Thursday, October 26, 2006

Animal amphibie

Il pleut dans toutes les directions et j'aurais dû m'en douter hier, en voyant que le ciel était d'une couleur fchichkel. Pas de la même couleur que le jour de l'eïd, alors que j'étendais le linge dans le jardin, pour la première fois depuis très longtemps. Un coq lointain me rappelait que j'étais presque à la campagne, mais toujours dans la ville. Je me sentais comme en thérapie, bien, mais sans cachets. Toujours est-il que ce n'était pas une très bonne idée de sortir en sandales hier. Et sans parapluie. Je me suis retrouvée à patauger dans ma propre bêtise. Le moment suprême est arrivé lorsque les fameuses sandales m'ont lâchée. Là, j'ai pataugé tout court et mes pieds étaient gelés toute la soirée.
Le tonnerre détourne mon attention, mais pas assez longtemps. J'ai face à moi une carte postale de Oualidia. J'ai une envie d'huîtres et d'eau fraîche. Une eau fraîche comme celle qui m'a assomée l'autre jour sous formes de vagues équinoxiales de toute beauté, j'en ai encore du sable dans les oreilles et j'en redemande.
En attendant ma prochaine virée automnale à la plage, je regarde le ciel du bureau. Et les énormes paraboles blanches. Oui, voici venue la saison des soufitmates du coeur.

Tuesday, October 17, 2006

Sens unique

J'ai envie de parler d'amour. Dieu m'envoie des fantômes de toi dans des lieux improbables, peut-être pour tester ma capacité d'endurance en ce sacré mois. Je secoue la tête sans raison. C'est peut-être l'hypoglycémie qui cause des hallucinations en plein jour. Dans le recoin d'une administration, un gros sachet en plastique noir s'est transformé dans mes yeux en un homme en djellaba foncée, tournant son dos au monde. Avant, je pensais que c'était une question de naissance, ou de premières années: on est ou on n'est pas heureux de vivre. On est ou on n'est pas bon. Il n'y a que deux races d'humains dans le monde. Je me disais qu'il ne fallait pas faire d'efforts avec ceux qui n'en font pas pour être "bons". Quelle idée idiote. Je pense réellement qu'il faut arrêter de faire lire aux enfants des contes avec des morales à la fin. On se retrouve un peu déséquilibrés face à la réalité, plus tard. J'ai toujours en tête le visage de Raouf en pensant à ça. Raouf, c'est la bonhommie incarnée, le mec qui vous donne envie de prendre le train tant sa sympathie et son sérieux sont une fierté pour l'ONCF. Il vous sourie en vous poinçonnant votre ticket, il met du déodorant en été. C'est un "mardi", un mec bien, un mari idéal, si ce n'était son salaire bien sûr.
Raouf, c'est le mec qui n'aime pas les injustices, mais qui ne se plaint pas.
Un jour, en faisant sa ronde dans le train, à l'affût de clandestins, il découvrit deux gosses, des adolescents, qui avaient embarqué à Mohammédia et s'étaient accrochés à l'arrière du dernier wagon, espérant un voyage gratuit jusqu'à Rabat. Lorsque Raouf les vit, il montra son visage le plus sévère. Les gosses, le visage collé à la vitre, les vêtements presque arrachés par le vent, faisaient signe à Raouf de les épargner, les clandestins recevraient des raclées inoubliables de certains contrôleurs incrontrôlés. Il se passa un moment ainsi, Raouf menaçant d'ouvrir la porte, les enfants suppliants sous le regard d'un cheminot qui fumait en souriant, le tout dans la cacophonie de la locomotive. Raouf finit par éclater de rire à la vue de toutes ces supplications. Arrivés à Bouznika, ils durent attendre l'arrêt complet du train. Raouf ouvrit la porte et leur dit qu'ils pouvaient filer de l'autre côté. Au moment où les enfants commencèrent à courir vers la gare, en se retournant pour sourire à Raouf, ils furent fauchés par un train venant dans l'autre sens.
La vie de Raouf bascula. Je ne saurai dire si la fracture se comblera un jour. Tout ce que je peux dire, c'est que Raouf ne sourie plus. Il a basculé dans l'autre race, celle de ceux qui ne sont pas heureux de vivre, alors qu'il était né dans celle des prétendus "bons", ceux qui font des faveurs qui arrachent des vies. J'espère qu'il a des hallucinations comme moi, pour voir l'amour quelque part, à nouveau, même dans un sac en plastique noir.

Tuesday, October 10, 2006

Sunny nights


Et je me demande
Si le soleil qui me réchauffe ici
Est le même
Qui te refroidit là-bas

Monday, October 09, 2006

Et+ si affinités

En attendant un post en bonne et due forme sur mes dernières péripéties dans les montagnes, je tenais à partager avec vous une petite annonce qui m'a pour le moins intriguée, publiée dans TelQuel d'il y a deux semaines:
"Homme charmant de 40 ans, marié, sincère, gentil, très doux et sensuel, cherche une femme âgée de 28 à 50 ans, peu importe sa situation (mariée, divorcée, célibataire, ...) pour partager une belle amitié sincère et beaucoup de complicité."
Je suis la seule à trouver cette annonce un peu bizarroïde?
Pour les intéressées de ce profil hors du commun, l'addresse email est ocean280fr@yahoo.fr

Tuesday, October 03, 2006

Mediterranea

De retour d'Al Hoceïma où j'ai passé quelques jours pour le boulot. Ma première fois. Souvent, j'ai eu l'impression d'être dans un autre pays. Je ne comprends pas tout à fait leur arabe, encore moins le tarifit. Les jeunes portent des tee-shirts avec les symboles amazigh, des pendentifs, écoutent de la musique différente aussi, etc.
Une minute après lmoghrob, certains de ces jeunes quittent leurs maisons pour fumer du bon kif local. Ils n'oublient pas d'en proposer aux touristes, par exemple de pauvres journalistes en visite pour quelques jours.
Moi qui n'aime pas la Méditerranée (enfin je préfère les océans aux mers en général), je suis "tombée en amour" avec les plages locales, surtout Quemado. Ya salam.
Le retour a été fascinant. On a pris les routes hors petit-routard. Le stop par Ketama a été instructif et parfumé.
A bientôt, pour une nouvelle correspondance.