Wednesday, December 10, 2008

Tuesday, December 09, 2008

Office d'Echange

Soudain le brouillard. Mon cri dans la nuit et cette odeur de brûlé. Un sourire auparavant, une princesse emmitouflée dans du rose chantait du Amr Diab dans mon rétroviseur. Un moment, je m'étais sentie utile. Comme lorsque je m'endors avec ma nièce dans la rocking chair. C'est si loin...
A présent, je regarde les chaussures d'Abdelhaq. Il aurait dû rester à Safi. Et moi, j'aurais dû regarder devant moi. Mais en ce moment, tout m'est embué, comme si Dieu me cachait mes pare-brise des yeux pour mieux chercher ma voie. Mais je n'étais pas totalement aveugle, parce que j'ai vu ton inquiétude, touchante et si enfantine, beautifully irréfléchie, comme si c'était toi qui avais besoin de moi alors. Et moi, je délégais pour mieux m'effondrer. Heureusement qu'on avait acheté deux cordes. 4 mètres chacune. C'est Anissou qui avait raison: "so fortunate in my misfortune".
L'étreinte. Il y avait trois personnes sur la plage. Les mouettes en manteaux trois-quart se faisaient la cour. Je me suis enfouie, le pif le premier, dans des excuses en bonne et due forme. C'était de loin le meilleur filet mignon du monde: le giron de l'honnêteté.
Le coup de fil. La corde a été recyclée en transatlantique. En morse, ça donnait: S.O.S. Pourquoi chercher des adverbes alors que le message peut être résumé en trois lettres? La tectonique des plaques, c'est tout de suite. Alors parlons. Avant le prochain brouillard.

Monday, December 01, 2008

Vision 2010

Entendu chez un guide moustachu parlant à son groupe de Scandinaves: "Donkey is Mercedes not expensive".

Tourisme d'hiver

Loin de l'idéal californien et plus près de la réalité quotidienne.
Une fois sur le retour, en attendant un cheeseburger bien mérité, nous nous sommes aventurées dans ce temple de la consommation qu'est le supermarché. Je rêvais de camembert et de tortilla chips. Du chocolat. Qu'importe. Qu'on se sente vivre.
Ce n'est pas de l'ingratitude pour les tajines avalés brûlants et préparés par de savantes mains, là-bas dans les montagnes, mais comme dirait l'autre, c'est une autre histoire d'amour. Ce soir-là, nos corps réclamaient du fast-food.
Nous mangeâmes en silence. Ait Abdellah n'était pas loin. Le petit Yassine trotte probablement toujours dans la maison avec ses nounours dans les bras. Il doit être le seul gosse du village à avoir des nounours. Ce n'est pas grave. J'espère seulement que les autres gosses ont des réchauds chez eux. C'est un euphémisme de dire qu'il fait froid. Pourtant, il se trouve toujours un groupe de jeunes adolescentes drapées de noir et assises contre une maison, à observer la route.
Ici, l'électricité est arrivée tard. Et grâce à des étrangers. L'eau est à la pompe. Ce qui veut dire qu'au-delà d'une certaine heure, c'est cuit mon bibi. Nous ne faisons que passer. Un jour. Peut-être deux, ou trois. Pour lhajja, ça fait quarante ans, ça s'améliore, mais elle voudrait bien bouger.
Bouger. C'est ce qu'on fait des milliers de gars de la région. Vers Casa. Marrakech. D'autres villes. Bosser dans des épiceries, pour la plupart. Vous ne croiserez que des femmes dans les vallées et les montagnes. "Ou des bras cassés", a dit M. Lhaj.
Finalement, les indices de développement ou de sous-développement sont palpables. Point besoin d'études de cabinets réputés. Tant que les hommes sont poussés par la misère à s'arracher à leurs terres pour travailler dans des 7anoutes poisseux dans la métropole, on peut se gargariser à longueur de journée sur le développement durable.
Il a commencé à neiger alors qu'on finissait une séquence. Ca ne s'est pas arrêté. Les pistes -déjà difficilement praticables- deviennent totalement impraticables. Nous sommes partis. Ils sont restés. Combien d'Anfgou dans ce pays...