Tuesday, September 26, 2006

Quelque part sur la West Coast


© Amal E.

Je t'emmènerai aux portes du désert
Pour voir tes orteils nus
Me sourire

Monday, September 25, 2006

Everyday is today

Je n’ai pas été déçue par l’équinoxe. Mon cœur enturquoisé dit que « lb7ar dayer lagroune ». J’adore cette expression. Même le ciel est coupé en deux. Ness mremdene ou ness fer7ane.
On était posés sur le sable. En fait, dans le sable. Manu et Halim faisaient voler un énorme cerf-volant bleu. Abdellatif se faisait courtiser. Hamid m’a parlée un petit moment pour me dire que les sacrifices qu’il a fait n’ont servi à rien : son père est décédé et il a dû lâcher ses études pour aider sa famille à subsister. Manu me dit qu’il a intégré l’armée de l’air et qu’il s’est même pacsé. « O. Tiyara » nous raconte comment un seul prof, à l’école de formation hôtelière, lui a donné envie de se surpasser dans son boulot. Si rare.
Zoom arrière. C’est comme si j’étais jamais partie. Tiyara me dit : « nti mazala Casa, sa7afa » ? Comme si j’étais jamais partie.
Mais si, je suis partie. Et ouais ça me dérange que des p’tits cons pissent du haut du pont sur les voitures qui filent sur l’autoroute. J’en ai voulu aux deux mecs qui ont essayé de me voler mon portable jusqu’à ce qu’une voiture leur rentre dedans devant mes yeux.
Zoom avant, sur les visages des petites filles qui traversent la voie pour aller à l'école en se tenant par la main. Elles ont des tabliers roses et des traits qui pourraient sortir du Schezuan. Un mec sur une 103 roule sur le quai. Il fait de grands signes à un autre qui garde des chèvres. Des ouvriers travaillent sur la voie, au loin, puis bougent lentement en voyant le train approcher. Paris-Texas.
C'est le matin et les premières classe s'informent sur les holdings royaux dans TelQuel. D'anciens camarades de collège, autrefois beaux gosses, aujourd'hui aux crânes dégarnis, fanés et ventrus, entament une deuxième mi-temps d'une courte nuit, la bouche ouverte. D'autres finissent une présentation powerpoint. Et j'écoute Hit Radio en rêvant aux regards du Schezuan.

Friday, September 22, 2006

Pirates of the Casableecans

Le piratage est dans les news, avec cette nouvelle campagne du gouvernement publicisant les punitions prévues par la loi à l'encontre des "pirateurs" (je vous jure qu'on me l'a sortie un jour, celle-là) et les clients. Car, figurez-vous que vous pouvez être arrêtés pour avoir craqué sur Rabbi Jacob qui vous faisait de l'oeil à la joutia. C'est ce que m'a affirmée un ami, communicator pour raisons alimentaires et grand faiseur de choses et de mots.
Et donc, voilà que le gouvernement marocain, soudain -je répète: soudain- arrête et saisit des Adil Imam, des Gad el Maleh, des intégrales MP3 d'Oum Kalthoum. En tout et pour tout, 1.5 millions de CD piratés ont été confisqués.
Maintenant, pour combien de temps cela va-t-il continuer? Le gouvernement est-il assez naïf pour croire que ça va dissuader les gens? Vont-il chercher à soigner le mal à la racine, chez les compagnies qui fabriquent les CD piratés? Et enfin, la question que l'on se pose tous: à quand le DVD collector original director's cut du Parrain à 30 DH?

Tuesday, September 19, 2006

Scouila

Je regardais tout à l'heure un reportage sur la violence à l'école. C'était parfois très émouvant, surtout lorsque des enfants parlaient de coups assénés par leurs professeurs, sur les mains, les pieds, avec des compas, des bouts de caoutchouc, etc. Ils parlaient aussi de cette torture psychologique dont on maîtrise si bien l'art au Maroc. "7mar, nta ma kateswach", "mkellekh". Yavait une psychologue qui analysait le discours des enfants. Il y en avait un qui disait que le professeur ne le battait que si il faisait une faute grave, qu'il ne comprenait pas quelque chose ou qu'il n'arrivait pas à se souvenir d'une formule, d'un texte.
Moi, je ne me souviens pas d'avoir vraiment pris des coups à l'école, ptêtre 6-10 coups à la mistara au primaire. Par contre, aucune mémoire, incapable de retenir la moindre ma7fouda. J'avais cette prof, qui s'appelait Miloudia. Elle aimait beaucoup mes essais mais détestait mon inaptitude à garder un vers de poésie en tête. C'était un véritable problème. Chaque semaine, le même topo, elle m'appelle, je me lève, je dis que je ne sais pas, elle me sebben, je me rassois. Un jour, elle me prévint: la semaine prochaine, si je te dis de réciter et que tu ne sais pas, c'est un zéro à l'oral. Je passai toute une soirée à essayer de me concentrer sur le poème "Assa3a", décorée d'un ersatz de dessin d'horloge, je me souviens. Je trouvais le poème insipide et débile. Quelques heures plus tard, à regarder mes orteils et à chanter Ace Of Base, je baissai les bras: il me fallait un plan machiavélique.
Le lendemain, cinq minutes avant le début du cours, je tremblais: j'étais foutue. Je tapais du poing sur la table lorsque j'ai été illuminée: la table! Je recopiai à la hâte ce que je pouvais. Miloudia s'avançait déjà avec son interminable queue de cheval rousse se balançant dans son dos. Deux minutes plus tard, j'entends mon adorable prénom prononcé avec la plus grande des tendresses. Je me lève, penaude. Elle me lance un: "3erdi!". J'hésite puis commence: "3aqaribou assa3a", etc. en lisant mon écriture sur la table, digne d'un médecin russe. Arrivée au deuxième quatrain, Miloudia m'arrête, stupéfaite de mon "accomplissement". Ca tombait bien, je n'avais pas eu le temps de recopier le reste. Ca m'a sauvée cette fois-là, mais j'ai quand-même eu un 3,5 en tarbia islamia. Heureusement qu'il y avait un 17 en éducation physique. Sacrée éducation.

Sunday, September 17, 2006

Winds of change

J'aborrhe les rentrées scolaires, les mines défaites des papas découragés par le prix du pastel turquoise; indispensable à l'éducation artistique de nos jeunes. Je répugne les longues listes d'attente au Marjane, les cahiers Sindbad, les équerres qui piquent l'as de coeur. Je déteste les courses pour les cartables que l'on trimbalera toute l'année. J'en veux au soleil qui se couche de plus en plus tôt. Je ne supporte pas toute la frénésie "heureuse" de l'événement, surtout depuis que l'on a ramené Tagadda pour donner aux gens l'envie de suivre les études de leurs gosses de près.
Par contre, toute cette fouda m'a vidée mon espace de jeux préféré: la plage. Seuls les vieux et les chômeurs de mon espèce peuvent profiter du moment le plus fabuleux de l'année: l'équinoxe.
Bon, c'est seulement le 23 septembre que je me réjouirai réellement, mais l'océan a d'ores et déjà changé de gueule. Les vagues sont de vraies vagues, le vent est là en force, la couleur de l'eau a viré au turquoise. Hier, les potes ont organisé un championnat de surf pour les éliminations du championnat du Maroc. Ils sont vraiment doués. C'est la passion. J'ai vu une planche seconde main à 2800 DH. Peut-être un jour prochain.

Eggs Benedict

Benedict XVI est impardonnable. Je viens de voir son intervention du dimanche en direct. Les musulmans lui avaient demandé des excuses. Non seulement il ne s'est pas excusé mais en plus, il s'est dit "choqué" de la réaction des musulmans de par le monde. Ben voyons. Tu prends un texte brumeux qui date du Moyen-Âge, tu cites quelqu'un décrivant le prophète comme le plus monstrueux des hommes, tu ne prends pas du tout en considération un contexte international pas du tout délicat, tu balances ça dans la gueule d'un miliard et demie de personnes et tu te dis "choqué".
Un pape sans charisme et totalement ignorant de la mesure de ses actes, c'est tout ce dont le monde avait besoin.

Friday, September 15, 2006

Zyagha du weekend

Je confirme ma réputation (hyper justifiée) de frimeuse en m'enorgueillissant de l'espace qu'on nous a donnés sur le site de CNN. Le programme s'appelle Beyond the Front Lines, vous pouvez le voir au milieu de la page, j'ai même pu voir mon reportage (réduit de 14 à 5 minutes dois-je préciser) et qui s'appele "Winning hearts and minds". On peut même voir ma charmante gueule joufflue serrée dans une casquette kakie au milieu de la chose. Je conseille vivement les deux autres reportages; absolument excellents et visibles même dans un minable cyber de Skhirat. On vient de me dire que le programme sera diffusé en simultané sur CNN International, j'essaierai donc de le capter, narcissisme oblige.
A part ça, "Divided We Stand", mon petit bébé bosniaque, est lui aussi en ligne.

Tuesday, September 12, 2006

Non merci

J'ai découvert que mon nouveau téléphone avait des modèles SMS pré-enregistrés, au cas où on n'aurait pas le temps de taper un message pour dire: "je suis en réunion", "je te rapelle", etc. Ca peut faire gagner du temps. Il y a également un autre message-modèle qui dit: "je t'aime aussi". C'est rigolo comme la vie appelée "moderne" nous fait recourir à des messages pré-enregistrés pour dire des choses aussi importantes de la même manière que l'on dirait: "passe-moi le sel". Pathétique.
Tous les jours, je trouve un million de raisons d'écarquiller les yeux, que j'ai déjà bien grands. Comme la vision de ce grand, que dis-je, immense homme politique, à ce mariage, avec un bout de bastila un peu trop grand pour sa bouche. Ca tombait mal que l'autre zaïm du parti frère choisisse justement ce moment précis pour venir saluer le mounadil. Le premier a dû s'essuyer la main dans le pli de son costard.
Une fête de mariage donne d'ailleurs lieu à une foultitude d'observations aussi attendues que légendaires. J'ai vu le cousin de la mariée convaincre sa mère en trente secondes chrono de la nécessité vitale d'aller se présenter à une créature en caftan rose. J'ai vu une célébrité journalistique montrer toutes les dents de son dentier à ces dames. J'ai vu des invités qui n'ont pas quitté le bar de la soirée. Je me suis vue devenir à mon tour un crabe aux pinces applaudissantes.
De la fenêtre de la cuisine, j'ai vu d'autres choses, comme ce bonhomme entraîner une fille voilée entre les maisons pour une étreinte furtive. C'est beau, l'amour clandestin.
Enfin, j'ai vu des bloggeurs encore plus passionnants que leurs blogs en vrai.
Je garderai les yeux ouvert. C'est génétique, au Maroc.