Sunday, September 30, 2007

Ramadan away

J'ai passé trop de temps dans les hôtels dernièrement. Hélas, il ne s'agissait pas du Crillon, ni d'ici ni d'ailleurs. Et par conséquent: أحن إلى خبز أمي،حريرة أمي

et tout le reste...

Ce n'est pas que je soie une fan de harira (je ne crache pas dans la soupe, n'est-ce pas), je ne nie pas non plus la valeur sentimentalo-spirituelle du partage de dattes avec de parfaits inconnus, lorsque le canon retentit au crépuscule: le gosse dont la seule famille est Max, le caniche chauve, les deux filles à la grosse poitrine qui veulent des abats pour le ftour, la Marocaine qui guide trois italiens d'une beauté insolente pour le mois sacré, les garçons du café qui se relaient pour venir voir si on a besoin de quelque chose. Mais au fil des dattes, des boissons et des clopes, les langues se délient. Et ainsi commence mon spectacle favori du Ramadan: la caméra cachée de Najlae.


أما بعد

J'ai droit à des fawazir personnelles. Des légendes, des histoires de mort, d'amour, de vengeance, de dépit, de regrets, que je fais passer avec mon thé.

Je suis une fine manipulatrice, je le dis sans honte. Je pose deux grammes de questions qui nécessitent des heures de réponse. Et je m'aperçois que mes interviewés préférés sont réellement mes collègues: cameramen, ingénieurs de son, assistants. Ils ont cousu les douars du Maroc en voiture, les montagnes à dos de mulets, les villes à pied. Ils ont vu les misères, les handicaps, les corrompus, les cellules de prison.

J'adore écouter Miloud, qui nous raconte son passage par l'armée, du temps où ils ont construit "le mur", là-bas dans le Sud. La chaleur seule a droit à une heure de description, le travail une soirée et la vie en caserne des jours et des jours de contes incroyables. Je lui demande toujours de me répéter la nuit où celui qui était de corvée de cuisine a confondu un bidon d'eau avec un bidon de kérosène et qu'ils ont quand-même mangé la popote au goût de fuel.

Mais tout le monde n'a pas fait le légionnaire. Alors d'autres ont des histoires non moins passionnantes. Jalal est intarissable sur ses enfants, un vrai papa-poule qui fait la lecture avec sa fille par téléphone, prend de leurs nouvelles régulièrement, leur parle comme un pote. Jalal, ce grand ours en peluche sur lequel je m'appuie en descendant une pente abrupte, ce grand frère qui sait ce que j'aime manger et fait les courses pour moi à la patisserie, cet expert en communication avec les "autorités locales" (nous dirons comme ça). A lui seul il est une légende.

Les cigarettes sont grillées sous le ciel de Marrakech. Les tajines sont gaiement partagés. Et les contes égrenés comme un chapelet de prières, de fierté et de gratitude. Et ça, c'est la baraka de

شرك الطعام

في سيدنا رمضان

Wednesday, September 19, 2007

C'est Abbas!

SM le Roi Mohammed VI a reçu, mercredi après-midi au Palais Royal de Rabat, M. Abbas El Fassi, que le Souverain a nommé Premier ministre. (MAP)

Sunday, September 16, 2007

Petit Déj catalan


Life is a gypsy

Et nous avons décidé d'acheter des planches. Des mini-malibu pour surfer les jours de pluie. Mes essuie-glaces oculaires ne marchent qu'occasionnellement. Par volonté. Et entre les vagues et les gouttelettes d'eau céleste, je te vois parfaitement, nettement. Dans la clarté du gris. Mon souvenir de toi est immuable, fort comme un roc, doux comme la pluie d'été qu'on n'a pas envie de voir s'arrêter, chaud comme votre origine. Ma tendresse, mon amour pour toi, n'ont ni une ride, ni une hésitation.
"Ma ptite ingénieure en blouse!" j'ai crié en m'élançant vers elle.
Comment peux-tu travailler dans les semi-conducteurs alors que tu es faite pour une carrière d'océanologue, de pédiatre, de cosmonaute?
J'ai rajouté des bouts de turquoise à tes poignets déjà chargés de bleu.
Sur la route, j'ai bu ton récit, tout ce que j'ai raté. J'aurais dû appeler plus souvent..C'est à dire plus d'une fois par mois. Mais tu me pardonnes, on ne sait plus pourquoi. Je sourie bêtement en avalant mon Kinder Bueno. Le même sentiment qu'il y a dix ans et ce n'est pas près de changer, puisque nous mêmes, on n'a pas été fichues de changer. Mais qu'est ce que c'est bon, les amitiés d'une vie.

Saturday, September 15, 2007

Pause


Let's cruise together
'cause I need to take that ride
I'm on top of the world
'Cause you're the sweet salt of mine

(S)Election naturelle

Un jour, la chatte borgne a débarqué dans le jardin. Elle avait très faim. Son regard est tellement puissant qu'il compte pour deux yeux. Elle ressemble à beaucoup d'humains qui portent les cicatrices de chaque claque de leur vie sur leurs visages. Je voudrais savoir comment elle est devenue borgne. C'est de la pure curiosité car je déteste les chats.
Quelques jours après l'arrivée de la borgne, quatre chatons blancs ont été enfantés par/sur le gazon. Ils étaient minuscules et très mignons, mais tellement agaçants par leurs miaulements. Et ça bien sûr, c'est ma pure objectivité qui parle.
L'ennui avec les chats, c'est que ça n'est jamais rassasié. Et quand ça n'est jamais rassasié, ça pousse des petits miaulements sournois qui se glissent dans votre boîte crânienne quand vous rêvez de Jude Law en face de vous dans un ascenseur bloqué pour quelques heures. Qu'est ce que j'ai rêvé d'une déportation massive de ces chats, surtout vers ces hordes de gentilles personnes qui poussent des "ah" et des "oh" lorsqu'ils voient ces créatures aux regard fixé sur le mode "pitié please". Or je n'en fais pas partie.
Je me suis longtemps demandée pourquoi les chats restaient chez nous alors que ni mes parents ni moi n'aimons les animaux domestiques (surtout depuis que mes cinq chiens ont sérieusement endommagé les fleurs du printemps, il y a XXX années), jusqu'à ce que je découvre un stock de nourriture pour chats dans la cuisine.
La tribu féline évolue en toute quiétude bougeant ses petites pattes seulement pour éviter le passage des voitures et ne perturbant plus ses siestes en me voyant arriver. Peut-être qu'il est temps de leur donner des noms. Peut-être est-il temps pour moi de dire: "Et finalement, je n'ai rien raté". Les élections sur lesquelles on a palabré pendant des semaines, les débats sur lesquels on s'est excités, les candidats sur lesquels on a écumé des centaines d'adjectifs, le tout a été lavé par les premières pluies d'automne.
J'avais demandé à être là pour la couverture. Je voulais faire des carnets de campagne dans la campagne. Je ne voulais pas faire de rewrite des reportages des autres. Et finalement, le jour J, j'étais à 2000 kilomètres d'ici à me morfondre de ne pas pouvoir "accomplir mon devoir civique" et à m'impatienter de finir le tournage pour me brancher sur 2M. Mon équipe était aussi impatiente que moi. On s'est précipités au snack "Le Sirocco" où on a dû affronter une horde de fans de rugby qui suivaient un match en direct. Plus tard, c'était à un film marocain que l'on a eu droit, au lieu des news du pays. Ma seule satisfaction est de ne pas avoir été poussée au devant de la caméra pour ces fameux "duplex" où on donne les infos en direct. Finalement, c'est par téléphone que nous avons eu les résultats préliminaires. Je ne sais pas à quoi je m'attendais exactement mais les nombres de sièges par partis m'ont déconcertée. En attendant de savoir qui (de Mansouri, Ghellab, Douiri and co) sera premier ministre, je me sens comme un des chatons, grattant à la porte d'entrée. Vivement une bonne nouvelle.