Tuesday, October 28, 2008

Saudade

Foggy thoughts. Il faisait encore nuit lorsque mes bottes ont commencé à résonner sur Market St. C'est dans le brouillard que le district financier se réveille. Et moi avec. Je ne me sens ni étrangère ni chez moi. Et ce n'est pas pour me déplaire.
A Berkeley, il y avait du soleil et cette odeur d'eucalyptus qui vous pénètre les poumons. La library aux 9 millions d'ouvrages traînait encore en pyjama. La pelouse était d'un vert qui ne se trouve que sur photoshop. Un couple synchronisait son kata, en lenteur. L'ours-mascotte rugissait en marbre. Les bancs de mon école ont été repeints. Les portes étaient fermées. Je n'ai plus les clés. J'ai regardé par la fenêtre. Il y a une expo de photos de politiciens. Gore, Clinton (les deux), Nader, d'autres. Ca me suffit. Je ne veux rencontrer personne, surtout pas discuter dans le courtyard de ce que c'est que d'être journaliste in Morocco. Juste flâner comme l'étudiante i used to be. Envoyer des cartes postales (une, au moins). Regarder, entre deux passages de tram, ceux qui courent après leurs vies, leurs trains, leurs boulots, leurs crises. Me demander où je cours, moi.

Wednesday, October 22, 2008

Promises

Photo: Nicole

the sensitive kind

J'ai tué Vanessa. Bien malgré moi, je l'ai vue voler en éclats, en slow motion, alors que moi-même j'ai échappé au pire. Triste destin! Je voulais mieux pour elle. Qu'elle m'aide à capturer un de ces moments précieux. Ceux qu'on met en cage et auxquels on pense sur la route de la ma(d)ison en se disant que cette journée n'a pas été perdue. J'ai couru, je n'aurais pas dû. Je me suis empêchée de pleurer de douleur, j'ai gémi comme un chiot. Une tête bien dure en béton, un coude en cristal et un coeur en madeleine. Mes matériaux de construction. Et voilà que j'ai des bleus aux trois. Tu aurais dû appuyer sur le bouton rouge, le nucléaire, qui annihile les bobos. Il y eut un blanc...Des moments, il y en aura assurément d'autres, mais avec une remplaçante de Vanessa. Or Vanessa est irremplaçable. Et je ne peux m'empêcher de me demander si je suis remplaçable, moi.
Que suis-je? Qui suis-je, après tout? Tout dépend du moment où on se croise, ici-bas. Vous me rencontrez à 16, à 26, à 49. Je vous agace, je vous étonne, je vous indiffère. Je vous croise à 13, à 2, à 79 ans. Vous m'attendrissez, vous me barbez, vous me marquez de votre fer rouge. L'équation de notre rencontre, l'addition, soustraction de la chimie des personnes, selon leur degré de maturation dans la marmite de la vie, donne des résultats surprenamment différents, je dirais. Je te rencontre à 30. Tu es la perfection, avec moins de kilos et toute la passion. Que même mille Vanessa ne sauraient capturer.