Monday, October 31, 2005

Workaholic

Je suis le petit lapin rose en fin de course. Essoufflé. Essoufflé s'écrit-il avec deux F? Je ne sais plus. Tu réchauffes la pile entre tes paumes, en espérant secouer le jus mais il est trop tard. Je ne suis plus que deux pôles, à l'énergie intermittante.
Je suis la diva triste. Tu t'es extasié devant mes sandales à lacets, tu as admiré mes boucles d'oreilles Chanel assorties, tu as caressé mon boa blanc et tu t'es penché sur ma jupe. Tu m'as allumé une de mes nombreuse Virginia Slim, extra slim, extra long. Je trouvais que ça faisait très Chanel. Je les ai jetées dans un tiroir.
Je suis le mascara sur les manches de mon tee-shirt "baby-girl", pyjama attitré du soir. Le regard d'Adrien Brody dans Le Pianiste n'a épargné aucune larme.
Je suis le Running Rabbit, pas celui de Duracell, mais celui de ma marque de réglisse noire, qui est à mes nuits DVD ce que le pop corn est au cinéma.
Je suis l'adrénaline de ce matin. Le sablier a couru à toute vitesse alors que les Radioheads m'obéissaient. J'entends encore le compte à rebours.
Je suis morte.
Hugs, not drugs.

Thursday, October 27, 2005

Bombollywood

Merci à Lady M pour son lien. J'ai essayé. Voici le résultat: http://www.grapheine.com/bombaytv/play.php?id=123398

Wednesday, October 26, 2005

Madé (1)

Et si, après tout, tout moi ne serait pas moi si tu n'avais pas existé dans ma vie?
Je te revois comme une légende, la coiffure coquette, la robe seyante, le chapeau élégant, descendant du bateau à Tanger. C'était en 1921 et tu as quitté ta douce Montpellier pour suivre ton radio-journaliste de mari dans le Maroc sauvage. Tu n'étais ni riche ni belle, mais fine, cultivée et courageuse. Trois ans auparavant, la guerre a arraché de tes bras ta soeur unique, de deux ans ton aînée, qui a succombé à une méchante fièvre et n'a pas pu être soignée.
Tu as adopté le Maroc et le Maroc t'a adoptée. Jamais tu n'as voulu repartir. Malgré les divorces, les re-mariages, les chagrins, les pertes des êtres chers. Et lorsque tes parents ont à leur tour disparu, tu es devenue seule au monde. Ou presque. Mon père est le fils que tu n'as jamais eu. Vos photos en noir et blanc, à dos de bicyclette, traversant le Méchouar chaque matin, allant à la plage.
Moi, je suis dans ta chambre, assise face à toi et tenant la pelote de laine alors que tu files en me racontant des histoires, tes histoires. Et les heures de contes lus à voix haute? Et les maximes de La Fontaine recopiées consciencieusement sur un petit cahier gris? Et les heures à regarder TV5 dans le salon jusqu'à ce que tu t'endormes? Je te réveillerai doucement quand il sera temps pour toi de prendre ton petit roquefort avec du beurre et ton petit yaourt puis de remonter dans "ta tour" peuplée de livres, de souvenirs, de photos et de ce vieux transistor qui grondait la nuit, lorsque Morphée s'obstinait à ne pas te rendre visite. Je te récite des poèmes et tu me répètes pour la énième fois qu'"il ne fait pas faire confiance aux hommes, ils n'obéissent qu'à leurs queues". Tu m'appeles "ma cocotte" et me mouilles les joues deux fois par jour. Je te revois encore te maquiller et te parfumer pour descendre manger.
Allais-tu fêter tes 100 ans? Je te promettais un beau cadeau si tu tenais bon, je te croyais immortelle. Mais tu m'as lâchée quelques semaines avant. J'étais seule avec ton corps lorsque le froid médecin est venu signer le certificat de décès. J'ai pleuré longtemps. Je ne suis pas allée à tes funérailles. Je ne suis jamais allée au cimetière où tu es enterrée. Je ne t'ai jamais enterrée.

Héroïne locale

"Zaïna, Cavalière de l'Atlas", sort le 26 octobre en France. J'ai hâte de lire les critiques, puis de le voir.
Check out the website, original comme le film:
http://www.zaina-lefilm.com/

Tuesday, October 25, 2005

Ass-shaking battle

Alors là, je devais être complètement coupée du monde pour rater cette chose. Je ne croyais pas que ça pouvait exister, quelque chose de pire que la Star Ac'. Mais au moins, pour une fois, le nombre des filles blacks ne répond pas à un besoin de quota. Les vidéos de danse (euh...) et de "dialogues" entre candidates sont à ne pas rater. Une battle-interview entre une "artiste" disant qu'elle pourrait chanter même (!) du Gainsbourg (lol) et l'autre qui disait qu'"on ne peut chanter que ce qu'on aime", était à peine croyable. Quant au chant, je vous laisse apprécier...

Googlism.com

J'ai entendu parler de Googlism pour la première fois hier soir, alors j'ai décidé de voir ce que ça donne avec "Maroc". Surprenantes contradictions.

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Salim, UHT-boy

Salim est un mec "gentil". Vous connaissez, vous, les mecs "gentils". C'est à dire pas assez beau pour être "beau", pas assez méchant pour être autre chose. Il est juste gentil. "Wougoudou zayi 3adamou", a dit de lui un jour S., la méchante langue du lycée. Salim a toutes les qualités du monde. Il est galant, attentionné, fait sa prière et n'oublie jamais les anniversaires des uns et des autres, même si j'ai fait un sondage et ses amis s'accordent à dire qu'il est né aux environs du 2 juillet, mais ce n'est pas sûr. Tout ce que l'on sait, a dit la délicieuse Soukaina (qui paraît encore plus délicieuse maintenant qu'elle a enlevé son appareil dentaire); c'est que c'est un Cancer, car on lisait l'horoscope du Matin du Sahara ensemble, tous les matins avant d'entrer en classe.
Les jolies filles de l'entourage de Salim l'adorent toutes, "comme ami". Ah la phrase fatale! Forcément, il s'imagine comme un "qadouss", où tout est déversé, où sont vomies les histoires d'amour, de rupture, de jalousie. Il est l'ami de tous alors que personne n'est son ami à lui. Pas de place dans ce monde pour les gentils, s'est-il dit. Alors, fatigué de son boulot de merde, de sa personnalité de merde qui ne lui a rien fait gagner de concret, Salim s'est longuement préparé à émigrer au Canada. Il n'a rien dit à personne. De toute façons, personne n'a posé de questions. Un jour, Salim a pris ses cliques et ses claques et s'en est allé sur le bout des pieds. Je ne sais pas combien parmi ses amis s'en sont rendus compte...

Monday, October 24, 2005

LL

Connaissez-vous Laila Lalami? Cette moorish blogueuse serait la première blogueuse marocaine puisqu'elle est présente sur la blogoma depuis octobre 2001. TelQuel lui a réservé un portrait dans le numéro de cette semaine. J'ai rencontré Laila aujourd'hui à Berkeley, où elle est venue présenter son livre: Hope and other dangerous pursuits.
Le livre, en gros, suit quatre Marocains candidats à l'émigration clandestine, sujet ô combien d'actualité. J'ai toujours été passionnée par les trajectoires migratoires. La thèse de mon premier Master était d'ailleurs sur la lutte contre l'émigration clandestine dans le cadre de la gestion des frontières UE-Maroc. Cet été, je devais faire un documentaire au Maroc sur les camps de Belyounech et de Gourougou, chose qui ne s'est pas faite. Et je m'en mords les doigts tous les jours.
Alors maintenant, c'est extrêmement frustrant de lire toutes ces news et de pas pouvoir prendre le premier CTM pour aller voir de ses propres yeux.
Quant au livre de Laila, je serai très heureuse d'en parler dans un article à paraître bientôt dans La Vie Eco.

Sunday, October 23, 2005

Jeu, set et match

A. est la fille unique de deux médecins de Rabat. Jolie, timide, douce. Elle a toujours été plutôt gâtée, plutôt surprotégée. La meilleure école, la meilleure prof de danse classique, les plus jolies robes, la plus jolie des chambres à coucher. Bref.
Les parents de A. ont toujours tenu à ce que son agenda soit plein et bien organisé, de manière à ce qu'elle ne se retrouve pas seule à la maison, lorsque les deux sont encore au cabinet, qu'ils partagent soit dit en passant.
Chaque mercredi après-midi, A. avait cours de tennis. Comment une jeune fille bien éduquée à Rabat pourrait-elle échapper aux incontournables cours de tennis?
Là encore, A. avait droit aux plus jolies jupettes de tennis, Dunlop, Nike, Puma...Espadrilles assorties. Les parents de A. connaissaient cet entraîneur de tennis, un moustachu assez svelte, aux mollets parfaits, ancienne gloire dont les dizaines de trophées moisissent dans son petit studio, à deux pâtés du club.
Chaque mercredi après-midi donc, Mme le médecin dépose sa petite A. à la porte du club, s'enquiert de ses progrès auprès du moustachu et s'en va à son cabinet après lui avoir laissé une petite enveloppe. Chaque mercredi, dès que Mme le médecin disparaissait dans sa Mercedes 190D, le moustachu entraînait la petite A. vers son studio. A., trop jeune pour comprendre, se laissait déshabiller et tripoter par l'entraîneur. Pendant deux ans, il lui a fait passer ce test d'endurance avant de l'emmener sur le court. Chaque fois qu'elle revenait de son cours, A. courait aux toilettes, ressentant une vive douleur. Aujourd'hui, la ravissante A. est en faculté de médecine de Rabat. Chaque fois qu'elle entend le mot "tennis", elle se réfugie aux toilettes pour faire pipi.

Guerres et paix

Ok. Je capitule. Voilà pourquoi je suis overly stressed ces derniers temps: j'ai décroché le sponsoring de PBS pour la première partie de ma thèse. Je m'en vais en Bosnie faire un documentaire pour Roughcut/Frontline World, simplement le programme le plus prestigieux en international reporting.
Ha!
Oui.
=obsession jusqu'au jour du départ, boutons, migraines, estomac noué, engueulades, espoirs, jalousies, dizaines d'emails envoyés, paperasse admnistrative, cartes téléphoniques, interviews, livres, cartes, traductions à la pelle et...beaucoup de doutes.

Friday, October 21, 2005

Cal Vs SJSU

Je me félicite tellement de pas avoir résisté! Un délice je vous dis; un délice. Comme dit Garamud, bénis soient les DVD.
Du coq à l'âne, je reviens de mon premier match de ice-hockey. Violent quoique poétique je trouve: la petite palette qui glisse sur la glace, l'aisance des grands joueurs baraqués sur leurs patins (outqoul wach chi wahed zouine), leurs gestes de pingouis lorsqu'ils tombent (héhéhé, ça m'a rappelé La Marche). A part ça, très américain: hard rock à fond dans les oreilles, drapeau US, palomitas et supporters enragés. Mais qu'est ce qu'on se les gelait!
Pour finir, une jolie phrase de mon ami Fayçal, qui m'a fait réfléchir: "quand on n'a pas ce qu'on aime, on aime ce qu'on a".

Thursday, October 20, 2005

Circulez, y a rien à lire...

Je fantasme en lisant et relisant la recette de Nawal pour préparer du za3louk. Je fais du calcul mental pour savoir combien de grammes d'aubergines et de gousses d'ail suffisent pour une seule personne. Mais, un moment, mes portions ne sont pas celles d'une personne, surtout en matière de za3louk, de préférence avec du pain chaud. Aie; je fantasme again. Ici, ils servent un ersatz de za3louk dans les restos middle-eastern (trop fatiguée pour chercher la traduction). Ils appelent ça "eggplant caviar". Pour moi, c'est mieux que du caviar s'il est bien fait, à la maison. Ah le Maroc au Ramadan, les haleines fétides, les colères de jouj derial, la libération des moeurs post-ftour. Il est 15h27, je suis en mode productivité 0. Mon cerveau est branché sur deux, trois thèmes. Je suis rentrée chez moi m'attendant à trouver la livraison d'un DVD. Je me réjouissais à l'idée de plonger dans ma bulle et sous ma couette et de dédier mes yeux à deux heures de contemplation cérébrale. A l'eau. Boîte postale vide. Je lorgne en direction de mon coffret Miyazaki, l'intégrale de ses oeuvres en 17 DVD. Je résiste. Et puis, tant pis. Je résiste plus.

Midnight delirium

Mon sommeil ne ressemble plus à rien depuis que j'ai acheté un vrai lit. Je pense avoir besoin d'un tatami plutôt, quelque chose qui soit proche du ground. Mes rêves ne ressemblent à rien, mes personnages me déçoivent, mes lieux sont méconnaissables, mon subconscient tourmenté. Chaque réveil est une épreuve, la grimace bien éveillée, les paupières collées et le tâtonnement une habitude. Je cherche de mes yeux à moitié clos le laptop, compagnon tellement intime que je l'appele Toto. Si ce n'est pas pathétique. Détour par la sdb le temps que la machine démarre, tour d'horizon de la correspondance virtuelle, des favoris blogomatiques, des news déprimantes. Coups d'oeils furtifs au sablier. Emballage des kilogrammes de documents et de readers, course effrénée pour attraper le F line, toujours ponctuel quand Najlae a 30 secondes de retard. Observation des énergumènes studieux assis dans le bus. Questionnement perpétuel sur notre relation avec l'espace. Je flotte dans une bulle. Ma migraine reprend, signe imminent de départ. Destination: rêves. A toute à l'heure, après la grimace.

Wednesday, October 19, 2005

Ode au Ramadan

I climbed the roof to see the Moon,
Because I really missed fasting
By heart and soul.

I lost my hat while looking at the Moon.
The Sultan of fasting made me drunk.

O Muslims, I have been drunk
Since that day I lost my mind.
What a beautiful fortune fasting has,
What a wonderful glory.

--Rumi

La Media Vuelta

by José Alfredo Jiménez

Te vas porque yo quiero que te vayas
A la hora que yo quiera te detengo,
Yo sé que mi cariño te hace falta
Porque quieras o no
Yo soy tu dueño

Yo quiero que te vayas por el mundo
Y quiero que conozcas mucha gente
Yo quiero que te besen otros labios
Para que me compares
Hoy, como siempre

Si encuentras un amor que te comprenda
Y sientas que te quiera más que nadie
Entonces yo daré la media vuelta
Y me iré con el sol
Cuando muera la tarde

Tuesday, October 18, 2005

Pêches et nectarines

Le soleil s'est couché sur mon rêve. Finalement, peut-être que ce n'était pas le mien. Je me suis juste introduite comme une voleuse, j'ai regardé, en voyeuse, j'ai ri, embrassé, mordu, un fruit qui ne m'était pas destiné. A quoi sert le destin s'il nous rend tristes parfois, impuissants?
Je pourrais te mentir pendant des lunes, te dire que chacun suit une voie, que nos chemins se séparent là. Ne jamais croire ce que je dis. Tu me connaîs maintenant. Tu sais que je déjouerai les autoroutes du destin pour que l'on se retrouve, étrangers intimes, tvai glaza complice de la mienne. Je feignerai d'être devenue forte, de ne pas avoir besoin de ton épaule, d'avoir "grandi", d'être devenue une "femme qui assume". Tu sais, toutes ces illusions qui s'estompent une fois qu'on se rend compte que ce sont les mêmes sentiments de petite fille qui reviennent comme un refrain.
Je suis née trop tard. On ne veut pas être possédés, mais on l'est déjà, au moins par nos destinées.
La couleur pêche sied si bien à mon teint? La tristesse de mon caprice envolé ne lui va pas du tout. Mais mes yeux, habitués maintenant, sauront rire à nouveau, dans un visage tristounet. En attendant que mes joues s'empourprent à nouveau, en allant chercher l'huile d'olive.
Yetib...

Monday, October 17, 2005

Wind Blowers

Je suis apaisée. Ca ne m'était pas arrivé depuis une éternité et un jour, éternelle tourmentée que je suis (clin d'oeil à LaSeine). Ainsi, parfois, les discussions servent-elles à quelque chose. Ainsi, parfois, on vide son coeur pour une raison. Parfois, on se regarde entre quatre yeux et on se dit ce qui nous a fait et nous fait souffrir. Il y a des millions de non-dits qui transparaissent pourtant, sans qu'on le veuille.

"Je ne sais pas pourquoi mon coeur bat ainsi pour toi".

I sip my coke. No more coke but a little bit of melted ice. I think to myself I should maybe think of ordering something else when I'm in a bar, coz when my words betray me, I'm in a bad situation, just looking at the table.
This time, I'm lucky: the table is wooden, dark and beautiful. I try to scratch it with my long nails (yes Nagomi, they are natural).
Dans ma tête, je poursuis en courant le fil de mes pensées, volé par Arianne. Je le retrouve enfin mais mes yeux se refusent à uniformiser ma parole et mon comportement. Vous avez déjà vu des yeux qui rient? Regardez les miens, parfois.
Je suis troublée. Quelqu'un me fait un effet que je voudrais dissoudre comme un Doliprane effervescent. Je me sens comme un gosse à l'avant de la motocylette de son papa, les dents ramassant toutes les mouches du trajet car il n'arrête pas de sourire. La Sierra Nevada est finie. Le sablier s'est retourné et il est temps de se rendre compte que tout n'était qu'une abstraite parenthèse dans le temps qui ne se passait que dans ma tête. Wake up little bee.

Friday, October 14, 2005


Warner Independent Pictures'

Tuxedo time

J'ai enfin vu la marche des pingouins. C'est vraiment magnifique, minutieux, poétique et...triste. Enfin, moi j'étais triste. Je larmoyais pour ces douces créatures, croisement hybride entre un cygne, un panda géant et une tortue des mers.
Alors, en gros, les pingouins, leur vie, leur survie dans peut-être l'endroit le plus beau du monde et sûrement le plus cruel.
C'est surtout et d'abord une histoire de famille: des couples qui se courtisent lentement et avec douceur, les cous se rejoignant en un arc gracieux, les oeufs que l'on protège à tout prix du blizzard, quitte à rester affamé pendant des mois. La maman et le papa se relaient inlassablement, au prix de leurs vies, vont chercher de la nourriture, reviennent, repartent. Puis c'est l'histoire de la survie: on déménage à chaque saison, on marche sur ses petites pattes ou on glisse sur son buste (vive les créatures sans seins!) sur la glace; on se serre les uns contre les autres pour créer un peu de chaleur, on essaie d'éviter les crocs du morse ou les griffes du pélican.
Je me mouchais quand Morgan Freeman a dit: "for the mothers, the loss is unbearable". Comme dirait ma maman: "lhla yi7re9lina chi kebda".
C'est l'histoire de Sounnate al hayate: les vieux cèdent la place aux jeunes, des bébés ne survivent pas, les parents se donnent corps et âme, si l'on puit dire. Et puis, à la fin, lorsque les bébés peuvent se débrouiller finalement tous seuls, les parents repartent sur la banquise. Et mon interprétation personnelle évidemment, c'est le chemin blanc de la mort, appelez-ça comme vous voulez. Ils partent en silence, patte derrière patte, alors que les petits pingouins tous gris, sortes de peluches au duvet soyeux, se préparent à leur tour à...plonger dans l'eau glacée.
A Luc Jacquet, je dis chapeau.

Nobelitudes

Finalement, ni Kundera ni Adonis ni Chraibi (soupir). Que valent les prix si la reconnaissance est deja dans nos yeux fatigues de lire et de relire et dans nos doigts froids rechignant a rester sous la couverture et tournant inlassablement les pages du Folio pour lequel on a decide de sacrifier 79 dirhams TTC meme si on aurait pu l'acheter a 10 dh chez Abderrahim le bouquiniste?
Les enfants, pour cette phrase interminable, je me serais faite renvoyer de l'ikole de journalisme. Peace & Nobel a tous.

Wednesday, October 12, 2005

Recu, dans ma boîte aux lettres

Je suis soul je mens pas

Je suis soul mes mots ne m’appartiennent pas

Sais même pas pourquoi je t’écris

Une voix intérieure me dit t’es belle t’es à moi

Tu liras ces mots tu verras

"X" n’a jamais rien oublié de toi

J’ai que ces mots mais ils sont pour toi

Tu peux les travestir leur tordre le cou

Ils sont à toi

Cruella, cybergirl

Elle essayait de me persuader qu'elle n'était pas cruelle, "juste pratique". Elle me montra l'ampleur de son organisation : chacune de ses sept adresses email comportait des dossiers, classés par ordre alphabétique et portant le nom ou le surnom de ses soupirants virtuels. Non pas qu'ils n'existaient pas. Mais elle arrivait à entretenir tout son mystère juste par email et par chat. Lettres, réponses, cartes virtuelles, petits mots érotiques, tout y était. Elle avait la manie de copier-coller chacun de ses chats qui, parfois, duraient d'interminables heures, juste "pour garder la trace de la discussion". Plus tard, elle relirait le dialogue, s'extasierait devant son sens de la répartie, se flatterait des milliers de doux qualificatifs employés à son usage, se délecterait des sentiments qu'elle crée chez ces gentilhommes du clavier.
Un dossier sur le bureau de son i-book portait le nom de "Facebook". Elle ne regardait jamais les photos, mais se faisait un plaisir de me les montrer un à un en détaillant nom, ville d'origine et profession. J'ai remarqué qu'elle était passée rapidement sur deux d'entre eux. "Tu ne peux pas savoir quels hommes soi-disant respectables perdent leur temps à flirter sur le net", chuchotait-elle.
Je ne sais pas où s'arrêtait la ligne. Je n'ai jamais osé demander. Chipie comme elle est, elle pourrait me dépecer à l'endroit et me photographier pour son catalogue de victimes. Je restais silencieuse lorsqu'elle recevait, encore, un appel. "Ces mecs en veulent toujours plus. Tu leur laisses des messages, ils t'écrivent, tu leur donnes ton numéro, ils insistent pour te voir. Racaille".
"Mais toi non plus, tu n'es pas sahla" ai-je eu l'affront de dire. "Mais ma poulette, tout ça, c'est juste pour me remonter le moral dans quelques années, me dire que j'avais du succès". Je ne savais pas si elle était sincère ou cynique. Mais j'ai eu soudain froid, réalisant combien elle devait se sentir seule pour faire ça, et misérable.

Tuesday, October 11, 2005

Chute libre

ISRAËL - Le suicide est la première cause de décès parmi les soldats
"Durant l'année écoulée, 30 soldats israéliens se sont suicidés. Parmi ces suicides, 15 ont été commis durant les trois derniers mois. Dans la plupart des cas, l'armée israélienne n'informe pas le public des suicides qui ont lieu dans ses rangs", rapporte le Jerusalem Post. Cependant, cette situation a jeté le trouble au sein de l'armée et, lundi 10 octobre, une réunion spéciale a été organisée par les responsables militaires afin de débattre de la question.

"Au rythme actuel, un suicide a lieu tous les dix jours, ce qui en fait la première cause de décès parmi les soldats. En effet, le nombre de morts par suicide est supérieur à celui résultant d'opérations militaires, d'accidents durant les entraînements ou d'accidents de la route", poursuit le quotidien israélien. Selon des sources militaires, quatre soldats sur cinq qui se suicident n'ont jamais consulté pour des troubles mentaux. "Pour la plupart, ils ont agi sous l'impulsion du moment et utilisé des armes appartenant à l'armée. Selon le colonel Gadi Lubin, médecin responsable du département de la santé mentale au sein de l'armée, il existe un lien direct entre le port d'arme et le suicide. Il propose de revoir le système de distribution d'armes durant les diverses périodes du service militaire, en estimant que si les fusils sont moins disponibles, le nombre de suicides baissera."

Mais tout le monde n'est pas du même avis. Pour certains, "le taux de suicide de jeunes soldats israéliens est similaire à celui constaté en Occident au sein de la population du même âge". D'autres estiment même que "l'expérience militaire joue en faveur de la diminution des suicides, car elle développe l'esprit de solidarité et aide à l'accomplissement personnel". Toujours est-il que la semaine dernière, certains soldats et jeunes recrues se sont vu interdire le port d'arme durant leur permission, signale le Jerusalem Post. "La décision a été prise pour prévenir des vols mais également pour rendre plus difficile le passage à l'acte suicidaire."

From Courrier International

Premios

Jeudi, on annonce les prix Nobel de littérature. Je croise les doigts pour Adonis ou Kundera. Ca ne va pas changer le monde mais ça me ferait plaisir. Très plaisir.

Monday, October 10, 2005

Goodbyes (3)

Ainsi, voici ce que nous sommes devenus: des étrangers chaque jour encore plus. Je ne sais pas s'il vaut mieux en rire ou en pleurer. Où sont passés les regards de braise, les baisers volés, les références dans chaque mot, chaque phrase, les journaux effeuillés, moi les pages internationales, lui la politique et les lettres. Où est le printemps de tous les jours, qu'il neige ou qu'il vente? Frank Sinatra ne chante plus au réveil et les petits-déj sont de vulgaires barres de céréales avalées dans le bus. Il n'y a plus personne, au-dessus ou en-dessous de la peau. Les Simpsons sont regardés comme des medicaments qu'on s'efforce de prendre tous les jours. Les cafés sont solitaires et les thés silencieux.
Respirer surtout, mettre un pied devant l'autre, se rappeler que l'on avait une vie avant, se souvenir de ses goûts, de son indépendance, des autres raisons de sourire, de rire, d'autres manières de plaire, de se plaire, sans que cela ne soit conditionné par une autre moitié.
Se relever, plus fort, ou moins vulnérable. Se convaincre que ça existe. Se forcer à y croire. Se limiter au positif. Se borner à quelques souvenirs, mais oups, ça déborde.
Je vole un regard à sa nuque. Ses cheveux ont repoussé, comme avant...Je viens d'écourter les miens mais mes boucles crient à la vie. Deux mots échangés dans le jardin sur le dernier texte de Naguib Mahfouz. Je quitte le terrain même si je veux rester. Se forcer à y croire, malgré soi.

Thursday, October 06, 2005

Radiohead

Welcome to Radio Land. Je ferme la porte du monde extérieur menant à moi et me menant à lui. Je plonge dans le fauteuil, vérifie les bras, je fais claquer les os de mes doigts, je retire mon alliance. Je n'ai jamais compris pourquoi je retire mon alliance, je ressens juste le besoin d'être spirituellement nue, de n'appartenir à rien. Et je deviens une voix, seulement une voix, et des yeux fixés sur le sablier du programme.
Mes oreilles sont englouties par les écouteurs Sony, qualité de son maximale. Mes yeux sont remplis de la vitre qui me sépare de l'indifférent ingénieur. Mon coeur bat, fort. Mes mains tremblent sur chacune de mes notes au stylo Pilot mauve. Je pense à vous, toi, toi, toi et toi, dans la voiture, dans la cuisine, en voix-off, au bureau, sur internet, pendant l'amour. Et moi, je balance l'amour dans chaque corde vocale.
Je fais de chaque syllabe un pont, des ponts, des phrases, des projections, des souvenirs.
Le sablier est retourné. A moi la course, dans l'espace. C'est comme faire la planche et regarder le soleil dans les yeux. On est soulevé, on flotte. Et le silence. L'écho de l'égo dans le crâne.
Je supplie le sablier de ne pas courir trop vite. Mes idées résonnent alors que je vois mon reflet dans la vitre. Je suis seule au monde et si proche de toi. Me sens-tu, à côté? Je déploie les muscles de mon imaginaire pour que tu m'écoutes mieux, mais tu n'en fais rien. J'y mets des rythmes et du sang, de l'inespéré et de l'inattendu. Tu tends l'oreille peu à peu. Mais ma voix est soudain coupée, on ne me voit que mimer à travers la vitre. Le sablier est déjà vide. Peut-être demain?

Monday, October 03, 2005


Lettre du grand méchant loup

Petit chaperon rouge,
Les moutons, y en a plein les rues, mais tu es le seul agneau que je veux, dans toutes les sauces. Grillée, je lècherai ta peau croustillante, la tremperais dans du sel, puis du cumin, en bon loup marocain. Marinée, je te laisserais sur le feu de mon désir gorgée d'ail, mon condiment préféré, puis je te décorerais de piments rouges et verts. Je me demande quel légume t'acompagnerait le mieux. Je pourrais t'étaler sur des toasts avec de la tappenade et de l'huile d'olive, je pourrais te déguster en sorbet, en entrée, en infusion. Car je le sais: tu es bonne et ton jus ne peut être qu'un nectar digne des dieux. Pour l'instant, je rêve en suivant ta silhouette dans la foule. Pourquoi prends-tu les grandes artères? Qu'est ce que je donnerais pour que tu te faufiles dans les petites ruelles de la Médina. Te voilà qui t'arrêtes à une téléboutique. Le bonhomme qui te donne la monnaie te dévore des yeux. Je les lui crèverais si je ne le comprenais pas! Nous ne sommes que des êtres humains après tout..
Je voudrais être le combiné téléphonique que tu tiens dans les mains, impatiemment. Tu lui susurres des choses doucement, très doucement, les cabines étant si impersonnelles et l'écho si puissant dans ces échoppes de misère!
Tu raccroches et tu ressors de la téléboutique sans un bruit. Tu rabats ton capuchon rouge sur tes cheveux de miel, tu marches vite. Il pleut sur la ville et sur l'ange de la ville. C'est le ciel qui doit pleurer.
Tes bottes rouges assorties à ton manteau battent les pavés. J'ai des envies masochistes de soumis, à ton unique service. Difficile de te suivre, sens-tu le danger derrière toi? Je halète dans les rues, je bouillonne, je fatigue. Ta jeunesse me largue au coin d'un derb perdu. Tu disparais derrière une lourde porte en bois.
Peut-être es-tu dotée d'ailes non visibles à l'oeil nu, mais donne-moi seulement l'occasion de t'examiner, de t'ausculter, de t'observer au microscope. Il doit y avoir un secret à tant de beauté. Quelque chose dans les gênes, dans l'air, dans la nourriture. Des êtres comme toi ne doivent se nourrir que de pétales de roses.
Mais où es-tu donc? Tu ne ressors plus de ces murs. Je ne peux t'imaginer qu'au chevet d'une grand-mère malade, à qui tu administres quelque médicament. Ressors vite, petit chaperon rouge, j'agonise, je tourne en rond, j'aboie comme un chien des rues, comme un chien des ruts. J'ai besoin de toi. Je serai la fourrure de ton plancher, où tu poserais tes pieds fins et délicats au réveil. Je serai ton toutou, ta peluche, ton esclave. Non, ton esclave, je le suis déjà.

Sunday, October 02, 2005

Saturday destinations

Je sors un peu frustrée d'Occupied Minds . Cette impression de déjà-vu, déjà-vécu, déjà pleuré avec des larmes différentes et un coeur qui saigne. Et puis quoi? Et puis rien. Les discussions sur la Palestine se sont perdues dans le labyrinthes des plans et des pourparlers.
Je sors avant la fin de la discussion. Il est 21 heures, plus que temps que je déjeune. J'agonise. Je renverse mon soja sur les genoux alors que j'essaie d'avaler un gros morceau de sushi.
En groupe de 15 personnes, on se dirige vers le bar Jupiter. Je dois partir à la soirée d'anniversaire de Tim et de Sudhin. Je quitte les Arabes et je rejoins mes camarades, déjà bien avancés dans le processus de la saoûlerie collective. La plupart décide d'aller poursuivre la danse à San Francisco. Au club sénégalais "Little Baobab", on se serre comme on peut, mais la "piste" est vraiment minuscule et on étouffe avec toutes les bonnes odeurs de nos frères africains dansant autour de nous. Magic System, Mami, Samira Bensaïd me remettent un peu dans l'ambiance et je crie de tous mes poumons "que tous ceux qui sont dans la salle...lèvent le doigt!", pathétique ghorba...
L'After est chez Aaron, le même qui avait organisé la soirée la plus délurée pour Halloween. On débarque dans cette maison de fous, où 17 personnes co-habitent en harmonie. On se pose dans une des pièces communes, aux fauteuils rouges, aux inscriptions sur les murs et aux mains ensanglantés au plafond. Aaron se met au clavier de son orgue, je joue de la guitare, Lucky se saisit du tam-tam. Ca dure un temps indéfinissable, beau. La roommate d'Aaron débarque, une belle noire, danseuse professionnelle. Elle disparaît. Puis apparaît un troupeau d'une vingtaine de personnes, des gays, des trans, des travestis, des filles belles avec des piercings partout. Ils se posent par terre, sniffent des choses, boivent, disent des choses aussi attendues que "après tout, qu'est ce que l'art?". C'en est trop pour nos petits cerveaux de journalistes. On s'engouffre dans la voiture de Sudhin. La ville paraît si belle du pont. On est suspendus entre les lumières de la ville et celles de la vallée. C'est beau. Je m'endors les yeux grand ouverts.

Saturday, October 01, 2005

Crush du moment, éducatif fictif

En appuyant sur "send", j'aurais voulu revenir en arrière de quelques minutes, écrire l'email différemment, lui dire combien il est un excellent professeur, combien c'est un plaisir pour moi de venir tous les jours, que l'heure quotidienne passe très (trop?) vite.
Mais lui, c'est le genre distant. Très distant. Alors, pas de faux pas.
Le premier jour, il m'a semblé très grand, trop grand, mince. Et ses cheveux, qu'est-ce qui lui prend d'avoir des cheveux si bouclés jusqu'aux épaules?
Je m'asseois toujours au fond. Je ne le quitte pas des yeux. Ce n'est pas de ma faute si il donne envie de le regarder. J'aime les hommes qui, plus on les regarde, plus ils donnent envie de les regarder. C'est rare.
Aujourd'hui, il a dit "tu n'es pas venue hier". Une fraction de seconde, il me regardait, moi. J'en étais toute émoustillée.
Chez lui, chaque geste, chaque mot, est pensé. Très méthodique, très organisé. Peut-être suis-je simplement attirée par tout ce qui ne me ressemble pas. Et sa voix, mon Dieu, sa voix, je vois chaque mouvement de ses lèvres au ralenti, je guette les débuts des commencements de ses sourires et ses dents impeccables. Oui, d'accord, il a cette ride du lion, celle des inquiets éternels. Mais dans son cas, la beauté vient en regardant. Et quand je le regarde, je sais qu'il a -déjà- tout fait: je sais qu'il connaît bien Paris, qu'il a vécu à Madrid, qu'il a monté les marches des pyramides de Teotihuacan, qu'il a pris des bus poussiéreux, des taxis surchargés, qu'il a rencontré des gens de toutes les couches, qu'il est passé par tous les métiers. Il me reproche de ne pas avoir compris une expression, j'explique pourquoi Lopez Obrador est un candidat intéressant pour les élections mexicaines de juillet. Je demande s'il sait où je peux trouver un Bescherelle, ah ces fameux Bescherelles.. Il arbore un grand sourire, j'ai encore des milliers de questions. Trop tard. L'heure est finie. L'heure passe toujours trop vite.