Saturday, November 26, 2005

Somewhere we belong

Lorsque nous vivions à Bruxelles, Lamia et moi avons eu l'occasion de couvrir les élections belges, et surtout projeter un peu de lumière sur les hommes politiques belges d'origine marocaine. Il y en a beaucoup, surtout au parti socialiste, tentant de séduire les votes des 350 000 Marocains vivant là-bas (10% de la population).
L'autre visage de la Belgique, c'est l'extrême-droite qui ne cesse de grignoter du terrain. Leur parti (flamand) s'appelait le Vlaams Blok. Nous recevions tous les jours dans notre boîte aux lettres des prospectus promettant de nous débarasser de ces musulmans puants qui envahissent nos rues, volent nos emplois et terrorisent nos quartiers.
Depuis, le Vlaams Block a été rebaptisé Vlaams Belang; après avoir été condamné par la justice belge pour racisme. Une délégation du parti devrait être au Maroc les 8, 9 et 10 décembre.
Ses leaders Filip Dewinter, Frank Vanhecke et Gerolf Annemans vont loger au Hilton de Rabat et de là mener leur compagne pour expliquer aux Marocains que "la Belgique n'est pas le CPAS (Centre d'Assistance Sociale) de la terre". Filip Dewinter a récemment sévi dans Jewish Week, publication américaine, et a vomi des propos incitant à la haine entre juifs et musulmans.
Le Vlaams Belang envisage de donner une conférence de presse le jeudi 8 décembre au Hilton. Le parti fasciste compte publier des annonces dans les médias écrits marocains avec pour slogan "Hospitalier mais pas fou".
Des groupes associatifs marocains se préparent à les recevoir.

Ses ailes






La patience est un luxe
Au gout acidule
Et demain,
Je volerai au-dessus de vos tetes
Mes cocos

Thursday, November 24, 2005

The weakest link

Je ne suis que foetus, aujourd'hui.
Si elle était là, je la regarderais longtemps. Je tendrais mes narines, vers le bout de son peignoir vert. Elle a des tas de peignoirs mais elle persiste à mettre celui-là, c'était celui de sa mère.
Et pourquoi n'ai-je pas hérité de sa peau? Pour qu'elle soit unique, qu'elle soit elle.
Je sentirais juste le bout de ses manches retournées. Je me sentirais foetus, enveloppée.
Je me ferais boule et me loverais entre ses bras, même si je suis plus grande, je me sentirai toujours petite.
Je ne veux pas qu'elle parle. Je ne veux pas de brouhaha sur les misères quotidiennes, les courses, les élèves, les nouvelles des uns et des autres, des reproches sur moi, ma peau, moi, mes cheveux, moi, ma taille. Des reproches tendres. De tendres reproches.
Je veux ouvrir la bouche et aspirer son souffle. Sentir que j'existe. Sentir que je ne suis pas seule.
C'est bête.
Elle me fait rire en me disant qu'elle envoie des fax spéciaux tous les jours à sidi Rebbi. En voie express, recommandée. Il paraît que chaque jour que je vis est un accusé de réception.
Mes mots sont poussière. Je ne suis que foetus, ce soir.

Wednesday, November 23, 2005


When you're feeling like shit

Là-bas, c'était différent. Dès que les symptômes apparaissaient, c'était le branle-bas de combat. La routine est connue. Lui disparaît subitement. Il revient deux heures plus tard avec le vaporisateur, le sirop, les comprimés, le sachets de snacks et de chocolats, deux ou trois magazines et sa pile de journaux du matin, "pour te tenir compagnie".
Elle disparaît dans la cuisine et réapparaît un petit moment plus tard avec médecine homéopathique, du tilleul, de l'ail à utiliser comme suppositoire, de l'huile d'olive et du miel. Il n'y a rien à faire d'autre, juste attendre que les 3-4 jours critiques passent. Je les entendrai parler de moi alors que je cracherai mes poumons, vers 3h du matin. Je lui servirai de réveil pour sa prière de lfajr.
Il y a une petite bassine à côte, pour quand je tousse tellement que je vomis. Rien de grave. J'ai l'habitude.
Je reçois de courtes visites ponctuées par des "alors, ces bronches?". Je tirerai de la langue, dirai que je fais tout ce cinéma pour avoir un petit peu d'attention. C'est agréable, l'attention. Elle m'en voudra pour une heure quand je lui dirai "iwa un jour vous ne serez plus là, alors j'en profite". Elle finira par revenir avec un énième thé noir et du citron. Naima la suivra en secouant de la tête. Elle semble à chaque fois avoir encore plus de cheveux blancs. C'est ma faute?
Au pic de la forme, je mettrai mon peignoir aux mille couleurs et affronterai le froid polaire de ce qui est appelé le salon. Plutôt un grand espace creux qu'ils ont oublié de décorer. Comme le reste.
Ce soir, j'ai traversé la rue en pyjama et pantoufles pour acheter du jus et de l'eau, des bonbons Ricola et deux boîtes de Ferrero Rocher, en promotion. Mon royaume pour des antibiotiques sans prescription. J'aurais aussi dû acheter une bassine.

Tuesday, November 22, 2005

Ausencia






La solitude est un vilain défaut. Son absence à elle, à eux, à lui, à toi "d'avant", lorsque les choses étaient simples et les sentiments pas compliqués. Tu y penses chaque fois que tu coupes ton morceau de gouda, sur la planche en bois aux milles rayures. Parfois, même si tu n'as pas besoin de faire un effort pour couper le fromage, tu plonges la lame bien profond dans la bois, une rayure pour chacune de tes rides, une rayure pour chacune de tes blessures.
Tu as rendez-vous avec ta mémoire. Elle ne prend rien, merci. Tu la regardes en face en mastiquant ton bout de pain trop dur. Le pain de ta mère te brûlait les mains et t'apaisait le coeur. Sensations simples. Sensations révolues.
Tu parlerais bien tout seul, mais tu n’es pas fou.
Tu aimes bien ta solitude, alors pourquoi t’en défaire?
Tu laisses même une araignée tisser sa toile derrière la porte du cabinet de toilettes, elle aussi a sa solitude. Toi aussi tu t’enfermes peu à peu dans tes fils gris.
Tu commences à bien aimer l’odeur de tabac froid dans ta maison. Les coupures de journaux de poèmes que tu es arrivé à publier sont jaunies, mais tu as existé, un jour.
Tu en éteins une autre. Qu’est ce qui peut rallumer la flamme?
C’était hier, les courses dans les champs, les olives cueillies, les nuits dans la grotte, sur la plage. C’était hier, le corps d’athlète, les chikhates, là-bas où le soleil se couche tard et où la nuit ne finit jamais. C’était hier, les cheveux avaient une odeur et le vin du goût.


Tu ne le sais pas, mais tu te manques.

Joventud preciosa

Je mange le macaron récemment acquis au café d'en face. Un caddie vient d'escalader la petite colline et s'approche maintenant avec quelques prix Nobel à bord, en costards bleu marine et cannes de luxe. Les prix Nobel ne sont finalement que des vieillards incapables de se contenir et obligés de mettre leurs dentiers tous les matins pour ne pas effrayer les foules d'adolescents boutonneux venant écouter leurs interminables conversations.
Roi, poète, Don Juan, médecin, prêtre, notre tour viendra aussi.

Auckland, New Zealand

Monday, November 21, 2005

Sous presse

Je ne sais plus quoi penser de la presse au Maroc. Non pas que la presse américaine me laisse rêveuse. Loin de là! Elle est pourrie, pourrie. Mais en me penchant sur celle du Maroc, je me dis qu'il faut stopper la gangrène, quitte à l'amputer d'une jambe.
Cette semaine donc, comme chaque mois de novembre que dieu fait, il y a une journée de la presse au Maroc. L'occasion de se retrouver sur les fauteuils rouges du théâtre Med V (et plus récemment le palais de congrès de Skhirat) pour célebrailler, remettre des prix à des voix oubliées, des plumes moisies, des pionniers non suivis.
L'article du Matin disait "le hasard a voulu que la majorité des candidats soient des candidates". Quelle joie, quel accomplissement miraculeux! Un véritable déferlement de plumes au féminin. Les lauréats étaient finalement Chadwane Bensalmia de TelQuel (prix largement merité, GO CHAD!) et Nadia Ben Sellam d'Al Alam, Lamia Daka et Hassan Harmas de la MAP, Soumya Dghoughi, de 2M, Houri Fatima de la RTM et Noureddine Benhoucine, de Rissalat Al Oumma. Le Journal a probablement boycotté le prix.
Inconnus au bataillon? Sans blague.
Pour ceux qui ne le savent pas encore parce qu'ils vivaient sur une autre planète, personne ne lit la presse au Maroc. Je dis bien personne***. Le meilleur hebdomadaire vend 10 000 copies, une vraie misère. Je dis toujours à mon père qu'ils devraient lui donner le prix du "supporter de la presse marocaine" parce qu'il revient chaque matin avec au moins cinq sous le bras. Je suis en colère quand il achète L'Opinion. Il me répond "wa msaken, c'est juste pour les encourager". J'en suis encore plus en colère. La presse qui vit de charité, pas de mérite.
C'est un cercle vicieux: ceux qui lisent achètent en gros plusieurs journaux (disons TelQuel, Le Journal, Maroc Hebdo, Al Ahdate). Ou bien (l'economiste, Economie et Entreprises, La Vie Eco) ou bien (Al Ayam, Assahifa, Assabah (a cause de Ninni).
Combien ont lu l'article de Nadia Ben Sellam sur l'autopsie? Combien ont ecouté Houri Fatima? Combien ont vu les photos de Benhoucine? Je prends les paris.
La presse partisane est morte. Hier. Avant-hier. On la maintient avec un tube de respiration qui ne sert a rien.
Tous ces journalistes payés une misère, produisant des articles de misère dans des journaux de misère. Quel gâchis...
On a la presse qu'on mérite, oui. Mais jusqu'à quand?
Quand on se dit qu'un journal comme La Nouvelle Tribune doit vendre quelques 300 à 500 numeros par semaine, on se pose des questions. Ah, vous n'avez jamais entendu parler de Rissalate Al Oumma? Ou vous ne saviez pas que ça existait encore? Moi non plus.
Peu de journaux sont membres de l'OJD, organe de justification de diffusion qui oblige les media à publier leur comptabilité et leurs chiffres de vente. Pour beaucoup de journaux, les fonds sont occultes, on ne sait comment ils survivent. Entre alors en jeu tout un aspect politique: les partis, l'armée, les armateurs, les businessmen, etc. Sans parler de tout l'aspect professionnel: salaires, indemnités, assurance, retraite. On attend toujours le consensus pour une convention collective entre le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) et la Fédération marocaine des Editeurs des Journaux (FMEJ).
Il y a des semblants de stars qui émergent. L'émission "Grand Angle" de Reda Benjelloun est appreciée, les chroniques de Rachid Ninni, certains articles de TelQuel, des dossiers du Journal (il y a bieeeen longtemps), des ébauches d'enquêtes en arabe. Il nous manque encore un quotidien fort, en arabe ou en français (et en tamazight bon sang). Il nous manque des journaux de proximité (n'est-ce pas nounours?). Il nous manque l'éthique. Il nous manque les moyens. Il nous manque des lecteurs. Il nous manque une bonne génération de professionnels. Ca commence. Je suis confiante. Ca va venir. Je m'impatiente, voila tout.




*** Qui lit d'ailleurs? Pour les alphabetises, ne pas rater l'article de Jihane, intitule «Education pour tous 2006» : Le Maroc parmi les pays regroupant les 3/4 des adultes analphabètes"

kounnach

Il y aura une classe de rhetorique au printemps sur la filmographie de Lynch et d'Almodovar. Qu'est-ce que j'aime ce campus.

KKMG

Quelque chose, beaucoup de choses me disent qu'entre nous, ça ne pourra jamais marcher...
Tu viens encore de partir sans me dire au revoir. L'autre jour, j'ai claqué la porte de ta voiture après deux minutes de nos retrouvailles. Si proches et si étrangers...
Ca ne sert à rien de discuter au téléphone. L'un de nous finit toujours par racrocher au nez de l'autre. Comme aujourd'hui encore.
Je me dis toujours qu'il faut calmer les choses, chercher un terrain d'entente, ne pas se fâcher sur les plus stupides des thèmes, comme aujourd'hui lorsque je t'ai demandé si tu avais pris ton billet d'avion pour Arizona, tu m'as regardée avec des yeux interloqués comme si je venais de dire une insanité. "Damn, you can't even remember that I told you I was supposed to go driving". Et moi: "I am sorry, I just remembered", dis-je en fourrant des pâtes dans ma bouche.
Tu n'as même pas attendu que je termine ma courte conversation téléphonique. Tu as disparu comme un voleur. Ca ne me fait même plus mal. Je me suis habituée à laisser couler quelques jours, le temps que ça se calme. Le temps que tu puisses m'appeler encore pour me parler de ta passionnante carrière. Après 30 minutes, 52 secondes de conversation, je secouerai les miettes d'un biscuit, probablement Le Bastogne, de ma main droite. Je retournerai le téléphone, regarderai la durée de conversation sur mon écran. De temps en temps, je baillerai un "non? c'est vrai?" ou "aha" ou encore "oui, je vois. Incroyable". Je ferai pire: je poserai mon téléphone, courrai à la salle de bain, reviendrai. Tu seras encore lancé dans ton monologue super passionnant sur comment les boîtes de consulting soutirent le maximum de billets verts de leurs clients, les taxes, le profit Vs ressources humaines, la culture d'audit en europe Vs aux usa, l'attitude des partners, la concurrence entre les big four, comment le consultant va aider à réaliser le rêve du client d'arrêter de travailler en gérant mieux son argent, etc.
Je sature grave, comme à chaque fois qu'on essaie d'avoir une conversation. Aucun centre d'intérêt commun, aucune patience l'un pour l'autre. A défaut d'être enthousiaste, je suis compréhensive, à l'écoute, mais gare à moi si la définition d'une taxe échappe à mes oreilles étourdies.
Je suis lasse de ces rapports forcés, lasse de ses cadeaux, lasse de son manque de tact, de son manque de compréhension.
Pour une fois, je ne suis pas convaincue que la richesse est dans la différence. Vraiment pas. Je suis quelqu'un qu'il ne connaitra jamais car il n'a jamais cherché à me connaitre, ou bien il croit me connaitre alors que je vomis l'image qu'il a de moi. Et je sais que si je ne veux pas me souvenir d'une tranche de ma vie, c'est pour ne pas évoquer mes souvenirs d'enfance avec lui, avec eux.

Un an déjà

Je change de tête, inspirée par Gar. Je ne trouve pas cette nouvelle police très pratique à lire mais j'aime beaucoup la frame.
De même, je tâtonne en language HTML, je peine encore à insérer des choses. Merci pour votre patience.

FIFM

Bon ben, puisque Lebaroude est en silence radio, je me propose de donner le lien vers le palmarès du festival de Marrakech. And the winner is...

Sunday, November 20, 2005

Mon plus lointain souvenir

Midi à Place Pietrie. Il passe me récupérer à la garderie avec Maati. On se prend les mains tous les trois. Je n'arrête pas de parler. Je ressemble à une miniature de Mireille Mathieu. J'ai une petite robe à carreaux et des petites chaussures grenat. On va acheter du pain à la pâtisserie "Lqsar". On sent le pain de loin, il est frais et chaud. Tout le monde se connaît et se salue. Maati veut des sucreries. On marche à la maison. On grimpe les escaliers des cinq étages. Le voisin de palier, c'est mon oncle et sa porte est fermée. Elle a de grandes lunettes et des bottines et des sacs à main toujours assortis. Il y a du soleil plein la maison. Les carreaux de la salle de bain sont bleu ciel et nos lits superposés.
L'après-midi, Zahra nous emmène au parc. Je prends la place de Maati dans sa poussette. Il pleure mais elle le console. Je chantonne. On arrive à la fontaine et il y a d'autres bouts de chou qu'on connaît. Et moi, je n'aime que l'eau de la fontaine.
Plus tard, il y aura des croissants au chocolat faits maison et un vieux chauffage à gaz qui traîne au milieu du salon.
Dimanche, tous les trois, on regardera Al qanate assaghira et on mangera avec Madé. L'après-midi, on ira à Salé dans la maison aux carreaux froids et aux coeurs chauds. La barbe de mon ba sidi pique mais il sent comme le paradis. Ses yeux sont bleus et il a l'air d'un ange. Je suis subjuguée par le petit tatouage qu'elle a au menton. Je traîne dans la chambre à pain alors qu'elle prépare le grand goûter.
Sur le pont Hassan II, il y a toujours un embouteillage en rentrant chez nous. Je regarde l'eau rouge, bleu, verte qui coule dans le Bouregreg. Moi, je n'aime que l'eau.

Et vous?

Saturday, November 19, 2005

Heads up

California dreaming, c'était hier.
Le thème, c'était "heads up". Il fallait venir avec un chapeau, un monocle, une perruque, des lunettes de soleil, une moustache, etc.
Je choppe un béret rose chez Ross. Ca me fait sourire d'avoir trouvé cet exact béret, je crois bien que ma mère a le même dans toutes les couleurs de la nature, dans une petite malle marron. J'ai des motifs roses sur mon top turquoise.
Puis, ménage chez moi, parce que deux semaines de négligence (!) ont eu raison de mes allergies à la poussière. Puis écroulée à cause de médicaments. 20 minutes de nap. Puis réveil en sursaut. Puis jupe, bas noirs et bottes. Puis A. achète un bonnet de papa Noel au Walgreens. $2.99. Puis on passe chercher A2. qui sait que la Taguiya de lmdina lui va mieux que le bonnet Armani. Puis chez L, dans son look de fermière et ses deux coloc, T avec la perruque verte et A avec les cheveux dressés genre pub de gel pour Garnier. Trois DJ's se relaient. Sur le deck, ça parle, boit, fume. K débarque avec sa perruque des 70's, Michael Jackson fiyamatou. Elle est superbe. Le contingent marocain se distingue dans la foule des déguisés de la tête.
Soudain, beaucoup de monde. Ca se crie. Ca s'exclate toute en bonne humeur. Coup de fil inattendu et malentendu. Douche froide. Début de la parenthèse "out of the game", comme à chaque soirée. Cherche mon verre de coca et me trompe. Vodka au cranberry juice. Parlons avec G et son look de parisien de l'Après: l'Après Bay Area, l'Après California dreaming. On sait pas. On sait plus.
A. en a marre d'essayer avec la blonde italienne. "Elle est pas assez saoule".
A2. commence à faire craquer l'autre blonde, copine de B. qui répète mon prénom toute la soirée. "Je n'oublierai pas ce prénom".
Deux mecs dansent un slow au milieu de la techno, se tiennent le visage et s'embrassent doucement. Blues monumental.
Certains s'enferment dans la chambre de L. et se passent un joint, des joints. Dehors, je saute d'un groupe à un autre, cherchant vaguement un début de conversation. Quelque chose manque.
SDB squattée par couples frais. Danse les yeux fermés. Soudain moins de monde. A2 fait un diagnostic labial de la blonde bis. K et moi parlons du Maroc avec B. Les chapeaux sont tombés, le make up a coulé, les chaussures ont cédé. L. est furieuse: A2 s'est enfermé dans sa chambre à coucher avec la blonde. Sommeil. Fatiguée. Encore les jambes pour un dernier Black Eyed Peas. Pense au Maroc. Après tout, on est bien ici. Même si on n'est pas chez soi.

Friday, November 18, 2005

Mostró de papel

On m'a mentie. On m'a trompée.
On m'a bercée d'illusions. On m'a inculquée la naiveté comme principe, beau principe.
On m' a dit que ça ne comptait pas, d'où on venait, parce que l'essentiel était dans les coeurs.
On m'a encouragée à boire du lait -que je n'ai jamais trouvé bon, pas même celui du sein de ma mère- parce que ça fait prétendument pousser des ailes.
On m'a dit que la liberté était dans le coeur et que rien ne pouvait arrêter les rêves, qu'il fallait croire en sa valeur intrinsèque.
J'ai des murs devant les yeux, des barbelés autour du corps. Quelqu'un fait grincer un morceau de craie humide sur un tableau vert. Et je crie.
A quoi ça sert, de naître au Tiers-Monde?
Je vous défie, amis utopistes de la blogoma, rêveurs pas encore réveillés, défenseurs des opprimés de ce monde, adeptes de la constitution des livres de la bibliothèque rose, citoyens de la cité idéale, membres du parti des altermondialistes heureux, de me dire pourquoi vous voudriez faire naître vos enfants dans un pays du Tiers-Monde.
A moins de vouloir leur faire apprendre le combat très tôt, en doses de biberon, à moins d'apprécier -en masochiste confirmé- de les voir pointer à la porte de tous les consulats à 5h du mat' pour un visa qu'ils auront la chance de demander, à moins de vouloir leur faire goûter lhogra, à moins de les faire grandir dans la maison baignée d'amour de leur grand-mère, je ne vois pas beaucoup de raisons. Convainquez-moi.
Je comprends ceux qui troquent leurs papiers, volontairement. Ca s'appele "rendre sa vie moins compliquée". Ca n'a rien à voir avec ses sentiments, son attachement au pays, son patriotisme ou autre valeur non côtée en bourse.
Ma C.I.N n'a aucune valeur, en dehors du coumisaria de lmdina et de l'incomparable aéroport Med V où un barbouze poilu le tripote dans tous les sens cherchant une raison de pousser des "aha" et des "oho".
Je trimbale mon passeport à la banque, au supermarché, à l'école, en boîte. Je le trouve joli. Le sceau doré sur fond vert surtout. Mais je sais qu'à part la valeur sentimentale et les jolies calligraphies de mon nom, il ne m'est pas si précieux.
Parlons-en.

Depuis le début de la guerre, on réclame aux Irakiens des visas, même pour aller au...Togo.

Thursday, November 17, 2005

Apatride

Je ne sais pas pourquoi
Sarajevo ne veut pas de moi

Wednesday, November 16, 2005

Humeur du moment...

Suite

Sur le quai de la gare. Eternels adieux. Eternels commencements et éternelles fins.
"Elle est revenue mais elle repart".
Je pleure. A l'intérieur et à l'extérieur. J'ai la nariz roja (JJ) et le corazon bleeding.
Le sablier s'est retourné. Déjà. Le bonheur, par définition, ça passe très -trop- vite.
Laissez-moi rester, en SDF de cette ville que je n'arrive plus à quitter. J'errerai dans les rues, dormirai dans les églises, observerai les enfants jouant dans les cours des écoles. Je me balancerai pendant des heures sur les balançoires des parcs. Mais j'ai déjà où aller. Je ne suis pas folle, juste déchirée.
Retour à la gare. J'ai tout ce qu'il me faut. Récapitulons: l'eau, les pommes,le chocolat blanc, le chocolat au lait, le sandwich et...plein de nouveaux souvenirs.
Ma mémoire a travaillé pendant tout le weekend à enregistrer les odeurs, les bruits, les silences, les sensations, comme si c'était la première fois. La mémoire, c'est de la manipulation masochiste. Ta mémoire, c'est ta meilleure ennemie.
Je n'aime pas les trains qui me conduisent malgré moi. Tout est triste, surtout les toits du Luxembourg et ces jeunes sortis directement d'O.C. qui gloussent sans cesse dans le compartiment. Je déteste les trains et les voyageurs inter-rail. Le chocolat est amer.
Je re-traverse le couloir du parlement européen. Abdel n'est pas de garde. Je re-traverse le parc, maudis le destin, mon destin. Je traîne ma valise sur les pavés mouillés. Je me traîne.

Basta!

This is outrageous.
http://video.google.com/videoplay?docid=3374757378608744139
Jusqu'à quand?

Tuesday, November 15, 2005

Monologue personnel

Je traîne ma petite valise sur les trottoirs mouillés. Je traverse le petit parc à côté de la maison, prends le couloir du parlement européen. Ses escaliers sont penchés. Les voitures ne s'arrêtent pas de déposer des personnalités. Au diable le briefing de demain. Il ne se passe jamais rien les vendredis. Je hoche la tête à l'intention d'Abdel, un des bonhommes de la sécurité du Parlement, originaire d'El Jadida. Lundi, alors que je passerai le scanner du hall d'entrée, il me demandera encore où j'ai disparu le weekend. Mais pour l'instant, je suis trop pressée.
Je cours dans la plateforme à l'arrière du parlement, raccourci vers la gare Schuman. Objectif: le 17h10. Arrivée 5h50 plus tard à Strasbourg.
Je trépigne d'impatience en lisant des rapports débiles de la commission. Satané roaming...J'ai déjà la tête là-bas, le coeur là-bas.
A l'arrivée, personne ne m'attend. Normal: je n'ai dit à personne que je venais. Je prends le tram, comme une grande. Je me sens chez moi. J'ai hâte d'y être.
Il a plu. Les dalles sont mouillées mais les rues sentent bon. Elles sentent propre. Je renaîs. Je me presse. Je m'attarde. Je suis chez moi. La rue de l'Ail me sourit.

Plat du jour

Et les gens?
Facultatifs, comme le reste. Comme le champ "email address" sur une page de commentaires de blogs. Comme les vitamines du matin. Comme les fraises coupées dans tes céréales. Ou peut-être des bananes. Comme les discussions après les films, "lli 3tah Allah 3tah", ce n'est pas la discussion qui changera ton avis sur la pelicula.
Et ta vie? Au point mort. On ne peut comprendre que ce qu'on vit.
Mauvaise humeur. Aucune compassion. Indifférence pour les pisseurs et les pleureurs, pour les fidèles et les infidèles. Je crache sur la médiocrité, les sentiments pas complets, pas assez forts, les idées à mi-chemin, les hommes à mi-chemin, les rires étouffés, les pleurs étouffés. Je me ris des coeurs brisés, des histoires passées. Il y a écrit "fuck off" sur mon front. Ou "chien méchant". C'est à vous de choisir.
Je ne crois plus en l'amitié. Je ne crois plus en l'amour où l'on appartient, où l'on se donne, où l'on se reçoit. Donde estan los ladrones? A voler le plaisir quand ils le rencontrent, à faire durer la minute de jouissance de l'esprit, à déverser leurs frustrations du moment dans un verre de whisky, un film, une chanson. Une chanson qui déchire, qui les déchire.
Donde estan los heroes? In their mom's hearts. Nowhere else.
Vous voulez un dessert? Je vous recommande le vomissement du chef. De votre bassesse quotidienne.
Oh vous n'en voulez point. Quel dommage. Pourtant, ça soulage. Ca aide à digérer.
Politically incorrect? Je ne comprends pas ce que vous dites. Oh j'y vais fort? Mais c'est juste moi. Moi. L'insoutenable légèreté du moi, l'insoutenable narcissisime du moi. "Hadchi lli 3ta Allah".
Tout ça, c'est facultatif.

Monday, November 14, 2005

Pretention

I'm your blessing and your curse.

Ailes brisées

Ayoube, mon alter-ego (fictif?) pense encore à elle (aile), celle qui a pris ses bottes sous ses bras et est partie.
"Je veux que tu saches que je n'ai pas oublié".
Je veux qu'elle retourne "chez elle", dans la maison aux fleurs séchées, où la boîte aux lettres porte toujours son nom.
Je veux l'attendre sur le palier, entendre le plancher craquer sous les pas de ses bottes noires, le bois grincer dans les escaliers.
Je veux la prendre dans mes bras, qu'elle oublie.
Je veux lui faire couler son bain, comme elle aime. Elle ne fera rien, ne parlera pas, me regardera avec les plus beaux yeux du monde.
Je lui masserai la tête avec son shampoing qui sent elle, lui passerai un gant sur tout le corps. Elle ne dira rien, elle m'embrassera les doigts un à un.
Je m'attarderai sur ses épaules, larges et carrées. Elle laissera tomber sa tête en arrière. Je toucherai la peau de son cou, doucement.
Je la rincerai avec beaucoup d'eau; les manches de ma chemise seront mouillés et elle sourira enfin en m'attirant à elle.
Je l'essuierai avec une serviette blanche, millimètre par millimètre. Je la porterai jusqu'au lit et elle me fera frissoner comme je la ferai gémir. Elle pleurera et me dira "c'est le bonheur, je vais mourir de bonheur".
Ayoube cherche encore le goût de ses lèvres sur d'autres lèvres...
Lorsqu'il est au boulot, Ayoube veut se dire qu'elle est encore là, sa "petite femme au foyer", faisant la vaisselle en petite culotte en écoutant Skyrock. Il veut se dire qu'ils iront au cinoche vendredi après Thalassa et qu'elle brûlera encore ses crêpes au chocolat pour lui.
C'est rigolo la vie. Maintenant, seulement maintenant, Ayoube sait qu'à l'époque, il était heureux.

Sunday, November 13, 2005

Mondanités

Monsieur le Ministre est beau, de l'intérieur.
Monsieur le Ministre voulait être astronaute, quand il était petit, ou océanologue.
Monsieur le Ministre aime les ballades sur la plage et les moules à la provençale de sa maman.
Je n'aime pas partager Monsieur le Ministre, alors je me tiens à l'écart en le regardant entouré de journalistes et je mange des pistaches alors qu'il me sourit.
Monsieur le Ministre est un drogué du boulot et je me dis qu'il mérite bien mieux que la horde d'imbéciles qui l'entoure.
Monsieur le Ministre est jeune pour être ministre et n'aime pas les lèches-bottes, en particulier pas ses bottes italiennes achetées lors de son dernier voyage à Rome.
Monsieur le Ministre porte une alliance et a un enfant. Des sources bien informées et mal intentionnées le disent fidèle.
En 2007, Monsieur le Ministre ne sera plus ministre. Je ne sais pas ce qu'il deviendra mais il retombera parfaitement sur ses pattes. J'aiguillerai mon travail pour le croiser dans une conférence, un jour. Je mangerai des pistaches en espérant qu'il me sourie.

Saturday, November 12, 2005

Fidèles au Castro

Pour l'anniv de Mili et de Becca, on a karaoké en ville puis on est allés dans des boîtes gay du Castro, le quartier queer de SF. Il y avait beaucoup, beaucoup d'hommes qui ne regardaient pas de filles et qui dansaient collés les uns aux autres. Dans un pays où personne ne s'embrasse dans la rue ou dans le métro ou rarement sur le campus, il est extraordinaire de voir combien les gays se lâchent sur leurs territoires.
Au Café, il y avait autant de filles que de mecs. On s'embrassait sur les tables de billard, sur la piste de danse. Mais au deuxième bar où on est allés, il y avait à peu près 2% de filles. C'était affolant pour notre chère N., la japonaise, qui a failli s'évanouir quand elle a remarqué que les toilettes étaient mixtes et qu'on voyait clairement les garçons se soulager, et d'autres choses encore. D'ailleurs, il existait d'autres toilettes éclairées par des bougies et qui n'avaient pas de portes. On pouvait voir du dance floor ce qui se mijotait à l'intérieur. La bande son? Du Madonna, de la techno et des reprises de morceaux des 80's.
Ca remuait tellement du derrière que je passais pour une danseuse classique. Les torses et les fesses étaient pris d'assaut, les visages se rapprochaient, les langues se découvraient, les amants s'échangeaient. Il y avait cette douceur en eux que j'ai rarement vue chez les hétéros. Et je ne sais pas, je me suis dit que les filles de nos jours doivent repousser beaucoup d'hommes. Elles ont perdu tout leur mystère, tout leur charme. Ou bien elles sont vraiment inacessibles. On est sortis un moment, on s'est posés dehors à côté du magasin "Does your mother know?". Après un morceau de pizza, on a jeté un coup d'oeil au bar "who's your daddy?". Il n'y avait, là encore, aucune mommy.

Friday, November 11, 2005

Média-ssion

Le racisme est partout. Même, et surtout, dans les média.
50 morts en Jordanie. I'm sorry to say that but who cares? A part les familles des victimes, personne n'a exprimé, n'exprime ou n'exprimera une sympathie au-delà du politically correct.
Après le tremblement de terre au Pakistan, ces milliers de morts, la faim, les épidémies, who cares? Nobody.
Ce soir, à HRW, ils parlaient du Sida en Ouganda, des viols au Darfur. But who really cares? Le génocide du Rwanda montre bien que personne n'a levé le petit doigt aussi.
On a cette règle abstraite dans le journalisme que si la victime n'est pas blanche (américaine, british, européenne quoi), elle ne fera pas les gros titres. Un Francais est mort, ça fera boum. Deux victimes américaines dans un attentat terroriste, on en entendra parler pendant des semaines. Deux mille Paskistanais morts en une nuit? "Oh that's sad". Au suivant. Saloperie de système.

J'ai vu Sean Penn

- Alors,raconte?
+ Ben rien.
- Comment ça rien?
+ Ben rien. J'étais en pantalon finalement. Pas de caftan. L'invit' disait "cocktail attire".
- Et Sean?
+ Lui était en moustache. Beau gosse, ce mec. Mais il a pas beaucoup parlé. Il a fait un petit discours sur sa raison d'être là.
- Et c'était quoi la raison?
+ Il a dit qu'on faisait appel à lui because "I am a notorious humourless public speaker". Mais qu'il était surtout là pour honorer Omid.
- Omid, kézako?
+ Omid, c'est un bonhomme iranien avec moi à l'école, assez beau gosse, à qui je n'avais jamais fait attention. Mes amies me l'ont présenté ce soir. Il est journaliste, a été arrêté et torturé en Iran. Un héros quoi. Il m'a dit: "Najlae, it's a pleasure to meet you". J'ai répondu: "my pleasure. Please tell Sean I'll be waiting for him at the corner".
- Et alors?
+ J'ai attendu. Mais il est pas venu.

Wednesday, November 09, 2005

Histoire d'un rat

Surtout, ne jamais oublier d'où on vient.
Tu n'as pas oublié, hein? J'étais souriante quand tu es apparu à cette galerie d'art à Casa, toi et ton écharpe en cachemire et ton look de bourge aseptisé. Tu as compris à mon sourire et j'ai aimé ta première phrase: "mademoiselle, on ne se serait pas croisés dans une autre vie?". Je te pardonnerai d'avoir interrompu mon interview de l'"artiste".
Je souris encore. Tu souris encore plus. Tu me fais remarquer que tu portes des Westons, une manière de me dire que tu n'as pas oublier ton pseudo: "professor Zapato". Une seule raison à ça: tes chaussures marrons en cuir, la seule paire que tu avais et que tu portais tous les jours, qu'il pleuve ou qu'il vente. Et comme tu avais ces légendaires cors aux pieds, tes semelles étaient rongées d'un côté plus que de l'autre. Qu'importe. Tu arpentais ces horribles allées peuplées d'acariens de ces semblants de bibliothèques de l'enseignement public supérieur. Je persiste à croire que si tu aimais autant les livres, c'est qu'ils te permettaient d'oublier. Oublier la petite garçonnière du quartier l'Océan que tu partageais avec Mohamed, un vrai QG pour les génies paumés et fauchés. La bohème à la Marocaine, hein! Les films, les tomates achetées au pisri du rez-de-chaussée, les ébauches de scénarios jamais terminés, les débuts de romances..Oublier la bourse de misère, les voyages en grands-taxis à l'eid, les cigarettes partagées, les bouteilles de rouge pas cher. Oublier Mme Simone, à Nancy, ta voisine de palier qui te repassait tes chemises de temps en temps, même si tu pouvais le faire toi-même, et que tu visitais régulièrement. Oublier ses billets de 100 francs, généreusement glissés dans ta main après tes démonstrations de virilité marocaine.
Elle n'est pas belle, la vie? Tu as eu droit à une succession d'heureux incidents. C'est beau d'être reconnu, hein? C'est beau d'être l'auteur, d'être lu à son tour, de se faire sa place, de voir l'autre côté de la barrière, de s'acheter de nouvelles chaussures.
Mais chapeau bas l'artiste, de garder ta bohème comme une richesse. Et pas le contraire.

Tuesday, November 08, 2005

Monday, November 07, 2005

Velvet, Blue Velvet

Alors d'abord, D. (pas toi, le nounours facteur) vient me dire avec son flegme habituel: "oh, tu sais que David Lynch vient ce soir? Il sera à Wheeler". Je saute de mon siège, incrédule. Adieu la Bosnie. Je cherche fébrilement la confirmation sur le site web. A 19h15, je cours vers Wheeler. Il y a foule. Je n'ai pas de ticket. L'admission est gratuite mais...plus de sièges libres. Je suis au bord du désespoir, je m'insulte de ne pas y être allée plus tot. On me dit qu'une projection de la conférence est prévue en simultané à Dwinelle building. Je trimbale mon dégoût de la vie a Dwinelle donc. Je m'asseois et commence un email pour mon DJ de la soirée qui se reconnaitra. Un moment, un bonhomme de l'organisation monte sur l'estrade et dit que 100 sièges sont disponibles à Wheeler pour les plus rapides. A partir de là, blackout total. Je me vois saisir mon laptop dans une main, mon sac dans l'autre et...courir. Je vois des filles planter leurs mecs sur le banc touche et pousser les portes de Dwinelle. Je vois des mecs ne pas se retourner pour leurs paquets de cigarettes tombés de leurs poches. Je vois des mamans avec leurs bébés dans les bras me dépasser. Arriées à Wheeler, une foule est rassemblée devant les portes. Les organisateurs crient "don't push, please don't push" et commencent à compter les 100 premiers. Je prie. Je prie. Je suis le numéro 37. Victoire.
David Lynch apparait apres une dizaine de minutes. Il porte un costard très noir, une cravatte genre Vince Vaughn dans Psycho, aussi très noire et une chemise très blanche. Je vois son profil droit et ses cheveux gris et plaqués.
Il est venu parler de méditation. Je m'en fous de la meditation. Il dit qu'il n'a pas preparé de discours, qu'il veut entendre les questions de l'audience. Il est poli et dit beaucoup de fois "it's beautiful, it's beautiful". Je fais un best-of de ses phrases.
- Pour Lady M: "True happiness lies within"
- Pour la mauvaise graine: "No noise is a barrier"
- Pour Laseine: "We can enjoy the silence. Kind of beautiful"
- Pour Loula: "There's a great giant ocean of consciousness in every human being. The "iamness", the ability to understand what's around us can make us happy.
- Pour Ekh: "coincidence is happy incidents"
- Pour ASH: "I had this idea of a boy who plants a seed that becomes a grandmother. A grandmother is a source of love"

Je suis sortie quand il a fini de répondre aux questions.
Why do I care? I don't know. But I'm happy. Jeudi, je vois Sean Penn.

Sunday, November 06, 2005


Sans titre

Pleure, libellule, tes souvenirs qui ne reviendront pas. Je suis le Do et le La de la symphonie de ta mémoire. Laisse-moi partir, je suis déjà partie. J'allumerai une bougie pour toi et je t'imaginerai cambré au-dessus des vapeurs de ton bain. A quoi ressemble la mort? C'est ta question du matin et du soir. Laisse-moi partir. Je suis déjà partie.
Je te frotte le dos mais ta peau est douce et propre.
Bach était-il droitier ou gaucher? Ta main dans l'eau chaude cherche la porcelaine blanche. Tu as très mal au coeur. C'est le début du malheur. Tu plonges ta tête sous l'eau mais elle ne sera pas limpiada. Et si tu ne remontais pas à la surface. Je me souviens, tu te souviens de tes moments dans l'eau de l'Atlantique. Le soleil était encore de l'autre côté du monde. Sur le sable, tu repérais les traces des pattes des oiseaux. Ils étaient là avant toi, ils sont toujours là avant toi. Tu pousses tes jambes dans la fraîcheur et jette ton visage dans la première vague. Te faire mal, toujours. Lorsque l'eau est à tes épaules, tu retires ton maillot. Et tu replonges. Tu n'es plus qu'une algue comme tant d'autres. Rien ne peut être meilleur. Fermer les yeux. Etre tenté de ne pas remonter. Fermer les yeux, écarter les orteils. Ouvrir la bouche. S'imaginer enfermé dans chacune des bulles qui remontent à la surface.
Je veux mourir ainsi, à la frontière du bonheur.
Respire, libellule.
Tu n'aimes pas ce que tu es devenu. Pleure.
Veux-tu que je te repêche? Tu veux échouer sur le sable et y dormir. Ne penser à rien. Juste les picotements du sel sur ta peau.
A quoi ressemble la tristesse? A tes sanglots étouffés derrière la porte de la cuisine. Sors le torchon de ta bouche.
Ferme les yeux, libellule. Je te masserai les pieds, si tu le veux bien. Je mettrai du feu dans la cheminée. Tu aimes le feu dans la cheminée, oui. Ne te consume pas. Le sablier court et la bougie fond. Je jouerai une autre symphonie pour toi. Même si je suis déjà partie.

Friday, November 04, 2005

Premios (2)

Courte phrase pour dire ma satisfaction personnelle que Houellebecq n'ait pas eu le Goncourt.

Mon refuge de l'apres-midi

Cendrillon, temps modernes

Et si je te donnais le visa pour mon coeur? 24 heures, pas plus. Mais attention, ce sera sans concessions, de ma part comme de la tienne. Je laisserai mes conneries au placard, mes regards qui te fouillent l'âme, mes turbulences aquatiques, mes jeux de mots, mes blagues, mes boucles d'oreilles qui te distraient, mes jeans aggraffés. J'abandonnerais les mondanités, les obscénités, les livres qui font "in" et les phrases qui font "out". Tu retirerais le fomulaire d'application au guichet de mes journées, horaires de bureau. Tu serais interviewé sur chaque pièce du dossier. Et d'ailleurs, prépare-toi à répondre à la question du logement. C'est une question-piège et ne compte pas sur moi pour te souffler la réponse.
Tu prendras l'aile John Malkovich et appuyeras sur le bouton "being". Tu hésiteras, comme le poisson en bas de la digue, ne se décidant pas à affronter le courant allant dans l'autre sens. Seras-tu prêt à laisser l'uptown et le downtown et voir le westside de la chose? Je ne te garantis rien. Je suis inattendue. Et si le territoire en question était triste à mourir? Et s'il n'y avait rien à photographier? Prendrais-tu tes jambes à ton cou et courirais-tu à la frontière? Et si tu t'y sentais comme chez toi? Et si tu t'y sentais bien? Et si tu pensais que tu avais trouvé ton havre de paix? Et si la lumière était juste parfaite pour tes yeux? Et si les fruits fondaient dans ta bouche et que l'écorce des arbres sentaient bon? Et si tu voulais rester? Et si j'étais, moi, bien, même très bien comme je suis? Et si j'étais tout ce à quoi tu t'attendais et ce que tu attendais? Eh bien je ne pourrais pas te garantir que je prolongerais le visa.

Evanston, this afternoon

Thursday, November 03, 2005

Hi from Illinois

Je suis a Chicago pour 48heures. Ville extraordinaire. Des dizaines de mails a ecrire mais aucune energie. My day started at 4am. Apologies and promises to respond soon. Najlae,Chicago Bull.

De la fenetre...Moghrob time

Wednesday, November 02, 2005

Lolita (5)

Mouhcine, mon pote, qu'est ce que j'ai bien fait d'accompagner Miriam au Mega-Mall!
Je l'ai revue, elle, Lolita, mademoiselle lèvres charnues et accessoires de luxe. Je l'ai vue, à la caisse du magasin voisin au Diesel. Elle s'ennuyait, a envoyé un p'tit mec au look de pédé lui chercher un mille-feuille de chez Le Nôtre. Je l'ai regardée à travers la vitre, dévorer le mille-feuille. Délicieuse coquine! J'ai attendu le moment le plus embarassant et j'ai poussé Miriam à l'intérieur du magasin. J'ai feint la surprise, lui ai glissé des phrases que seule elle pouvait décoder. Elle a grossi, mais toute en beauté mon pote! Un bonbon à sucer après les repas, je t'assure! Tu ricanes, mais crois-moi, c'est de la catégorie supérieure, Lolita. Elle a beau être mariée, mais je connais ce genre: jamais satisfaite. Trop jeune pour être fidèle, trop belle pour m'échapper.
Ah Lolita, j'en rêve la nuit. J'en rêve le jour. Je sais: demain, elle déjeune chez ses parents. Ces chers voisins!

Lolita (4)

Je ne sais pas ce qui lui a fait le plus mal: le fait de savoir qu'il la trompe, elle, Lolita, la perfection même, ou le fait qu'il la trompe avec la bonne, même pas jolie, même pas douce, même pas fine, même pas elle!
Qu'allait-elle gagner à lui faire un scandale? Une belle occasion pour les vipères du centre de sport de dire que le beau Reda trompe Lolita avec sa bonne! Quelle blague!
Lolita se mord les lèvres. Elle sait que ce n'est pas d'amour qu'il s'agit, mais d'amour propre. Lolita est un bourreau, l'a toujours été et le sera toujours. Sa devise: "le déguster au déjeuner avant qu'il ne me déguste au dîner". En d'autres mots, toujours être la première à dégainer. Mais là, elle n'avait pas vu le coup venir. Elle pensait qu'il y avait prétexte à accalmie. Ca s'appele mariage, paraît-il.
Au diable les Adouls et leur charabia. I'm back.

Tuesday, November 01, 2005

Lolita (3)

Lolita passe ses journées à faire la navette entre Rabat et Casa. Ca la change du Marjane-maison. Reda est divinement compréhensif de ses absences et de ses retards. Lolita veut être une vraie businesswoman, et elle le deviendra. Le local choisi, la franchise acquise, la décoration terminée, le grand jour de l'ouverture approche et Lolita est nerveuse. En témoigne le véritable coup de pied qu'elle a donné à l'esthéticienne qui lui faisait sa pédicure hebdomadaire. Version lolitaenne: "querssate liha l7em". Version Jamila (Lolita appele toutes les esthéticiennes Jamila): "elle n'arrêtait pas de bouger en parlant au portable".
Bref, Lolita a recruté du monde, dont la nièce à Mabrouka (d'ailleurs rentrée au bled pour un enterrement et remplacée par une Fatma moche et antipathique) et une fille diplômée en littérature française. Le personnel est complété par Halim, beau gosse brun aux cheveux plaqués et aux tee-shirts moulants. Le Jour J, le magasin regorge d'amis de la famille médisant sur la source du financement du local et de curieux venant piquer des petits fours (quoique les deux catégories soient interchangeables). Reda n'a pas pu venir et Lolita sent déjà qu'elle se lassera rapidement du magasin. La chose ne tarde pas d'ailleurs. Epuisée par la navette, Lolita décide un mercredi après-midi, de rentrer sur Casa plus tôt que prévu et profiter de sa soirée avec Reda. Elle ouvre la porte, file grignoter quelque chose dans la cuisine. Reda y est, près du frigo. Fatma épluche des petits pois. Un pois tombe. Fatma se penche. Réda s'approche et lui caresse les fesses, sous les yeux de Lolita, étranglée.
Que faire? Crier au scandale? Tout foutre en l'air? En une seconde de sagesse/folie, Lolita s'enferme dans la salle de bain. Elle réfléchit, réfléchit (comme d'habitude) puis croit trouver la solution: Halim.

Home, bittersweet home

Parmi mes pouvoirs extra-lucides, je possède celui de recevoir la tristesse des autres; paf, comme ça. Suffit d'un eye-contact, de seulement une seconde pour que toute la tristesse d'une personne soit injectée dans mes veines. Pas pratique tout ça. Surtout dans mon boulot.
18h27, la semaine dernière, au resto Le Tajine, Jones St, San Fran.
Extérieur coucher de soleil. Couleurs pastel. Trois ou quatre taxis jaunes, un rouge. Bruits de ville.
Intérieur: cozy, crowded. La porte n'arrête pas son ballet. Entrent des dizaines de visages. Je dis des visages parce que c'est ce que je vois: des yeux et des bouches.
Les yeux sont presque tous tristes. Faut-il mettre ça sur le compte de la faim?
J'ai fini par créer deux catégories de Marocains dans ma tête: ceux qui ont vécu lghorba et ceux qui ne l'ont pas vécue.
Toujours est-il...Les Marocains que j'ai souvent croisés dans Tajine, ou ailleurs, ont ce bittersweetness dans les yeux. Moins bitter que les Algériens (théorie personnelle, subjective), mais triste quand-même.
On a invité Y. à notre table, les autres étant prises. Il a la quarantaine bien entamée, la cravatte rigolotte, l'air d'un Whitie. Il vit ici depuis 25 ans, gagne bien sa vie. On papote. On finit par partager les mille et une anecdotes du Maroc qui ne nous manque pas, celui de la corruption, de la misère, des handicaps administratifs. Entre deux dattes, on évoque les gueules hospitalières des barbouzes de l'aéroport. On fait passer les frustrations du dernier séjour avec une gorgée de thé à la menthe. On rajoute une nouvelle raison à laquelle on n'avait pas pensé avant à notre liste de "quand je serai grand, je veux avoir un passeport bleu". Des dizaines d'histoires qu'on a entendu mille fois et qu'on entendra encore. Maintenant, le retour sera-t-il le plus fort? Réponse personnelle dans 7 mois.

LL (2)

Je produis un talk-show sur une station de radio locale. Laila Lalami faisait partie des invités de notre dernier show. Vous pouvez accéder au fichier de l'enregistrement (non edité) dans le shared folder à l'adresse suivante: https://webfiles.berkeley.edu/xythoswfs/webui/najla
L'interview de Laila commence vers la 45ème minute. Il faut patienter le temps que le fichier soit téléchargé. Vous pouvez avancer la lecture du fichier car je ne pense pas que vous soyiez interessés par le vote californien sur l'avortement :)