion de restaurant dont le prix du plat ne dépasse pas les 200 dirhams et dont vous ressortez au moins satisfait. La plupart du temps, les gérants sont dans la logique du touriste "frappé jusqu'à ce qu'il saute" qui ne reviendra pas pour se plaindre de toutes façons. A moins que vous n'aimiez la bouffe, l'ambiance et le circuit de Jamâa Lafna.
Je nous souhaite une meilleure Marrakech. Pas seulement pour les touristes étrangers. Juste pour vous, moi, nous. Moins de boutiques de luxe, de riads de rêve, de DJ mondiaux. Ou si, gardons-les. Et ayons le basique, à côté.