Saturday, December 31, 2005

Pretty good, yeah

PRETTY GOOD YEAR (Tori Amos)

I deleted it, ca retarde le telechargement et beaucoup d'entre vus n'ont pas vu ecouter. Pas grave. You got the message. Mille voeux.

Friday, December 30, 2005

Trainspotting

Non, Najib, n'insiste pas. Il n'y a pas de "receveuse" dans le tobiss américain avec moustache assortie à la couleur de la compagnie, ongles au vernis rouge écarlate arraché sans dissolvant, haleine "Tendermint" du nom du chewing-gum qu'elle mastique dès 6h45 du matin et jambes poilues dépassant de la "jupe" de rigueur.
Non Najib, personne ne te donne ton ticket de toubiss à moitié humide (salive de la receveuse oblige) et une collection de 5 centimes comme sarf à tes 5 dirhams.
Non Najib, la porte du bus n'est pas à moitié cassée laissant les courants d'air du monde d'entier te rafraîchir le visage de bon matin. Personne n'escalade personne pour se faire une ptite place dans le couloir et il ne pleut pas à l'intérieur du bus.
Oui Najib, ce que tu as entendu est vrai. On peut faire monter des chaises roulantes automatiquement dans le bus américain. Il suffit au chauffeur du bus d'appuyer sur le bouton d'une télécommande pour ouvrir un "pont-levis" spécial. Le tout dans le respect et la bonne humeur.
Najib, tu ne rêves pas. Le chauffeur (ou la chauffeuse) du bus me dit "hi, how are you?" tous les matins avec un immense sourire et n'oublie pas de me souhaiter "a very nice day and happy holidays" lorsque j'arrive à ma station. A mon tour, je lui montre toutes mes dents en un seul sourire en lançant un "have a very nice evening, sir!".
Non Najib, personne ne "dsser" sur la chauffeuse du bus. Je crois que cette pensée n'a pas encore effleuré l'esprit du con local.
Oui Najib, tu payes ton billet à l'entrée du tobiss à une machine spéciale. Tu as intérêt à avoir de la monnaie, mais ça, c'est ton devoir à toi, hein? Je suis d'accord avec toi, le nouveau tarif de 1.75$ est exagéré, mais c'est pour garantir un meilleur service. Et je rends grâce à Dieu d'être étudiante à cette magnifique université, ce qui me donne droit à une carte de bus gratuite, quelles que soient la ligne et la destination. Je préfère d'ailleurs aller à San Francisco en bus pour pouvoir rêver sur le pont et voir la mer et les bateaux.
Tu me croirais, Najib, si je te disais que le réglement du bus est écrit dans plusieurs langues, dont l'arabe?
Mes chauffeurs préférés, tu dis? Une copie conforme d'un des personnages de "Braveheart" avec cheveux et barbe longs et blancs et des ongles aussi longs, chacun avec un vernis différent (un de ses ongles est vert et doit faire chi 8 centimètres). Il y a également un sosie de Barry White aux cheveux gominés, qui murmure à chaque station: "ici la rue flana, vous pouvez y visiter cet endroit, prendre le bus numéro flane pour aller à l'endroit flane flani, marcher près du parc flane ou aller retirer des dossiers d'inscriptions à l'école flane flania". Un vrai guide!
Oui, je t'avoue que je n'aime pas trop la chauffeuse au physique de catcheuse qui me fait de drôles de sourires et des clins d'oeil lorsque je me mets à l'avant. Mais tu me diras, je suis à San Francisco, yak!
Je te dis a Najib, c'est ici qu'ils devraient appeler le tobiss "7afilate arra7a".

Thursday, December 29, 2005

Points sur les i

Ben en fait, je m'en fous que ça soit la bonne année ou pas
Je crois pas aux réveillons, je crois qu'aux réveils
Je m'en fous de Noel, du papa Noel, de la mama Noel, de l'an 10 comme de l'an 2040 (sauf si on a la Coupe du Monde! Là, j'irai avec mon 3oukkaz!)
Je suis pas le genre à envoyer des jolies cartes et ça ne m'empêche pas de dormir la nuit (d'ailleurs, j'ai ACHETE il y a une semaine une carte de Noel pour ma mère adoptive de Cincinatti et je ne l'ai toujours pas envoyée-même pas écrite)
Je souhaite des bonnes choses à ceux que j'aime tous les jours. Pas besoin des soldes chez Macy's pour ça.
J'aime l'eid sghir. Je crois que c'est la seule occasion qui ait de l'importance pour moi (à côté de l'anniversaire de ma mamô, claro)
Je suis furieuse d'entendre parler de célébrations à la Bodega sans mon indispensable personne
Je ne me réjouis pas à l'idée de sortir de l'âge où on est légitimement gosse et soi-disant immature. A J-10, j'en tremble

Wednesday, December 28, 2005




Aujourd'hui, je suis allée à l'Opéra voir The Nutcracker, ou "Casse-Noisette". Beaucoup de monde, des centaines de petites filles sur leur 31, des décors magnifiques, du Tchaïkovsky joué avec maestro par un excellent orchestre et plein de jolies choses dans la tête. Que du bonheur..

Le mois prochain: Le Lac des Cygnes. Que du bonheur je vous dis.

Tuesday, December 27, 2005

Camping

- Déballer son petit sac et sortir son pyjama et sa trousse de toilette
- S'en vouloir de ne pas avoir apporté ses pantoufles
- Veiller devant la télé tard la nuit (ou tôt le matin)
- Ne pas faire de bruit et mettre son téléphone sous silencieux
- Grignoter en silence des gauffrettes au citron et des fruits secs
- Se retenir de pouffer de rire au passage drôle d'un film
- Trouver le temps long, très long
- Ajuter et ré-ajuster l'oreiller auquel on n'est pas habtiué
- Regarder à droite, à gauche, fixer des objects, des meubles
- Vouloir que la nuit passe vite, très vite, mais les minutes traînent
- S'endormir parce qu'il le faut

Je déteste ne pas dormir chez moi
Mais je ferais un effort ici, ici et ici

[CLIQUER sur les ICI]

Beautiful mind

Nos journées sont, malgré nous, remplies de mille et une peurs. Chacun la sienne. Et chaque jour de survécu sans accroc est touché par la grâce divine.
L'angoisse est partout: des petites sculptures bizzares laissées ci et là par la roommate, aux regards effrayés que l'on pose sur son sac toutes les deux secondes, en le serrant bien fort contre soi. "On" pourrait le voler...
Quelqu'un va-t-il me suivre dans les toilettes de la "Qamra" locale? Devant la porte, un jean féminin traîne par terre. Suspect. La caméra n'est même pas rassurante. Les toilettes sont immenses et désertes. La paranoïa pousse à vérifier sous les portes qu'il n'y a personne, puis à guetter chaque son et partir en vitesse.
La mendiante muette qui rit aux éclats alors qu'il n'y a personne autour, est-elle vraiment inoffensive?
Au Canvas café, où j'aimerais emmenener chacun de mes amis, un fou danse les yeux fermés, les écouteurs sur les oreilles et le walkman dans la main. Soudain, il se lève et fait des pas excentriques dans toutes les directions, les yeux toujours fermés! Il s'approche de moi, me frôle, repart dans des gestes ridicules, se réapproche de mon espace! Mais qui suis-je pour dire qu'il est fou...
La fragilité du fil sur lequel nos soi-disant équilibres tiennent. Les mille accidents évités, les échecs, les chutes. Les deux hommes devant la porte des toilettes du restaurant qui écoutaient une conversation inhabituelle. Le client au serveur mongolien: "sir, you did it on you". Et le mongolien au tablier tâché qui ne comprenait pas.
Les deux hommes qui ont peur. Même plus envie de faire pipi...
On s'accroche au fil, avec ses mains, avec ses dents. And we count our blessings.

La tortuga




On peut à peine la voir en aggrandissant la photo, mais la tortue est bel et bien la tache noire sur le sable...


Sous la tente, il faisait une chaleur insupportable. Le soleil était déjà haut dans le ciel et frappait fort,en rayons verticaux. On entendait le bruit des vagues, douce musique. La nuit avait été longue et joyeuse. J'avais nagé avec les petites jusqu'à ce que la nuit tombe. Plus tard, les cheveux shampouinés de Joshnon's "qui ne pique pas les yeux", elles se racontaient et me racontaient les frayeurs de la journée avec "une vague immense" qui m'arrivait...au genou. C'est beaux, les enfants.
Les jeunes garçons musclés et bronzés étaient arrivés plus tard pour allumer le feu et nettoyer les gros poissons, barbecue du soir. Je suis toujours impressionnée par le don des jeunes Marocains à se débrouiller en plein désert sans outils. Bref, nous voilà parlant, chantant jusqu'à ce que ne subsistent des poissons que des squelettes blancs. Les petites ont succombé au grand air et à la fatigue de leur journée bien remplie.
Le matin donc, les jeunes garçons nous réveillent en sursaut. "Une tortue, une tortue!". Je ne comprends pas. Les paupières encore collées, on sort des tentes, éblouis par le soleil. A une cinquantaine de mètres, trois des jeunes garçons sont réunis autour d'une gigantesque tortue noire avec des taches blanches sur la carapace. On n'en croit pas nos yeux. On court pour la voir de près, cette créature rescapée de la préhistoire, cousine des dinosaures. Plus grande que tout ce qu'on avait vu auparavant; au moins deux mètres de long, ensablée et incapable de retourner dans l'eau. Ses pattes sont noires et portent des longues griffes. Je suis ébahie par la tortue. Les petites, en pyjama, n'ont pas peur de la toucher. Sa carapace est luisante sous le soleil. Elle a l'air d'avoir peur. Tous les hommes se mettent ensemble pour la pousser dans l'eau. Un des jeunes escalade carrément la tortue et rame alors que les autres poussent. Finalement, la voilà qui rentre progressivement dans l'eau. Les petites criaient alors que la tortue flottait lentement. Une fois arrivée à un niveau profond, le jeune homme replongea dans l'eau et fut accueilli comme un héros.
Je suis certaine que ce souvenir t'est revenu, lorsque tu plongeais aujourd'hui pour la centième fois dans les eaux turquoises de Martinique.

Tired



I'm gonna throw away this Fucking telephone

Sunday, December 25, 2005

Sarajevo Catholic Cathedral







J'avais posté la photo de cette magnifique cathédrale il y a quelques mois, lorsque j'avais trouvé l'illustration sur Google Images. J'ai ressenti une vive émotion lorsque j'ai retrouvé l'endroit par hasard, lors d'une promenade avec Nenad

Moroccan idol

C'est notre ami Taha qui nous avait appelées, Lamia et moi, pour venir assister à cette rencontre littéraire sur "écrivains et exil". Deux de nos idoles allaient y être, enfin, je parle plutôt pour moi. Je n'en croyais pas mes oreilles, j'allais enfin LES rencontrer. Le jour J, on pointe à ce centre associatif au coeur de Bruxelles. Dans le tram jaune canari, Lamia et moi nous partageons les interviews des auteurs. Pas la peine de se disputer ou d'écrire sur la même personne. Je choisis la première, même si je ferais bien les deux.
Lorsqu'on arrive, ils sont là. Je m'arrête, les larmes aux yeux. "Jamais vu quelqu'un s'émouvoir pour des écrivains", lance Lamia. Je réponds: "ah tu préfères que je m'émeuve pour une écharpe Zara, comme certaines?".
On s'avance, on se présente. Les auteurs sont accueillants, un peu distraits, entourés de monde. Le premier se souvient de mon nom, j'avais fait un petit article sur un de ses livres et on avait correspondu deux ou trois fois. Le second m'intimidait. Je ressentais la même chose qu'un jour à Tanger où notre ami Daoud Oueld Syed m'avait entraînée dans la réception d'un hôtel où étaient assis Mohamed Choukri, Hassan Najmi et quelques auteurs et cinéastes. Priceless, comme dirait Mastercard.
Pour en revenir à Bruxelles, je réussis à avoir un entretien avec L'AUTEUR pour un portrait à paraître au Maroc. Après la conférence, je le coince près de l'ascenceur. Il me propose de prendre un café à côté, avec une amie journaliste à lui, une vieille dame, véritable légende de la Belgique francophone. Nous voilà donc assis tous les trois, cafés et cigarettes.
Je commence à poser des questions sur sa vie, son enfance et voilà le maître qui ma lance, ennuyé: "mais ne savez-vous donc pas qui je suis? Allez donc lire mes livres et tout ce qu'on a écrit sur moi!". Interdite, j'ai du mal à faire correspondre le profil que j'avais dans la tête, son passé de militant, la littérature du bonhomme que je connaissais déjà par coeur et la personne hautaine et arrogante que j'avais en face de moi. Chaque réponse à une question était ponctuée par un: "comme vous le savez déjà" ou un "mes livres ne sont pas..." ou "comme on a déjà écrit sur moi"...Après deux minutes d'échantillon lexical, j'étais repue et avais déjà envie de partir et aucune envie d'écrire.
La vieille dame assise à côté de lui était visiblement gênée par son attitude et prit ma main par-dessus la table pour m'inciter à rester indifférente à un interviewé aussi insupportable. Le plus dur n'était pas l'arrogance de la personne. Le plus douloureux, c'était l'image qui s'écroulait dans ma tête, toute la tendresse que l'on met entre les mains d'un auteur parce que ses textes vous parlent. Je l'ai remercié pour son temps même si je savais qu'il n'acceptait que par besoin de promouvoir son dernier recueil de poèmes.
Après en avoir parlé à Casa, en face-à-face, mon boss m'a proposée d'écrire un article où je rapporterais chaque mot que l'auteur m'a dit et...le descendre tout simplement, étant donné que j'ai conservé mes notes. Dieu qu'il l'aurait mérité.
J'avoue que je n'ai plus acheté aucun livre de lui. Je les lis parfois dans les rayons des librairies pour avoir une idée mais je garde un souvenir amer de lui. Pour moi, les hommes grands de ce monde ont l'aura et la modestie qui va avec le talent.

Friday, December 23, 2005

Mostar, the last night

Sweet dreams

2:00 am
- Envies de meurtre sur le voisin du dessus, un misri dont je peux écouter toute la conversation téléphonique. Je rêve de toquer à sa porte, en petit foulard rouge sur la tête, pyjama en coton et plein de bracelets en or et de crier: "inta ih yakhouya! ma bitnamch! rou7 chouflak sab3a ou tiss3ine bilmiya min banate baladak bi yi3miloulhoum iih!"
- Je fais du bruit pour ne pas entendre le ronflement de Michael; le manager. On se crorait au Japon
- j'ai faim. Satanés sushis digérés en vitesse. La cuisine est si loin. 2 mètres et il fait froid. Brrrr
- Ai-je mentionné que je déteste le décalage horaire?
- Et jiji qui est au Maroc :'( pas de sbah el khir par email

Le chiffre du jour

97% des Egyptiennes (Chrétiennes et Musulmanes confondues) sont excisées.
Effarant article dans Le Monde d'aujourd'hui.

Rouge et vert

Je regarde le magazine "rihanate moujtama3" sur 2M (internet, pas TV). Le thème, c'est le drapeau marocain, le patriotisme, etc. Avant d'entamer la discussion avec Mohamed Aujjar (la star des droits de l'homme, vous vous souvenez? ministre transparent et fier de l'être) et Aziz Khamlich (ex-Aujourd'hui le Maroc, aujourd'hui à Libération), Mariam Faradji (superbe voix, anciennement sur Médi1, mais heu à ses nouvelles lunettes) propose un micro-trottoir où le citoyen lambda est interrogé sur la signification de notre drapeau et le châtiment que mérite quelqu'un qui brûle le drapeau.
Réponses choisies:
- Jeune homme: "le rouge, c'est la couleur du sang qui a été versé fi sabili al watan et l'étoile aux cinq branches, ce sont les cinq arkane de l'ISlam"
- étudiante: "brûler le drapeau est un crime. Le moucharri3 (le législateur) devrait prendre les mesures nécessaires pour punir ce crime" (a benti Allah yahdik, rah la loi a déjà été adoptée par le parlement, je parie que t'es étudiante en droit en plus)
- vieille dame: tu brûles le drapeau, c'est comme si tu me brûlais. Hani (houni pour certains) je te parle ou la7mi bourech (moi aussi d'ailleurs)

Sur le plateau, Aujjar se félicite de la démocratie et de la liberté d'expression qu'on a. "C'est la démocratie qui donne l'opportunité d'exprimer sa colère contre le pays, lorsqu'on ne trouve pas de job par exemple". Il ajoute: "n'allons pas vers la sinitrose dans ce pays et proposons des alternatives à ce que l'on critique".
Des alternatives...Justement, entre une pseudo-élite qui fait du sur-place, une classe politique qui hiberne et des jeunes qui désespèrent, beaucoup craignent la Khilafa de Yassine comme seule alternative.
A-t-on besoin d'une crise ou d'attentats terroristes pour crier dans les rues "touche pas à mon bled!" ?
"Les jeunes manquent de repères, d'exemples", dit Khamliche.
Aujjar bondit: "les jeunes ne peuvent pas croire en leur pays lorsque l'élite envoie ses enfants étudier à l'étranger, ou prend le premier avion pour Paris pour consulter un médecin". C'est si beau, ske tu viens de dire Aujjar. Si seulement l'élite pouvait t'écouter, pas t'entendre. Mais bon, il ne faut pas rêver, si les écoles et les hôpitaux étaient vraiment bons, ça serait différent.
L'émission m'a laissée un peu sur ma faim. Mais je connais une différence éthymologique, le "ghayour" gueule pour son pays, crache et crie. Le patriote fait un petit peu plus.

Requiem for a rose

Quand est-ce que la métamorphose a eu lieu? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que lorsque je l'ai revue, elle n'était plus que l'ombre de la M. que j'avais connue: encore plus rêveuse, plus excentrique, plus inattendue que moi, en restant extrêmement douce. Elle était devenue ce que j'aborrhe: une étrangère.
Je ne suis jamais découragée par les premières minutes, il faut toujours du temps pour percer la carapace qu'on met tant de temps à se créer. Mais cette fois, il n'y avait rien sous la coquille, que du vide et des courants d'air. Elle me dit: "c'est ce qui arrive quand on retourne vivre au Maroc". J'étais horrifiée. "Pourquoi être rentrée alors? Pourquoi avoir tout lâché avant la fin?"
Elle n'a même pas d'explication, pas de justification, juste une infinie tristesse. Je la secoue, de mes deux bras. "Mais bon sang réveille-toi M.! Tu ne peux pas te faire ça!"
"Il m'a brisée Najlae, brisée".
Que répond-on à ça?
On répond pas.
On prend dans ses bras, on console, on dit que ça va passer, on encourage à reprendre foi en soi, on mouche et on craque, on colère et on se calme, on touche la joue de sa réflection dans le miroir et on dit qu'on est imbrisable.
"Ca fait déjà un an, Najlae. J'ai pris assez de temps off, je suis brisée".
Cette image horrible de la mère dans Requiem for a dream: trouver des raisons de se réveiller le matin, de faire son lit, de s'habiller, de sourire. M., secoue-toi. Ce qu'il te faut, c'est une nouvelle vie, un boulot, des responsabilités. Move on. Tellement déprimée de voir ma jumelle en fantôme de tous les jours, cheveux en bataille et agenda r'bati: Vide.
Je préfère les roses coupées aux roses fanées.

Thursday, December 22, 2005

Saucissons

N'écoutant que son courage, Hakim prit une bouffée d'air et entra au Top Dog, "the best hot dogs of the planet". La belle brune était au grill, comme chaque jour de la semaine après 14h. Hakim était dans sa phase: "je ne sais pas si elle sait à quoi je ressemble, si elle se souvient de moi". Am I special? Il sourit en lançant son "hi". Elle détourna les yeux de la TV placée au-dessus de sa tête, où Tom Cruise essayait de sauver le monde de sa "War of the worlds" et lança un "hi" aussi froid que les saucisses qui reposaient dans le frigo métallisé.
Hakim s'assit sur le petit tabouret rouge et sa veste dégoulinait un peu. Il commanda un Frankfurter en la regardant droit dans les yeux, de jolis yeux noisette avec de longs sourcils noirs. Hakim se demandait si elle était arabe et cherchait un moyen de ne pas catastropher la discussion si il s'avère qu'elle n'est pas moyen-orientale. Les yeux toujours rivés sur Tom Cruise, elle s'exécuta, machinalement. Les sandwichs, le feu, les saucisses sur le grill et la jolie créature au tablier blanc et au jean déchiré créaient mille films dans la tête de Hakim, des rêves phalliques, interrompus par un "always kosher sausages, right?". Hakim ne savait pas si Tom Cruise avait finalement gagné. Il se réveilla, n'en croyant pas ses oreilles. Elle se souvient de moi! "Yeah, I'm Muslim".
"Oh really. I'm from Al Quds". Deuxième surprise de la journée. Le Frankfurter était prêt. La conversation s'engagea alors qu'il noyait son hot dog dans un océan de ketchup et de moutarde. Elle lui offrit un coca gratuit et s'arrangeait le chignon-sans vraiment se l'arranger- en lui posant des questions sur son pays, sa vie, ses études. Et son hot dog "best hot dog of the planet" avait soudain du goût, beaucoup de goût, tellement qu'il est revenu souvent.

Hier

La plus laide des absences
Est celle du petit "je"

Wednesday, December 21, 2005

En Kaléidoscope

Ben dit: "alors, tu sautes?". Du toit du hangar, je jette un oeil au bas de l'arbre, six mètres plus bas. J'avale ma salive et serre mes poings.
Mimi rit aux éclats, elle nous a précédés. Ben la suit. Je me jette sur la branche de l'immense figuier, deux secondes de chute et j'atterris sur une montagne blanche de laine.
Les chiens aboient, notre caravane infantile passe et repasse, narguant leurs laisses.
Plus loin, dada est près du feu, face à un énorme mouton qui rôtit lentement. Son jus dégouline sur la terre moite. Une voiture s'approche sur la piste boueuse.
Ben m'entraîne dans le hangar. "Mais on n'a pas le droit, ils nous tueraient", dis-je. Il fait la moue et saute sur un tracteur rouge. "Allez, monte". Ben fait le chauffeur et j'admire son courage. Il lâche le frein à main et le tracteur bouge et avance dans le champ. Je suis terrorisée et je crie! La meute est alertée et nous voilà poursuivis par une horde de papounets horrifiés. Je ne sais plus qui est finalement arrivé à sauter sur le siège et à arrêter la machine.
"Han, Han", on court dans les herbes. Ca pique les jambes. Plus loin, il y a un arc recouvert de lierre, encore un. Le bassin d'eau est d'un bleu bizarre mais il n'y a que de l'eau de pluie dedans. Et des grenouilles qui nous chassent.
On se réfugie sous le saule pleureur, au milieu de la plaine. J'aime les saules pleureurs. Le soleil, à l'époque, réchauffait vraiment les coeurs.

Tuesday, December 20, 2005

Canto del cielo

Il pleut
L'odeur de la flore lavée
De ses blancs pêchés

Contre la fenêtre, au Souissi
Tracer des fleurs du bout des doigts
Sur la fenêtre de buée
Le chauffage électrique orange
Les rosiers qui pleurent
Les épines qui pointent, précises
Le rouge qui escalade le mur
Jusqu'au lierre, sage désordre

Il pleut
Cliquetis intermittent
Silences longs, pages longues
Tracer des sourires du bout des doigts
Sur la fenêtre de buée
Des sourires qu'on n'a pas

Il pleut
Rêves d'ailleurs
Où on marche pieds nus
Où on n'a jamais froid aux pieds

Il pleut
Les navires en papier dans les flaques
Les bottes en caoutchouc bleues, jaunes, vertes
Les chiens au poil mouillé
Et "chta ta ta ta ta"

Il pleut
Le tonnerre court-circuite ton coeur
Ca gronde

Il pleut
La cave surchargée de draps
Qui ne sèchent pas

Il pleut
Le puits qui se remplit
Le fond de l'eau qui se raproche
Où l'on veut se jeter

Il pleut
Les escargots qui se gluent
Aux murs blancs
Alors qu'on se renferme
Dans nos carapaces

Monday, December 19, 2005

Footitudes

Allez, parce que je suis gentille -et surtout que ca me fait plaisir:

http://video.google.com/videoplay?docid=-6955144562234112728

et 56 secondes de plaisir (et de pub involontaire)

http://video.google.com/videoplay?docid=8592114454879946480

Dans Tel Quel de cette semaine

3 questions à Driss Basri (Ancien ministre de l’Intérieur)
Par Karim Boukhari


On vient de découvrir les premières fosses communes consécutives aux émeutes de juin 1981, du temps où vous dirigiez le ministère de l’Intérieur. Comment commentez-vous cette découverte ?
Tout cela n'est que pure manipulation. Pour moi, jusqu'à preuve du contraire, ils n'ont rien découvert. Et ce n'est pas dans mes habitudes de répondre aux mensonges. Le grand ministre d'état que j'ai été sous le grand Hassan II n’a pas coutume de répondre à des balivernes.)

Le Forum vérité et justice ainsi que des familles de victime de 1981 étudient la possibilité de poursuivre les responsables de l'époque, dont vous-même. Qu'avez-vous à leur répondre ?

Ils sont libres de porter plainte contre qui ils veulent. Ce n’est pas mon affaire. Mais ces gens feraient mieux de s’intéresser à ceux qui gouvernent toujours le pays.

Vous êtes parmi les responsables cités par le rapport de l'IER qui vient d'être remis au roi. Est-ce que cela veut dire que vous allez rester en exil ?
L'IER n'est qu'un show, du folklore d’Etat si vous préférez. Cette instance n’a aucun droit sur moi. Je ne dépends ni d'un Driss Benzekri, ni d'un Salah El Ouadie, je suis un homme d'Etat qui dépend seulement de l'Etat et de son roi. Je suis libre d'aller et venir dans mon pays, et ceux qui essaieront de toucher à ma personne auront des comptes à régler avec moi.

Sunday, December 18, 2005

Perspectivas

Comptabilité (2)

Il me manquait des sous-vêtements, trois pantalons et un livre. Je ne savais plus où était mon fer à cheveux. Le deuxième tiroir était à moitié vide.
Alors, je me suis dit qu'il était peut-être temps de déballer ma valise de Bosnie et rendre visite à mon pressing.

Comptabilité

600. Pas 599, pas 601. C'est le nombre présumé des victimes des années de la répression sous Hassan II. Le chiffre est le résultat d'une évaluation de l'Instance d'Equité et de Réconciliation , dans son rapport final remis au Roi.
Le rapport en question sera "incessamment sous peu" mis en ligne. Il ne sera certainement pas parfait. Déjà, le nombre de victimes des années de plomb est contesté par les autres associations, dont l'AMDH , qui l'estime à 3000. Mais il ne faut pas oublier que c'est un travail de recoupage difficile, avec l'absence d'archives, la longueur de la durée (43 ans quand-même) et le manque de coopération des services de renseignements.

Combien de cas sont enterrés dans le silence, pour toujours?


Maintenant, et après?
Au meilleur des cas, l'Etat va présenter ses excuses. C'est une réaction probable, vues les attentes au niveau international. Dans d'autres pays comme le Nigéria, l'Uruguay ou le Sierra Leone, les comités de "vérité et de réconciliation" sont encore au stade de recherche et affrontent les mêmes problèmes qu'au Maroc. En Afrique du Sud, même si le rapport a été remis en 1998, la définition du "succès" fait encore l'object de disputes. Car la vérité est qu'il n'y a pas de succès, juste des "petits pas pour le pays, des grands pour l'humanité". Le succès, c'est le "never again".
Alors justement, l'IER a préconisé la consolidation des garanties constitutionnelles des droits humains, la mise en œuvre d’une stratégie nationale intégrée de lutte contre l’impunité et la réforme de la justice, de l'appareil sécuritaire et de la législation et de la politique pénales. Les réformes me paraissent extrêmement urgentes, pour ne pas répéter ce que l'on condamne aujourd'hui. Les articles dans la presse parlant des victimes islamistes de torture, cités par les rapports d'organisations internationales comme Amnesty, sont particulièrement alarmants. Mais cette réforme des appareils de justice sera difficile, surtout si le Maroc se transforme en région de sous-traitance de la torture pour d'autres pays, comme les Etats-Unis.

Dans ma tête, des images de toutes les "demi-victimes": les familles brisées, les épouses plus mortes que vivantes après les enlèvements, les hères qui ont perdu l'esprit. Toute une génération de gâchée.

Saturday, December 17, 2005

Innocencia

I will close my eyes under the tree
Remember my sunscreen
Throw away my sunglasses
And let the sun penetrate my pupilas
I will laugh like never before
And make my body a tent
I will bite my lip
When I can shout nomore
I will have the time and the flesh
I will have time and be fresh
Like the fruit you always wanted
There will be a silence, silences
Like a million moons
That can't hide the sun

Friday, December 16, 2005

Kirikou




Kirikou, création de Michel Ocelot, est de retour pour un deuxième épisode. J'avais découvert et le film et l'auteur lors de l'excellent festival de cinéma d'animation de Meknès (clin d'oeil à Beyoud, à HH). Pour ceux qui n'ont pas vu "Kirikou et la sorcière", une séance de rattrage s'impose.
Je me méfie toujours des suites, souvent inégales. Il sera difficile à Ocelot de faire mieux, mais je suis certaine qu'il en vaudra le détour.

Flashback- Eté 2000

Ce soir, c'est le concert de 113 et de Salome de Bahia. Je suis surexcitée. La Star a fait le déplacement de Casa à Skhirat pour déposer le bouquet d'oeillets, la boîte de chocolats et trois invits pour le Beach, en espérant que "je m'amuse". Je m'amuserai; t'inquiètes.
Il n'y a que Youssef, le z3er, avec qui je veux (et peux) bien aller à Bouznika. Je me demande à quoi ressemblera sa fiancée du jour. Comme d'hab' lorsqu'il s'agit de sortir, il est à l'heure, mais on doit aller récupérer sa copine du soir et sa meilleure amie. Youssef porte un tee-shirt noir manches longues avec un dragon doré dessus et enchaîne les cigarettes en appuyant sur le champignon. Son piercing à la langue est visible à chaque mot et sa copine de la soirée, je le sais, ne résistera pas longtemps. Pour l'instant, la miss, 17 ans, arrange son make-up avec sa copine à l'arrière. Comme d'hab', je sais que ce n'est pas la peine d'entamer une quelconque conversation, n'ayant rien en commun. Alors je me tais et j'écoute.
Arrivés au Lieu, des centaines de pélerins sont amassés devant le portail et je ne résiste pas au rythme dès les escaliers. Salome de Bahia est encore mieux en live et 113 provoque un karaoké géant et des déhanchements de fous.
Une des demoiselles de la soirée a trop forcé sur l'Absolut. Elle ne tient presque pas debout devant un beau gosse, la trentaine, qui lui offre de la "raccompagner" sur Rabat. Elle lui sourit bêtement et lui dit:"tu es beau, toi, tu es beau". Youssef ne veut pas prendre de risques, il essaie de parler au gentleman, qui insiste sur son honnêteté indiscutable. Le gentleman est flanqué d'un autre bonhomme chauve entouré de bodyguards. Je la sens pas cette histoire. Le jour pointe et la demoiselle en détresse s'acroche au beau gosse. On la traîne presque de force dans la voiture et on démarre, pour être arrêtés un kilomètre plus tard par deux voitures qui nous bloquent le chemin. Je prends peur. Le beau gosse sort de la voiture et demande à la fille de descendre. Elle est tellement ivre qu'elle commence à débiter des déclarations d'amour et descend tituber à ses pieds. Le beau gosse ouvre le coffre de la première voiture, une décapotable blanche suspecte. Je descends et je vois ce coffre plutôt bien organisé: bouteilles d'alcool, pilules qui ressemblent à de l'ecsta et...magazines porno.
Les bodyguards pourraient nous manger tous crus. Je me crois dans un cauchemar et essaie de parler à la fille pour qu'elle remonte dans la voiture, mais elle n'a d'yeux que pour le mastodonte. On trouve un compromis au bout d'une demi-heure sur cette route poussiéreuse: elle lui laisse son numéro de téléphone et lui promet de le voir le lendemain. Le chauve me fusille du regard.
Sur l'autoroute, Youssef rit à gorge déployée alors que mes genoux tremblent toujours. Je maudis ces sorties qui tournent bizarrement. Youssef rit moins lorsque la demoiselle insiste pour s'arrêter au milieu de nulle part pour faire pipi. Elle est tellement out qu'elle sort de la voiture, s'agenouille et relève sa jupe le plus naturellement du monde.Des voitures passent. Youssef fume debout contre la portière. Il est 6h du matin et je monte péniblement les marches de la maison en repensant à cette histoire. Je décide de ne pas aller dormir. Je me change et descends goûter à la fraîcheur de la mer de bon matin. Dans l'eau, je fais la planche en essayant de me laver le cerveau de la crasse de la soirée. J'ai revu le chauve cet été, au Platinium. La voiture blanche est toujours garée à l'extérieur d'un coin "in". Je parie que les revues n'ont pas changé d'endroit...

Thursday, December 15, 2005

Fitness bubble

Dans une autre vie, le jogging commençait dès la sortie du train.
Ouf, Ouf..Je respire en faisant le slalom dans le ras-de-marée humain vomi par le TNR à Rabat-Agdal. "Surtout, ne pas rater le cours de Step de Khadija", l'entraîneuse mouhtajiba au corps de rêve. Aujourd'hui est un jour béni, j'ai pu prendre le 19h00.
Elle m'attend dans la ptite tuture, à côté du téléphone à puce, à moins qu'elle n'ait pas trouvé de place. Un bisou parfumé, je jette un coup d'oeil à l'arrière et demande de quelle couleur est mon déguisement du jour. "Je t'ai ramenée le noir et blanc et le tout noir puisque tu aimes le noir". "Les deux marchent tant que les Nike ont du noir et du blanc aussi". Bien sûr, la petite serviette pour la sueur est également assortie.
Les vestiaires sont vides, le cours a déjà commencé. Je déteste mes cheveux et me les attache anyway. Elle m'a précédée. Je cherche un step en bois puis une petite place à l'avant avec si possible une réflection dans le miroir. Je regarde qui est là en faisant mes premiers pas. Le beau K. s'est encore fait une boule à zéro et ne m'a pas quittée de l'oeil et me fait un geste de la tête. Le docteur F. s'est encore rasé le torse et les aisselles pour son nouveau débardeur fluorescent. Il fait des petits pas tous délicats et pas très masculins sur son step.
La musique dans la tête. Les images de la journée défilent aux rythmes des "kick" et des "jump". Le boss s'est énervé contre notre standardiste, une interview que j'espère avoir pour mercredi, la "une" et des photos que je dois recevoir le lendemain par email.
Black-out total. Kick. Kick.
Je descends à la salle de muscu. Simo, Hicham et K. soulèvent des haltères en poussant des cris horribles. Ils ne regardent aucune fille, trop occupés qu'ils sont dans leur surenchère verbale sur leurs voitures, leurs jobs, leurs perfections respectives et assumées. Je m'ennuie.
La pharmacienne, I, drague encore un bonhomme du Golfe.
Sidi El Ghali ne quitte pas d'une semelle sa belle beldia aux cheveux longs. Tout le monde sait que c'est lui qui paye son abonnement. Elle porte des espadrilles style Giraffe et se fatigue après deux minutes à chaque machine. La rumeur dit que Sidi El Ghali protège sa virginité jusqu'au mariage.
Mais où sont donc les baleines? Dans le cours d'aqua-gym, en petits bonnets colorés. Les peignoirs enroulés autour des corps lipposucionés, elles sortent de la piscine en essayant de ne pas glisser dans les escaliers. Direction: le sauna et le hammam beldi.
Je plonge dans la piscine et profite des bulles du jaccuzzi. Je fixe le mystérieux N., un proche de qui-vous-savez. Bizarrement, ça ne lui rajoute aucun charme. Ca fait longtemps qu'il n'est pas venu. Il était en déplacement. Au même moment que qui-vous-savez. Le docteur F. tente des débuts de conversation avec lui en lui parlant du dernier bar cubain parisien, où il était le weekend dernier.
Le beau K. fait des longueurs dans la piscine puis, de son air de crocodile avec seulement les yeux qui dépassent hors de l'eau, propose à une demoiselle de lui mordiller les orteils ou de faire d'elle le cobaye de sa technique de massages apprise en Asie. Sous l'eau, il frôle ses jambes épilées à l'étage du dessus, chez Saâdia.
De l'autre côté, ça frotte dans le hammam et ça s'embaume dans le sauna. Dans les vestiaires, il y a deux sortes de femmes: celles qui exhibent leur bikini brésilien en se massant les seins et celles qui se cachent dans des serviettes immenses pour changer de pantalon. Personne ne remet la même lingerie deux fois. Les modèles défilent, tous les jours plus exhubérants. Au passage, Mme B. ne s'est toujours pas décidée à nous épargner la vue de la forêt équatoriale qui se développe sous ses aisselles. Peut-être que le docteur F. pourrait lui passer son rasoir. Quant à la jolie Maysaa, elle est toujours aussi adorable, surtout avec Mme A., qui a un fils de 30 ans, célibataire et fraîchement rentré du Canada.
Je savoure du regard les pyjamas des unes et des autres. Elle est toujours la dernière sortie et même son bonnet est assorti. Dans la voiture, je dors déjà.

Wednesday, December 14, 2005

Lagrimas blancas

Arrêter de s'accrocher à des choses du passé. Une sécurité révolue.
"Les choses les plus banales deviennent des monuments de la mémoire".
Turn the page. For good. And feel relieved. And keep in mind things that count, that we often forget about.
Ayoube et moi, on se ressemble. Mais lui arrive à faire passer le temps sur d'autres lèvres. Il dit que ça ne compte pas, qu'au fond on est pareils lui et moi: on attend le vrai. C'est immense d'avoir quelqu'un qui nous comprend.
Ayoube ne dort plus beaucoup. Il devrait passer moins de temps sur son blog et les blogs des autres mais je suis mal placée pour lui faire la leçon. Maintenant que je suis loin, Ayoube et moi communiquons par télépathie. Je lis entre les lignes de ce qu'il écrit. Il fait de même.
Je ne sais plus ce que vaut l'amitié après l'éloignement. "Ojos que no ven; corazon que no siente?"
Puis, aux retrouvailles, le gap est aboli. Comme par magie. Une poignée d'êtres sur terre avec lesquels le temps n'est que poussière, comme les mots. Les silences ne sont pas pénibles et les déjeuners, les dîners, les goûters s'étirent au rythme des fous rires. On peut même voir nos dents de sagesse. On peut se permettre d'etre ridicule. Les idiomas se mixent dans une cacophonie familière avec des milliers de repères de l'esprit débités à la seconde, des bulles qui se croisent, qui rebondissent. On est juste bien. On est juste soi. Et ca, c'est rare. Et ca me manque.

Tuesday, December 13, 2005

Salto Alto






Humeur du moment...

Monday, December 12, 2005

A mon petit soleil éclipsé

J'ai voulu te préparer au pire
Tous les jours un peu
Je n'ai pas été là
Lorsque le pire est arrivé
You were strong
and I was a dusty sob

Demain peut-être
On fera des fondues dans des Tefal
On restera éveillées pour voir le jour pointer
On remarchera pieds nus, partout

Je fixerai tes yeux
Et chercherai l'étincelle

Sunday, December 11, 2005

Au soleil de ma vie

Hier, on s'ensablait, toi et moi, de nuit comme de jour
On narguait la lune et les étoiles filantes
On chevauchait des vagues, on dégoulinait de sel
On faisait la sieste avec Bob dans les oreilles
On se réfugiait sur l'île
L'éternité, tous les jours
Il est l'arbre qui veille sur toi
Tu es l'essence de sa bonté
L'injustice d'un départ prématuré
La douleur d'une séparation physique
De la distance
Une éclipse momentanée
Pour briller plus fort
Il est l'arbre qui veille sur toi
Pour toujours

Sunday highly intellectual activities

Sept choses que vous voulez faire avant de mourir : Lire le Coran en entier / aller avec ma mere a la Mecque / dire ses quatre verites a quelqu'un / avoir mon show de radio /ecrire un livre / aller a ma plage / surfer

Sept choses que je fais bien : les quiches / les bisous / danser hip-hop/ la ridicule / la dictee / apprendre des textes de chansons / me souvenir des anniversaires

Sept choses que vous ne pouvez/savez pas faire : remplir mes taxes / comprendre les taxes / me souvenirs des pas de danse/ me faire les cheveux/ boire/ l'oublier / mentir

Sept choses qui vous attirent dans le sexe opposé :les yeux / la peau/ la bouche / l'odeur / la voix / l'esprit / l'humour

Sept choses que vous dites souvent : fuck / putain / puree /noway / mouah / damit /gosh!

Sept béguins pour des célébrités :

Boys: Jude Law/ Kelly Slater / Keanu Reeves / Brad Pitt (sometimes)/ David Beckam / Pipo Inzaghi / Joseph Fiennes

Girls : Charlize Theron / Angelina Jolie / Aishwarya Rai / Shakira / Choumicha / Elizabeth Shue /

personnes à qui vous passez le questionnaire:
Celles qui voudront bien y répondre

Candles...and other existential problems

Alors, il y a ce billet KLM à $983 qui me nargue tellement que je n'arrive pas à fermer la fenêtre! Le Maroc semble si proche et puis...non. Je vais probablement retourner y vivre bientôt pour hmm hmm longtemps (inchallah). Autant rester sur ce continent et m'épargner des heures supplémentaires en avion -que je ne supporte plus.
C'est tentant pourtant. Les caprices de gosses, les amis d'enfance, les collègues, les cousins (et la cousine bien sûr), la voituuure, les hammams, les faufilages tard la nuit sur le bout des orteils, les talons dans les mains et croisage du walid à côté de la salle de bain, les rghayef au goûter, Casa (catégorie à part), le pressing pour touuut le closet, le coiffeur (Abdouuuuu, snif), you name it!

What's the best place to celebrate your quarter of a century?

Sweetness

My home is the place where I am understood

Friday, December 09, 2005

Sports time

Let's play the game of love
I'll let you win, the first set

Thursday, December 08, 2005

Zèle académique

Le Professeur Z. porte toujours des noeuds papillons et des costumes impeccables. Il a des cheveux grisonnants sur les côtés et porte une moustache qui me fait rire lorsqu'il parle pendant le cours de droit. Je viens d'apprendre qu'il a été autrefois doyen, ça doit faire bizarre de ne plus l'être. Le Professeur Z porte ses petites lunettes sur le bout de son nez lorsqu'il veut nous lire un extrait d'une des innombrables coupures de journaux qu'il collecte. Je me demande quand il trouve le temps de lire tous ces journaux, de faire du repérage, du découpage et peut-être même du coloriage de caricatures. Je l'imagine assis dans son salon en caleçon bleu ciel, chaussettes jusqu'aux mollets et noeud papillon armé de grands ciseaux. Ca n'a rien de sexuel, soyez-en certains.
Le Professeur Z ne m'a pas vue aujourd'hui au fond du bus lorsqu'il était assis à côté d'une pulpeuse étudiante. Lorsque celle-ci s'apprêtait à quitter le bus, son geste a dévoilé un string rose dépassant son jean taille basse. Le Professeur Z ne respirait plus. Lorsqu'elle s'est levée, il a simplement croisé une jambe sur l'autre, très fort.

English for beginners

Voilà deux ans que j'ai arreté de conjuguer "je" au pluriel.
Alors, arrête.

Ma meilleure ennemie

Au début, je la voyais dévaler la colline sans me regarder venir dans l'autre sens. Je n'ai pas aimé. Alors, je lui ai dit que je la puncherais si elle fait encore semblant de ne pas me voir. Depuis, chaque fois qu'elle me croisait, elle me souriait et me disait bonjour. Jusqu'à LUI. Elle m'a détestée d'avoir volé ses yeux et ses sourires.
Elle m'a appelée un jour de l'aéroport, lorsqu'elle a raté son avion pour Hong-Kong. Je n'aime pas qu'on me demande pardon. Mais la conversation était étrangement délicieuse.
Elle m'a écrit de là-bas. Souvent. Je lui répondais. Toujours.
Hier, j'ai enlevé mon manteau pour la serrer dans mes bras. Elle a dit que j'étais douce. J'ai caressé son pantalon en cuir noir, comme sa peau.
Impossible d'arrêter de se regarder. C'est magnétique. Son léger strasbisme me distrait. Mon coeur battait très fort lorsqu'elle m'a pris la main. Je l'ai lui ai arrachée. Elle l'a reprise. Je l'ai lui ai re-arrachée.
C'est insupportable de parler à quelqu'un qui sait de quoi on parle. C'est insupportable de subir les silences qui résument les trois chapitres qu'on s'efforce d'expliquer normalement.
Le message qu'elle a laissé sur mon portable disait "let's find a corner to sit and look at each other in the city".
Alors, vendredi, elle me donne le choix: un concert, un resto cubain ou un autre afghan.

La grande vadrouille

Frankfurt. J'essaie de ramener mon sang à une température décente devant l'officier d'immigration qui me répète avec un accent épouvantable qu'en tant que citoyenne de "Marokko", j'ai besoin d'un visa Schengen pour prendre ma connection pour Vienne.
Je lui répète que j'ai demandé avant de venir et qu'on m'a dit que ce n'était pas la peine. Peine perdue.
Au second et troisième poste de police, même scénario.
Une heure plus tard, au desk de Lufthansa, je paie malgré moi $148 pour prendre un autre avion pour Zagreb. Je pleure lentement, longtemps, en regardant la neige. La haine de la citoyenneté, la haine pour les mille et une choses, la haine pour la hogra, la haine pour l'Europe (c'est triste mais je suis honnête). Et soudain, envie de reprendre l'avion et retourner en Californie.
A Zagreb, on me tend un ticket resto et me dit que mon avion pour Sarajevo a été annulé à cause de mauvaises conditions météo. "Maybe another flight at 10 pm, if it gets better". Mais...of course, je n'ai pas le visa pour la Croatie, je ne peux donc pas franchir la zone de sécurité. Retour à la case départ. Vous ne touchez pas les 10 000 francs.
In the transit zone. Alone. Il y a un groupe d'Africains très élégants qui attendent leur visa. Il y a un mec pendu à son portable qui ne se doute pas que l'apatride parle français. Il dit "non mais Sylvie, je te jure, les services secrets ici...Censure".
L'officier de l'immigration fume dans sa cabine, me fixe du regard. Elle est grande et grosse et dépose des cendres à côté du "no smoking" sign.
Il fait froid dans la zone de transit. Mes bronches réclament mon manteau mais on ne me laisse pas accéder à ma valise.
Je suis restée 8 heures dans cette zone, seule. Depuis, je ne rêve plus de croisières sur l'Adriatique et de farniente à Dubrovnik.

United lines

Le bonheur est une notion en perpétuel changement. Il se résumait pour moi, depuis que je suis rentrée, à retrouver ma valise -et toutes mes cassettes du tournage dedans- en un seul morceau. Je viens de la recevoir. Je l'ai éventrée furieusement à la recherche de mes précieuses DV cam, je les ai caressées une à une, heureuse.

Dans mon carnet

Sarajevo, nuit du 28 novembre
La dame s'appele Munira Sadikovic.
Je ne sais pas quelle heure il est. Une horloge vient de sonner 10 ou 12 coups. Dehors, il pleut. J'ai presque envie qu'il pleuve sur mon coeur, je le sens sec. Il a saigné toute la journée. J'ai voulu tout laisser tomber, rentrer chez moi, à Berkeley ou même rentrer chez moi au Maroc et me contenter de ce qui est facile et tombe du ciel. Nenad est tombé du ciel comme un ange qui m'est destiné.
Allah Akbar.
J'ai dormi peut-être une heure et demie ou deux heures. Je n'arrive pas à prendre une photo du portrait du couple en noir et blanc. Je me demande si c'est Mme Munira et son défunt mari. Aux murs, il y a des tableaux signés Sadikovic, son frère.
Dehors, tout est calme. Il y a une sorte de petit jardin. Les murs des garages sont couverts de graffitis. La chambre est très petite mais je me sens en sécurité. Je regarde les titres des livres dans la bibliothèque. Mes cheveux sont mouillés, alors j'ai mis ma serviette au-dessus de l'oreiller. Je me suis cognée la tête contre le réchaud en prenant ma douche dans la vieille baignoire. Il y a des flacons de parfum et de vieux déodorants. Je ne sais pas pourquoi ça me rapelle les vieux appartements de Rabat. Je regrette de ne pas avoir emmené mes pantoufles. Je ne sais pas comment compter les moutons en Bosniaque alors je reste éveillée en regardant le portrait en noir et blanc. Je pense à Madé. Je pense à D. et à sauter dans ses bras en le voyant à Mostar.

Wednesday, December 07, 2005

Trip

Le sablier s'est arrêté pour moi à Mostar
Je suis là à l'aube, pour voir le soleil qui me ramène des nouvelles de berkeley
La douche est froide et D. dort toujours, la tête recouverte d'une battaniya qui ressemble à celles du Maroc
Très froid au bout du nez
Mains gelées
Je réprime ma toux
Je suis ici, je suis là-bas, je suis moi
Dobro Jutro
L'insomnie est partout, même dans la montagne, même dans la fatigue
Les épaules lourdes, la caméra
D. est noir. Je suis blanche. Je suis locale.
Allah Akbar et le son des cloches des églises
La grande croix, au-dessus de la colline, comme Rio
La rivière m'avale de son vert, de ses verts avec les nuages
Il y a des cimetières partout
Il m'a dit: "don't marry anybody else". I said: "I will wait for you"
Il a crié dans la rue: "this is the woman of my life". Mais je suis partie, mes bottes aux pieds
Trois soldats, en uniforme. Je me suis approchée, les ai scrutés. Bejaâd, Agadir, Khmisset
Les regards des gens, les images de la guerre consumés dans chaque cigarette
La beauté des corps et des visages
Je tombe amoureuse de chaque fille, de chaque homme
Je suis peut-être née ici, il y a 1000 ans, princesse turque
Nancy Ajram dans Bohemi, à Sarajevo
Le sac volé du japonais, à l'hostel
Une dernière boulangerie, le pain froid du restaurant-piège
D. dort enlacé avec la caméra. Chez moi, ça gratte
Le taxi jaune. Je parle en regardant l'objectif
L'avion. Et ma valise perdue. Toutes les images sont dedans
Le sablier a couru sans moi

Tuesday, December 06, 2005

Neretva

Dépendances

Ayoube, mon alter-ego (fictif?) a le sourire qui tue, et les lèvres pour faire revivre, au bouche à bouche. Depuis qu’Elle est partie, ses bottes sous les bras, c’est lui qui a besoin d’un bouche a bouche. Mais il ne veut pas de n’importe lequel. Ses jours se ressemblent et les lèvres des autres ont toutes le même goût. Ayoube commence à avoir les lèvres gercées mais il s’en fout. Issam m’a dit qu’il n’a pas acheté l’écran plasma pour les matchs de calcio mais pour regarder sur grand écran pendant des heures ses photos à elle, qu’il a gravées sur des dizaines de CD, chacun sur un de leurs souvenirs ensemble.
Ayoube continue à mener sa vie “normale”. Parfois, il rêvasse en fumant. Il veut humer ses cheveux à Elle, il a peur d’en oublier l’odeur. Il dit que sa tête à elle sur ses cuisses à lui et lui passant ses mains dans ses cheveux, c’est tout ce qu’il veut d’elle. Mettre le bout de ses doigts sur chacun des grains de beauté qu’elle a sur le cou et la nuque, s’aventurer plus bas, revenir sur ses épaules, ses bras à l’intérieur si blanc et l’extérieur si bronzé. Il me dit qu’il sait qu’elle est malheureuse sans lui, autant que lui est en morceaux sans elle, mais que c’est comme ça, que c’est elle qui a voulu partir et qu’elle reviendra lorsqu’elle sera prête. Elle, c’est une nomade, une monade, un élément pur, indépendant. Moi, je lui dis que c’est parce que c’est la seule qui a osé partir qu’il la veut tellement, mais il grimace et me dit que je ne comprends rien a rien, que c’est Elle et personne d’autre et qu’il le sait.
En attendant, il fait passer le temps. Sa dernière conquête lui donne des rendez-vous mystérieux dans des hôtels à Londres, Rome, Ibiza et lui prend l’avion en rêvant à une odeur de cheveux.

Symphonie journalistique

Au milieu de l’orchestre, la petite princesse norvégienne avait l’air toute petite. Elle doit avoir tout au plus 7 ans et m’arriver à la taille. Ses cheveux cendrés sont raides et lui tombent sur les épaules. Ses grandes oreilles pointent et lui donnent l’air d’une elfe tout droit sortie du seigneur des anneaux.
La petite princesse norvégienne n’est pas un ange. De temps en temps, au milieu de la cacophonie des trompettes et des flûtes, elle gronde sa copine de gauche, aux cheveux très noirs et probablement plus âgée qu’elle.
La petite princesse norvégienne doit être la seule qui ne porte pas de jeans. Elle a des petits pantalons rouges avec deux coeurs argentés entrelacés tout en bas. Elle a des petites chaussures noires et ses pieds battent la cadence alors que son coeur bat la chamade. Ses yeux ne quittent pas le chef d’orchestre au tee-shirt autrefois noir. Lorsque son tour approche, ses pieds s’arrêtent, ses mains empoignent son violon et ses bras appuient et appuient, son cou s’allongeant et se racourcissant au fur et à mesure. Puis elle s’arrête et son pied reprend son solo, les yeux toujours accrochés au chef d’orchestre.
Vers la fin, lorsque la horde de parents excités se lèvent pour applaudir ce génie de progéniture, Ema se lève, échange un regard de victoire avec sa victime de gauche, et sourit.

Saturday, November 26, 2005

Somewhere we belong

Lorsque nous vivions à Bruxelles, Lamia et moi avons eu l'occasion de couvrir les élections belges, et surtout projeter un peu de lumière sur les hommes politiques belges d'origine marocaine. Il y en a beaucoup, surtout au parti socialiste, tentant de séduire les votes des 350 000 Marocains vivant là-bas (10% de la population).
L'autre visage de la Belgique, c'est l'extrême-droite qui ne cesse de grignoter du terrain. Leur parti (flamand) s'appelait le Vlaams Blok. Nous recevions tous les jours dans notre boîte aux lettres des prospectus promettant de nous débarasser de ces musulmans puants qui envahissent nos rues, volent nos emplois et terrorisent nos quartiers.
Depuis, le Vlaams Block a été rebaptisé Vlaams Belang; après avoir été condamné par la justice belge pour racisme. Une délégation du parti devrait être au Maroc les 8, 9 et 10 décembre.
Ses leaders Filip Dewinter, Frank Vanhecke et Gerolf Annemans vont loger au Hilton de Rabat et de là mener leur compagne pour expliquer aux Marocains que "la Belgique n'est pas le CPAS (Centre d'Assistance Sociale) de la terre". Filip Dewinter a récemment sévi dans Jewish Week, publication américaine, et a vomi des propos incitant à la haine entre juifs et musulmans.
Le Vlaams Belang envisage de donner une conférence de presse le jeudi 8 décembre au Hilton. Le parti fasciste compte publier des annonces dans les médias écrits marocains avec pour slogan "Hospitalier mais pas fou".
Des groupes associatifs marocains se préparent à les recevoir.

Ses ailes






La patience est un luxe
Au gout acidule
Et demain,
Je volerai au-dessus de vos tetes
Mes cocos

Thursday, November 24, 2005

The weakest link

Je ne suis que foetus, aujourd'hui.
Si elle était là, je la regarderais longtemps. Je tendrais mes narines, vers le bout de son peignoir vert. Elle a des tas de peignoirs mais elle persiste à mettre celui-là, c'était celui de sa mère.
Et pourquoi n'ai-je pas hérité de sa peau? Pour qu'elle soit unique, qu'elle soit elle.
Je sentirais juste le bout de ses manches retournées. Je me sentirais foetus, enveloppée.
Je me ferais boule et me loverais entre ses bras, même si je suis plus grande, je me sentirai toujours petite.
Je ne veux pas qu'elle parle. Je ne veux pas de brouhaha sur les misères quotidiennes, les courses, les élèves, les nouvelles des uns et des autres, des reproches sur moi, ma peau, moi, mes cheveux, moi, ma taille. Des reproches tendres. De tendres reproches.
Je veux ouvrir la bouche et aspirer son souffle. Sentir que j'existe. Sentir que je ne suis pas seule.
C'est bête.
Elle me fait rire en me disant qu'elle envoie des fax spéciaux tous les jours à sidi Rebbi. En voie express, recommandée. Il paraît que chaque jour que je vis est un accusé de réception.
Mes mots sont poussière. Je ne suis que foetus, ce soir.

Wednesday, November 23, 2005


When you're feeling like shit

Là-bas, c'était différent. Dès que les symptômes apparaissaient, c'était le branle-bas de combat. La routine est connue. Lui disparaît subitement. Il revient deux heures plus tard avec le vaporisateur, le sirop, les comprimés, le sachets de snacks et de chocolats, deux ou trois magazines et sa pile de journaux du matin, "pour te tenir compagnie".
Elle disparaît dans la cuisine et réapparaît un petit moment plus tard avec médecine homéopathique, du tilleul, de l'ail à utiliser comme suppositoire, de l'huile d'olive et du miel. Il n'y a rien à faire d'autre, juste attendre que les 3-4 jours critiques passent. Je les entendrai parler de moi alors que je cracherai mes poumons, vers 3h du matin. Je lui servirai de réveil pour sa prière de lfajr.
Il y a une petite bassine à côte, pour quand je tousse tellement que je vomis. Rien de grave. J'ai l'habitude.
Je reçois de courtes visites ponctuées par des "alors, ces bronches?". Je tirerai de la langue, dirai que je fais tout ce cinéma pour avoir un petit peu d'attention. C'est agréable, l'attention. Elle m'en voudra pour une heure quand je lui dirai "iwa un jour vous ne serez plus là, alors j'en profite". Elle finira par revenir avec un énième thé noir et du citron. Naima la suivra en secouant de la tête. Elle semble à chaque fois avoir encore plus de cheveux blancs. C'est ma faute?
Au pic de la forme, je mettrai mon peignoir aux mille couleurs et affronterai le froid polaire de ce qui est appelé le salon. Plutôt un grand espace creux qu'ils ont oublié de décorer. Comme le reste.
Ce soir, j'ai traversé la rue en pyjama et pantoufles pour acheter du jus et de l'eau, des bonbons Ricola et deux boîtes de Ferrero Rocher, en promotion. Mon royaume pour des antibiotiques sans prescription. J'aurais aussi dû acheter une bassine.

Tuesday, November 22, 2005

Ausencia






La solitude est un vilain défaut. Son absence à elle, à eux, à lui, à toi "d'avant", lorsque les choses étaient simples et les sentiments pas compliqués. Tu y penses chaque fois que tu coupes ton morceau de gouda, sur la planche en bois aux milles rayures. Parfois, même si tu n'as pas besoin de faire un effort pour couper le fromage, tu plonges la lame bien profond dans la bois, une rayure pour chacune de tes rides, une rayure pour chacune de tes blessures.
Tu as rendez-vous avec ta mémoire. Elle ne prend rien, merci. Tu la regardes en face en mastiquant ton bout de pain trop dur. Le pain de ta mère te brûlait les mains et t'apaisait le coeur. Sensations simples. Sensations révolues.
Tu parlerais bien tout seul, mais tu n’es pas fou.
Tu aimes bien ta solitude, alors pourquoi t’en défaire?
Tu laisses même une araignée tisser sa toile derrière la porte du cabinet de toilettes, elle aussi a sa solitude. Toi aussi tu t’enfermes peu à peu dans tes fils gris.
Tu commences à bien aimer l’odeur de tabac froid dans ta maison. Les coupures de journaux de poèmes que tu es arrivé à publier sont jaunies, mais tu as existé, un jour.
Tu en éteins une autre. Qu’est ce qui peut rallumer la flamme?
C’était hier, les courses dans les champs, les olives cueillies, les nuits dans la grotte, sur la plage. C’était hier, le corps d’athlète, les chikhates, là-bas où le soleil se couche tard et où la nuit ne finit jamais. C’était hier, les cheveux avaient une odeur et le vin du goût.


Tu ne le sais pas, mais tu te manques.

Joventud preciosa

Je mange le macaron récemment acquis au café d'en face. Un caddie vient d'escalader la petite colline et s'approche maintenant avec quelques prix Nobel à bord, en costards bleu marine et cannes de luxe. Les prix Nobel ne sont finalement que des vieillards incapables de se contenir et obligés de mettre leurs dentiers tous les matins pour ne pas effrayer les foules d'adolescents boutonneux venant écouter leurs interminables conversations.
Roi, poète, Don Juan, médecin, prêtre, notre tour viendra aussi.

Auckland, New Zealand

Monday, November 21, 2005

Sous presse

Je ne sais plus quoi penser de la presse au Maroc. Non pas que la presse américaine me laisse rêveuse. Loin de là! Elle est pourrie, pourrie. Mais en me penchant sur celle du Maroc, je me dis qu'il faut stopper la gangrène, quitte à l'amputer d'une jambe.
Cette semaine donc, comme chaque mois de novembre que dieu fait, il y a une journée de la presse au Maroc. L'occasion de se retrouver sur les fauteuils rouges du théâtre Med V (et plus récemment le palais de congrès de Skhirat) pour célebrailler, remettre des prix à des voix oubliées, des plumes moisies, des pionniers non suivis.
L'article du Matin disait "le hasard a voulu que la majorité des candidats soient des candidates". Quelle joie, quel accomplissement miraculeux! Un véritable déferlement de plumes au féminin. Les lauréats étaient finalement Chadwane Bensalmia de TelQuel (prix largement merité, GO CHAD!) et Nadia Ben Sellam d'Al Alam, Lamia Daka et Hassan Harmas de la MAP, Soumya Dghoughi, de 2M, Houri Fatima de la RTM et Noureddine Benhoucine, de Rissalat Al Oumma. Le Journal a probablement boycotté le prix.
Inconnus au bataillon? Sans blague.
Pour ceux qui ne le savent pas encore parce qu'ils vivaient sur une autre planète, personne ne lit la presse au Maroc. Je dis bien personne***. Le meilleur hebdomadaire vend 10 000 copies, une vraie misère. Je dis toujours à mon père qu'ils devraient lui donner le prix du "supporter de la presse marocaine" parce qu'il revient chaque matin avec au moins cinq sous le bras. Je suis en colère quand il achète L'Opinion. Il me répond "wa msaken, c'est juste pour les encourager". J'en suis encore plus en colère. La presse qui vit de charité, pas de mérite.
C'est un cercle vicieux: ceux qui lisent achètent en gros plusieurs journaux (disons TelQuel, Le Journal, Maroc Hebdo, Al Ahdate). Ou bien (l'economiste, Economie et Entreprises, La Vie Eco) ou bien (Al Ayam, Assahifa, Assabah (a cause de Ninni).
Combien ont lu l'article de Nadia Ben Sellam sur l'autopsie? Combien ont ecouté Houri Fatima? Combien ont vu les photos de Benhoucine? Je prends les paris.
La presse partisane est morte. Hier. Avant-hier. On la maintient avec un tube de respiration qui ne sert a rien.
Tous ces journalistes payés une misère, produisant des articles de misère dans des journaux de misère. Quel gâchis...
On a la presse qu'on mérite, oui. Mais jusqu'à quand?
Quand on se dit qu'un journal comme La Nouvelle Tribune doit vendre quelques 300 à 500 numeros par semaine, on se pose des questions. Ah, vous n'avez jamais entendu parler de Rissalate Al Oumma? Ou vous ne saviez pas que ça existait encore? Moi non plus.
Peu de journaux sont membres de l'OJD, organe de justification de diffusion qui oblige les media à publier leur comptabilité et leurs chiffres de vente. Pour beaucoup de journaux, les fonds sont occultes, on ne sait comment ils survivent. Entre alors en jeu tout un aspect politique: les partis, l'armée, les armateurs, les businessmen, etc. Sans parler de tout l'aspect professionnel: salaires, indemnités, assurance, retraite. On attend toujours le consensus pour une convention collective entre le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) et la Fédération marocaine des Editeurs des Journaux (FMEJ).
Il y a des semblants de stars qui émergent. L'émission "Grand Angle" de Reda Benjelloun est appreciée, les chroniques de Rachid Ninni, certains articles de TelQuel, des dossiers du Journal (il y a bieeeen longtemps), des ébauches d'enquêtes en arabe. Il nous manque encore un quotidien fort, en arabe ou en français (et en tamazight bon sang). Il nous manque des journaux de proximité (n'est-ce pas nounours?). Il nous manque l'éthique. Il nous manque les moyens. Il nous manque des lecteurs. Il nous manque une bonne génération de professionnels. Ca commence. Je suis confiante. Ca va venir. Je m'impatiente, voila tout.




*** Qui lit d'ailleurs? Pour les alphabetises, ne pas rater l'article de Jihane, intitule «Education pour tous 2006» : Le Maroc parmi les pays regroupant les 3/4 des adultes analphabètes"

kounnach

Il y aura une classe de rhetorique au printemps sur la filmographie de Lynch et d'Almodovar. Qu'est-ce que j'aime ce campus.

KKMG

Quelque chose, beaucoup de choses me disent qu'entre nous, ça ne pourra jamais marcher...
Tu viens encore de partir sans me dire au revoir. L'autre jour, j'ai claqué la porte de ta voiture après deux minutes de nos retrouvailles. Si proches et si étrangers...
Ca ne sert à rien de discuter au téléphone. L'un de nous finit toujours par racrocher au nez de l'autre. Comme aujourd'hui encore.
Je me dis toujours qu'il faut calmer les choses, chercher un terrain d'entente, ne pas se fâcher sur les plus stupides des thèmes, comme aujourd'hui lorsque je t'ai demandé si tu avais pris ton billet d'avion pour Arizona, tu m'as regardée avec des yeux interloqués comme si je venais de dire une insanité. "Damn, you can't even remember that I told you I was supposed to go driving". Et moi: "I am sorry, I just remembered", dis-je en fourrant des pâtes dans ma bouche.
Tu n'as même pas attendu que je termine ma courte conversation téléphonique. Tu as disparu comme un voleur. Ca ne me fait même plus mal. Je me suis habituée à laisser couler quelques jours, le temps que ça se calme. Le temps que tu puisses m'appeler encore pour me parler de ta passionnante carrière. Après 30 minutes, 52 secondes de conversation, je secouerai les miettes d'un biscuit, probablement Le Bastogne, de ma main droite. Je retournerai le téléphone, regarderai la durée de conversation sur mon écran. De temps en temps, je baillerai un "non? c'est vrai?" ou "aha" ou encore "oui, je vois. Incroyable". Je ferai pire: je poserai mon téléphone, courrai à la salle de bain, reviendrai. Tu seras encore lancé dans ton monologue super passionnant sur comment les boîtes de consulting soutirent le maximum de billets verts de leurs clients, les taxes, le profit Vs ressources humaines, la culture d'audit en europe Vs aux usa, l'attitude des partners, la concurrence entre les big four, comment le consultant va aider à réaliser le rêve du client d'arrêter de travailler en gérant mieux son argent, etc.
Je sature grave, comme à chaque fois qu'on essaie d'avoir une conversation. Aucun centre d'intérêt commun, aucune patience l'un pour l'autre. A défaut d'être enthousiaste, je suis compréhensive, à l'écoute, mais gare à moi si la définition d'une taxe échappe à mes oreilles étourdies.
Je suis lasse de ces rapports forcés, lasse de ses cadeaux, lasse de son manque de tact, de son manque de compréhension.
Pour une fois, je ne suis pas convaincue que la richesse est dans la différence. Vraiment pas. Je suis quelqu'un qu'il ne connaitra jamais car il n'a jamais cherché à me connaitre, ou bien il croit me connaitre alors que je vomis l'image qu'il a de moi. Et je sais que si je ne veux pas me souvenir d'une tranche de ma vie, c'est pour ne pas évoquer mes souvenirs d'enfance avec lui, avec eux.

Un an déjà

Je change de tête, inspirée par Gar. Je ne trouve pas cette nouvelle police très pratique à lire mais j'aime beaucoup la frame.
De même, je tâtonne en language HTML, je peine encore à insérer des choses. Merci pour votre patience.

FIFM

Bon ben, puisque Lebaroude est en silence radio, je me propose de donner le lien vers le palmarès du festival de Marrakech. And the winner is...

Sunday, November 20, 2005

Mon plus lointain souvenir

Midi à Place Pietrie. Il passe me récupérer à la garderie avec Maati. On se prend les mains tous les trois. Je n'arrête pas de parler. Je ressemble à une miniature de Mireille Mathieu. J'ai une petite robe à carreaux et des petites chaussures grenat. On va acheter du pain à la pâtisserie "Lqsar". On sent le pain de loin, il est frais et chaud. Tout le monde se connaît et se salue. Maati veut des sucreries. On marche à la maison. On grimpe les escaliers des cinq étages. Le voisin de palier, c'est mon oncle et sa porte est fermée. Elle a de grandes lunettes et des bottines et des sacs à main toujours assortis. Il y a du soleil plein la maison. Les carreaux de la salle de bain sont bleu ciel et nos lits superposés.
L'après-midi, Zahra nous emmène au parc. Je prends la place de Maati dans sa poussette. Il pleure mais elle le console. Je chantonne. On arrive à la fontaine et il y a d'autres bouts de chou qu'on connaît. Et moi, je n'aime que l'eau de la fontaine.
Plus tard, il y aura des croissants au chocolat faits maison et un vieux chauffage à gaz qui traîne au milieu du salon.
Dimanche, tous les trois, on regardera Al qanate assaghira et on mangera avec Madé. L'après-midi, on ira à Salé dans la maison aux carreaux froids et aux coeurs chauds. La barbe de mon ba sidi pique mais il sent comme le paradis. Ses yeux sont bleus et il a l'air d'un ange. Je suis subjuguée par le petit tatouage qu'elle a au menton. Je traîne dans la chambre à pain alors qu'elle prépare le grand goûter.
Sur le pont Hassan II, il y a toujours un embouteillage en rentrant chez nous. Je regarde l'eau rouge, bleu, verte qui coule dans le Bouregreg. Moi, je n'aime que l'eau.

Et vous?

Saturday, November 19, 2005

Heads up

California dreaming, c'était hier.
Le thème, c'était "heads up". Il fallait venir avec un chapeau, un monocle, une perruque, des lunettes de soleil, une moustache, etc.
Je choppe un béret rose chez Ross. Ca me fait sourire d'avoir trouvé cet exact béret, je crois bien que ma mère a le même dans toutes les couleurs de la nature, dans une petite malle marron. J'ai des motifs roses sur mon top turquoise.
Puis, ménage chez moi, parce que deux semaines de négligence (!) ont eu raison de mes allergies à la poussière. Puis écroulée à cause de médicaments. 20 minutes de nap. Puis réveil en sursaut. Puis jupe, bas noirs et bottes. Puis A. achète un bonnet de papa Noel au Walgreens. $2.99. Puis on passe chercher A2. qui sait que la Taguiya de lmdina lui va mieux que le bonnet Armani. Puis chez L, dans son look de fermière et ses deux coloc, T avec la perruque verte et A avec les cheveux dressés genre pub de gel pour Garnier. Trois DJ's se relaient. Sur le deck, ça parle, boit, fume. K débarque avec sa perruque des 70's, Michael Jackson fiyamatou. Elle est superbe. Le contingent marocain se distingue dans la foule des déguisés de la tête.
Soudain, beaucoup de monde. Ca se crie. Ca s'exclate toute en bonne humeur. Coup de fil inattendu et malentendu. Douche froide. Début de la parenthèse "out of the game", comme à chaque soirée. Cherche mon verre de coca et me trompe. Vodka au cranberry juice. Parlons avec G et son look de parisien de l'Après: l'Après Bay Area, l'Après California dreaming. On sait pas. On sait plus.
A. en a marre d'essayer avec la blonde italienne. "Elle est pas assez saoule".
A2. commence à faire craquer l'autre blonde, copine de B. qui répète mon prénom toute la soirée. "Je n'oublierai pas ce prénom".
Deux mecs dansent un slow au milieu de la techno, se tiennent le visage et s'embrassent doucement. Blues monumental.
Certains s'enferment dans la chambre de L. et se passent un joint, des joints. Dehors, je saute d'un groupe à un autre, cherchant vaguement un début de conversation. Quelque chose manque.
SDB squattée par couples frais. Danse les yeux fermés. Soudain moins de monde. A2 fait un diagnostic labial de la blonde bis. K et moi parlons du Maroc avec B. Les chapeaux sont tombés, le make up a coulé, les chaussures ont cédé. L. est furieuse: A2 s'est enfermé dans sa chambre à coucher avec la blonde. Sommeil. Fatiguée. Encore les jambes pour un dernier Black Eyed Peas. Pense au Maroc. Après tout, on est bien ici. Même si on n'est pas chez soi.

Friday, November 18, 2005

Mostró de papel

On m'a mentie. On m'a trompée.
On m'a bercée d'illusions. On m'a inculquée la naiveté comme principe, beau principe.
On m' a dit que ça ne comptait pas, d'où on venait, parce que l'essentiel était dans les coeurs.
On m'a encouragée à boire du lait -que je n'ai jamais trouvé bon, pas même celui du sein de ma mère- parce que ça fait prétendument pousser des ailes.
On m'a dit que la liberté était dans le coeur et que rien ne pouvait arrêter les rêves, qu'il fallait croire en sa valeur intrinsèque.
J'ai des murs devant les yeux, des barbelés autour du corps. Quelqu'un fait grincer un morceau de craie humide sur un tableau vert. Et je crie.
A quoi ça sert, de naître au Tiers-Monde?
Je vous défie, amis utopistes de la blogoma, rêveurs pas encore réveillés, défenseurs des opprimés de ce monde, adeptes de la constitution des livres de la bibliothèque rose, citoyens de la cité idéale, membres du parti des altermondialistes heureux, de me dire pourquoi vous voudriez faire naître vos enfants dans un pays du Tiers-Monde.
A moins de vouloir leur faire apprendre le combat très tôt, en doses de biberon, à moins d'apprécier -en masochiste confirmé- de les voir pointer à la porte de tous les consulats à 5h du mat' pour un visa qu'ils auront la chance de demander, à moins de vouloir leur faire goûter lhogra, à moins de les faire grandir dans la maison baignée d'amour de leur grand-mère, je ne vois pas beaucoup de raisons. Convainquez-moi.
Je comprends ceux qui troquent leurs papiers, volontairement. Ca s'appele "rendre sa vie moins compliquée". Ca n'a rien à voir avec ses sentiments, son attachement au pays, son patriotisme ou autre valeur non côtée en bourse.
Ma C.I.N n'a aucune valeur, en dehors du coumisaria de lmdina et de l'incomparable aéroport Med V où un barbouze poilu le tripote dans tous les sens cherchant une raison de pousser des "aha" et des "oho".
Je trimbale mon passeport à la banque, au supermarché, à l'école, en boîte. Je le trouve joli. Le sceau doré sur fond vert surtout. Mais je sais qu'à part la valeur sentimentale et les jolies calligraphies de mon nom, il ne m'est pas si précieux.
Parlons-en.

Depuis le début de la guerre, on réclame aux Irakiens des visas, même pour aller au...Togo.

Thursday, November 17, 2005

Apatride

Je ne sais pas pourquoi
Sarajevo ne veut pas de moi

Wednesday, November 16, 2005

Humeur du moment...

Suite

Sur le quai de la gare. Eternels adieux. Eternels commencements et éternelles fins.
"Elle est revenue mais elle repart".
Je pleure. A l'intérieur et à l'extérieur. J'ai la nariz roja (JJ) et le corazon bleeding.
Le sablier s'est retourné. Déjà. Le bonheur, par définition, ça passe très -trop- vite.
Laissez-moi rester, en SDF de cette ville que je n'arrive plus à quitter. J'errerai dans les rues, dormirai dans les églises, observerai les enfants jouant dans les cours des écoles. Je me balancerai pendant des heures sur les balançoires des parcs. Mais j'ai déjà où aller. Je ne suis pas folle, juste déchirée.
Retour à la gare. J'ai tout ce qu'il me faut. Récapitulons: l'eau, les pommes,le chocolat blanc, le chocolat au lait, le sandwich et...plein de nouveaux souvenirs.
Ma mémoire a travaillé pendant tout le weekend à enregistrer les odeurs, les bruits, les silences, les sensations, comme si c'était la première fois. La mémoire, c'est de la manipulation masochiste. Ta mémoire, c'est ta meilleure ennemie.
Je n'aime pas les trains qui me conduisent malgré moi. Tout est triste, surtout les toits du Luxembourg et ces jeunes sortis directement d'O.C. qui gloussent sans cesse dans le compartiment. Je déteste les trains et les voyageurs inter-rail. Le chocolat est amer.
Je re-traverse le couloir du parlement européen. Abdel n'est pas de garde. Je re-traverse le parc, maudis le destin, mon destin. Je traîne ma valise sur les pavés mouillés. Je me traîne.

Basta!

This is outrageous.
http://video.google.com/videoplay?docid=3374757378608744139
Jusqu'à quand?

Tuesday, November 15, 2005

Monologue personnel

Je traîne ma petite valise sur les trottoirs mouillés. Je traverse le petit parc à côté de la maison, prends le couloir du parlement européen. Ses escaliers sont penchés. Les voitures ne s'arrêtent pas de déposer des personnalités. Au diable le briefing de demain. Il ne se passe jamais rien les vendredis. Je hoche la tête à l'intention d'Abdel, un des bonhommes de la sécurité du Parlement, originaire d'El Jadida. Lundi, alors que je passerai le scanner du hall d'entrée, il me demandera encore où j'ai disparu le weekend. Mais pour l'instant, je suis trop pressée.
Je cours dans la plateforme à l'arrière du parlement, raccourci vers la gare Schuman. Objectif: le 17h10. Arrivée 5h50 plus tard à Strasbourg.
Je trépigne d'impatience en lisant des rapports débiles de la commission. Satané roaming...J'ai déjà la tête là-bas, le coeur là-bas.
A l'arrivée, personne ne m'attend. Normal: je n'ai dit à personne que je venais. Je prends le tram, comme une grande. Je me sens chez moi. J'ai hâte d'y être.
Il a plu. Les dalles sont mouillées mais les rues sentent bon. Elles sentent propre. Je renaîs. Je me presse. Je m'attarde. Je suis chez moi. La rue de l'Ail me sourit.

Plat du jour

Et les gens?
Facultatifs, comme le reste. Comme le champ "email address" sur une page de commentaires de blogs. Comme les vitamines du matin. Comme les fraises coupées dans tes céréales. Ou peut-être des bananes. Comme les discussions après les films, "lli 3tah Allah 3tah", ce n'est pas la discussion qui changera ton avis sur la pelicula.
Et ta vie? Au point mort. On ne peut comprendre que ce qu'on vit.
Mauvaise humeur. Aucune compassion. Indifférence pour les pisseurs et les pleureurs, pour les fidèles et les infidèles. Je crache sur la médiocrité, les sentiments pas complets, pas assez forts, les idées à mi-chemin, les hommes à mi-chemin, les rires étouffés, les pleurs étouffés. Je me ris des coeurs brisés, des histoires passées. Il y a écrit "fuck off" sur mon front. Ou "chien méchant". C'est à vous de choisir.
Je ne crois plus en l'amitié. Je ne crois plus en l'amour où l'on appartient, où l'on se donne, où l'on se reçoit. Donde estan los ladrones? A voler le plaisir quand ils le rencontrent, à faire durer la minute de jouissance de l'esprit, à déverser leurs frustrations du moment dans un verre de whisky, un film, une chanson. Une chanson qui déchire, qui les déchire.
Donde estan los heroes? In their mom's hearts. Nowhere else.
Vous voulez un dessert? Je vous recommande le vomissement du chef. De votre bassesse quotidienne.
Oh vous n'en voulez point. Quel dommage. Pourtant, ça soulage. Ca aide à digérer.
Politically incorrect? Je ne comprends pas ce que vous dites. Oh j'y vais fort? Mais c'est juste moi. Moi. L'insoutenable légèreté du moi, l'insoutenable narcissisime du moi. "Hadchi lli 3ta Allah".
Tout ça, c'est facultatif.

Monday, November 14, 2005

Pretention

I'm your blessing and your curse.

Ailes brisées

Ayoube, mon alter-ego (fictif?) pense encore à elle (aile), celle qui a pris ses bottes sous ses bras et est partie.
"Je veux que tu saches que je n'ai pas oublié".
Je veux qu'elle retourne "chez elle", dans la maison aux fleurs séchées, où la boîte aux lettres porte toujours son nom.
Je veux l'attendre sur le palier, entendre le plancher craquer sous les pas de ses bottes noires, le bois grincer dans les escaliers.
Je veux la prendre dans mes bras, qu'elle oublie.
Je veux lui faire couler son bain, comme elle aime. Elle ne fera rien, ne parlera pas, me regardera avec les plus beaux yeux du monde.
Je lui masserai la tête avec son shampoing qui sent elle, lui passerai un gant sur tout le corps. Elle ne dira rien, elle m'embrassera les doigts un à un.
Je m'attarderai sur ses épaules, larges et carrées. Elle laissera tomber sa tête en arrière. Je toucherai la peau de son cou, doucement.
Je la rincerai avec beaucoup d'eau; les manches de ma chemise seront mouillés et elle sourira enfin en m'attirant à elle.
Je l'essuierai avec une serviette blanche, millimètre par millimètre. Je la porterai jusqu'au lit et elle me fera frissoner comme je la ferai gémir. Elle pleurera et me dira "c'est le bonheur, je vais mourir de bonheur".
Ayoube cherche encore le goût de ses lèvres sur d'autres lèvres...
Lorsqu'il est au boulot, Ayoube veut se dire qu'elle est encore là, sa "petite femme au foyer", faisant la vaisselle en petite culotte en écoutant Skyrock. Il veut se dire qu'ils iront au cinoche vendredi après Thalassa et qu'elle brûlera encore ses crêpes au chocolat pour lui.
C'est rigolo la vie. Maintenant, seulement maintenant, Ayoube sait qu'à l'époque, il était heureux.

Sunday, November 13, 2005

Mondanités

Monsieur le Ministre est beau, de l'intérieur.
Monsieur le Ministre voulait être astronaute, quand il était petit, ou océanologue.
Monsieur le Ministre aime les ballades sur la plage et les moules à la provençale de sa maman.
Je n'aime pas partager Monsieur le Ministre, alors je me tiens à l'écart en le regardant entouré de journalistes et je mange des pistaches alors qu'il me sourit.
Monsieur le Ministre est un drogué du boulot et je me dis qu'il mérite bien mieux que la horde d'imbéciles qui l'entoure.
Monsieur le Ministre est jeune pour être ministre et n'aime pas les lèches-bottes, en particulier pas ses bottes italiennes achetées lors de son dernier voyage à Rome.
Monsieur le Ministre porte une alliance et a un enfant. Des sources bien informées et mal intentionnées le disent fidèle.
En 2007, Monsieur le Ministre ne sera plus ministre. Je ne sais pas ce qu'il deviendra mais il retombera parfaitement sur ses pattes. J'aiguillerai mon travail pour le croiser dans une conférence, un jour. Je mangerai des pistaches en espérant qu'il me sourie.

Saturday, November 12, 2005

Fidèles au Castro

Pour l'anniv de Mili et de Becca, on a karaoké en ville puis on est allés dans des boîtes gay du Castro, le quartier queer de SF. Il y avait beaucoup, beaucoup d'hommes qui ne regardaient pas de filles et qui dansaient collés les uns aux autres. Dans un pays où personne ne s'embrasse dans la rue ou dans le métro ou rarement sur le campus, il est extraordinaire de voir combien les gays se lâchent sur leurs territoires.
Au Café, il y avait autant de filles que de mecs. On s'embrassait sur les tables de billard, sur la piste de danse. Mais au deuxième bar où on est allés, il y avait à peu près 2% de filles. C'était affolant pour notre chère N., la japonaise, qui a failli s'évanouir quand elle a remarqué que les toilettes étaient mixtes et qu'on voyait clairement les garçons se soulager, et d'autres choses encore. D'ailleurs, il existait d'autres toilettes éclairées par des bougies et qui n'avaient pas de portes. On pouvait voir du dance floor ce qui se mijotait à l'intérieur. La bande son? Du Madonna, de la techno et des reprises de morceaux des 80's.
Ca remuait tellement du derrière que je passais pour une danseuse classique. Les torses et les fesses étaient pris d'assaut, les visages se rapprochaient, les langues se découvraient, les amants s'échangeaient. Il y avait cette douceur en eux que j'ai rarement vue chez les hétéros. Et je ne sais pas, je me suis dit que les filles de nos jours doivent repousser beaucoup d'hommes. Elles ont perdu tout leur mystère, tout leur charme. Ou bien elles sont vraiment inacessibles. On est sortis un moment, on s'est posés dehors à côté du magasin "Does your mother know?". Après un morceau de pizza, on a jeté un coup d'oeil au bar "who's your daddy?". Il n'y avait, là encore, aucune mommy.

Friday, November 11, 2005

Média-ssion

Le racisme est partout. Même, et surtout, dans les média.
50 morts en Jordanie. I'm sorry to say that but who cares? A part les familles des victimes, personne n'a exprimé, n'exprime ou n'exprimera une sympathie au-delà du politically correct.
Après le tremblement de terre au Pakistan, ces milliers de morts, la faim, les épidémies, who cares? Nobody.
Ce soir, à HRW, ils parlaient du Sida en Ouganda, des viols au Darfur. But who really cares? Le génocide du Rwanda montre bien que personne n'a levé le petit doigt aussi.
On a cette règle abstraite dans le journalisme que si la victime n'est pas blanche (américaine, british, européenne quoi), elle ne fera pas les gros titres. Un Francais est mort, ça fera boum. Deux victimes américaines dans un attentat terroriste, on en entendra parler pendant des semaines. Deux mille Paskistanais morts en une nuit? "Oh that's sad". Au suivant. Saloperie de système.

J'ai vu Sean Penn

- Alors,raconte?
+ Ben rien.
- Comment ça rien?
+ Ben rien. J'étais en pantalon finalement. Pas de caftan. L'invit' disait "cocktail attire".
- Et Sean?
+ Lui était en moustache. Beau gosse, ce mec. Mais il a pas beaucoup parlé. Il a fait un petit discours sur sa raison d'être là.
- Et c'était quoi la raison?
+ Il a dit qu'on faisait appel à lui because "I am a notorious humourless public speaker". Mais qu'il était surtout là pour honorer Omid.
- Omid, kézako?
+ Omid, c'est un bonhomme iranien avec moi à l'école, assez beau gosse, à qui je n'avais jamais fait attention. Mes amies me l'ont présenté ce soir. Il est journaliste, a été arrêté et torturé en Iran. Un héros quoi. Il m'a dit: "Najlae, it's a pleasure to meet you". J'ai répondu: "my pleasure. Please tell Sean I'll be waiting for him at the corner".
- Et alors?
+ J'ai attendu. Mais il est pas venu.

Wednesday, November 09, 2005

Histoire d'un rat

Surtout, ne jamais oublier d'où on vient.
Tu n'as pas oublié, hein? J'étais souriante quand tu es apparu à cette galerie d'art à Casa, toi et ton écharpe en cachemire et ton look de bourge aseptisé. Tu as compris à mon sourire et j'ai aimé ta première phrase: "mademoiselle, on ne se serait pas croisés dans une autre vie?". Je te pardonnerai d'avoir interrompu mon interview de l'"artiste".
Je souris encore. Tu souris encore plus. Tu me fais remarquer que tu portes des Westons, une manière de me dire que tu n'as pas oublier ton pseudo: "professor Zapato". Une seule raison à ça: tes chaussures marrons en cuir, la seule paire que tu avais et que tu portais tous les jours, qu'il pleuve ou qu'il vente. Et comme tu avais ces légendaires cors aux pieds, tes semelles étaient rongées d'un côté plus que de l'autre. Qu'importe. Tu arpentais ces horribles allées peuplées d'acariens de ces semblants de bibliothèques de l'enseignement public supérieur. Je persiste à croire que si tu aimais autant les livres, c'est qu'ils te permettaient d'oublier. Oublier la petite garçonnière du quartier l'Océan que tu partageais avec Mohamed, un vrai QG pour les génies paumés et fauchés. La bohème à la Marocaine, hein! Les films, les tomates achetées au pisri du rez-de-chaussée, les ébauches de scénarios jamais terminés, les débuts de romances..Oublier la bourse de misère, les voyages en grands-taxis à l'eid, les cigarettes partagées, les bouteilles de rouge pas cher. Oublier Mme Simone, à Nancy, ta voisine de palier qui te repassait tes chemises de temps en temps, même si tu pouvais le faire toi-même, et que tu visitais régulièrement. Oublier ses billets de 100 francs, généreusement glissés dans ta main après tes démonstrations de virilité marocaine.
Elle n'est pas belle, la vie? Tu as eu droit à une succession d'heureux incidents. C'est beau d'être reconnu, hein? C'est beau d'être l'auteur, d'être lu à son tour, de se faire sa place, de voir l'autre côté de la barrière, de s'acheter de nouvelles chaussures.
Mais chapeau bas l'artiste, de garder ta bohème comme une richesse. Et pas le contraire.

Tuesday, November 08, 2005

Monday, November 07, 2005

Velvet, Blue Velvet

Alors d'abord, D. (pas toi, le nounours facteur) vient me dire avec son flegme habituel: "oh, tu sais que David Lynch vient ce soir? Il sera à Wheeler". Je saute de mon siège, incrédule. Adieu la Bosnie. Je cherche fébrilement la confirmation sur le site web. A 19h15, je cours vers Wheeler. Il y a foule. Je n'ai pas de ticket. L'admission est gratuite mais...plus de sièges libres. Je suis au bord du désespoir, je m'insulte de ne pas y être allée plus tot. On me dit qu'une projection de la conférence est prévue en simultané à Dwinelle building. Je trimbale mon dégoût de la vie a Dwinelle donc. Je m'asseois et commence un email pour mon DJ de la soirée qui se reconnaitra. Un moment, un bonhomme de l'organisation monte sur l'estrade et dit que 100 sièges sont disponibles à Wheeler pour les plus rapides. A partir de là, blackout total. Je me vois saisir mon laptop dans une main, mon sac dans l'autre et...courir. Je vois des filles planter leurs mecs sur le banc touche et pousser les portes de Dwinelle. Je vois des mecs ne pas se retourner pour leurs paquets de cigarettes tombés de leurs poches. Je vois des mamans avec leurs bébés dans les bras me dépasser. Arriées à Wheeler, une foule est rassemblée devant les portes. Les organisateurs crient "don't push, please don't push" et commencent à compter les 100 premiers. Je prie. Je prie. Je suis le numéro 37. Victoire.
David Lynch apparait apres une dizaine de minutes. Il porte un costard très noir, une cravatte genre Vince Vaughn dans Psycho, aussi très noire et une chemise très blanche. Je vois son profil droit et ses cheveux gris et plaqués.
Il est venu parler de méditation. Je m'en fous de la meditation. Il dit qu'il n'a pas preparé de discours, qu'il veut entendre les questions de l'audience. Il est poli et dit beaucoup de fois "it's beautiful, it's beautiful". Je fais un best-of de ses phrases.
- Pour Lady M: "True happiness lies within"
- Pour la mauvaise graine: "No noise is a barrier"
- Pour Laseine: "We can enjoy the silence. Kind of beautiful"
- Pour Loula: "There's a great giant ocean of consciousness in every human being. The "iamness", the ability to understand what's around us can make us happy.
- Pour Ekh: "coincidence is happy incidents"
- Pour ASH: "I had this idea of a boy who plants a seed that becomes a grandmother. A grandmother is a source of love"

Je suis sortie quand il a fini de répondre aux questions.
Why do I care? I don't know. But I'm happy. Jeudi, je vois Sean Penn.

Sunday, November 06, 2005


Sans titre

Pleure, libellule, tes souvenirs qui ne reviendront pas. Je suis le Do et le La de la symphonie de ta mémoire. Laisse-moi partir, je suis déjà partie. J'allumerai une bougie pour toi et je t'imaginerai cambré au-dessus des vapeurs de ton bain. A quoi ressemble la mort? C'est ta question du matin et du soir. Laisse-moi partir. Je suis déjà partie.
Je te frotte le dos mais ta peau est douce et propre.
Bach était-il droitier ou gaucher? Ta main dans l'eau chaude cherche la porcelaine blanche. Tu as très mal au coeur. C'est le début du malheur. Tu plonges ta tête sous l'eau mais elle ne sera pas limpiada. Et si tu ne remontais pas à la surface. Je me souviens, tu te souviens de tes moments dans l'eau de l'Atlantique. Le soleil était encore de l'autre côté du monde. Sur le sable, tu repérais les traces des pattes des oiseaux. Ils étaient là avant toi, ils sont toujours là avant toi. Tu pousses tes jambes dans la fraîcheur et jette ton visage dans la première vague. Te faire mal, toujours. Lorsque l'eau est à tes épaules, tu retires ton maillot. Et tu replonges. Tu n'es plus qu'une algue comme tant d'autres. Rien ne peut être meilleur. Fermer les yeux. Etre tenté de ne pas remonter. Fermer les yeux, écarter les orteils. Ouvrir la bouche. S'imaginer enfermé dans chacune des bulles qui remontent à la surface.
Je veux mourir ainsi, à la frontière du bonheur.
Respire, libellule.
Tu n'aimes pas ce que tu es devenu. Pleure.
Veux-tu que je te repêche? Tu veux échouer sur le sable et y dormir. Ne penser à rien. Juste les picotements du sel sur ta peau.
A quoi ressemble la tristesse? A tes sanglots étouffés derrière la porte de la cuisine. Sors le torchon de ta bouche.
Ferme les yeux, libellule. Je te masserai les pieds, si tu le veux bien. Je mettrai du feu dans la cheminée. Tu aimes le feu dans la cheminée, oui. Ne te consume pas. Le sablier court et la bougie fond. Je jouerai une autre symphonie pour toi. Même si je suis déjà partie.

Friday, November 04, 2005

Premios (2)

Courte phrase pour dire ma satisfaction personnelle que Houellebecq n'ait pas eu le Goncourt.

Mon refuge de l'apres-midi

Cendrillon, temps modernes

Et si je te donnais le visa pour mon coeur? 24 heures, pas plus. Mais attention, ce sera sans concessions, de ma part comme de la tienne. Je laisserai mes conneries au placard, mes regards qui te fouillent l'âme, mes turbulences aquatiques, mes jeux de mots, mes blagues, mes boucles d'oreilles qui te distraient, mes jeans aggraffés. J'abandonnerais les mondanités, les obscénités, les livres qui font "in" et les phrases qui font "out". Tu retirerais le fomulaire d'application au guichet de mes journées, horaires de bureau. Tu serais interviewé sur chaque pièce du dossier. Et d'ailleurs, prépare-toi à répondre à la question du logement. C'est une question-piège et ne compte pas sur moi pour te souffler la réponse.
Tu prendras l'aile John Malkovich et appuyeras sur le bouton "being". Tu hésiteras, comme le poisson en bas de la digue, ne se décidant pas à affronter le courant allant dans l'autre sens. Seras-tu prêt à laisser l'uptown et le downtown et voir le westside de la chose? Je ne te garantis rien. Je suis inattendue. Et si le territoire en question était triste à mourir? Et s'il n'y avait rien à photographier? Prendrais-tu tes jambes à ton cou et courirais-tu à la frontière? Et si tu t'y sentais comme chez toi? Et si tu t'y sentais bien? Et si tu pensais que tu avais trouvé ton havre de paix? Et si la lumière était juste parfaite pour tes yeux? Et si les fruits fondaient dans ta bouche et que l'écorce des arbres sentaient bon? Et si tu voulais rester? Et si j'étais, moi, bien, même très bien comme je suis? Et si j'étais tout ce à quoi tu t'attendais et ce que tu attendais? Eh bien je ne pourrais pas te garantir que je prolongerais le visa.

Evanston, this afternoon

Thursday, November 03, 2005

Hi from Illinois

Je suis a Chicago pour 48heures. Ville extraordinaire. Des dizaines de mails a ecrire mais aucune energie. My day started at 4am. Apologies and promises to respond soon. Najlae,Chicago Bull.

De la fenetre...Moghrob time

Wednesday, November 02, 2005

Lolita (5)

Mouhcine, mon pote, qu'est ce que j'ai bien fait d'accompagner Miriam au Mega-Mall!
Je l'ai revue, elle, Lolita, mademoiselle lèvres charnues et accessoires de luxe. Je l'ai vue, à la caisse du magasin voisin au Diesel. Elle s'ennuyait, a envoyé un p'tit mec au look de pédé lui chercher un mille-feuille de chez Le Nôtre. Je l'ai regardée à travers la vitre, dévorer le mille-feuille. Délicieuse coquine! J'ai attendu le moment le plus embarassant et j'ai poussé Miriam à l'intérieur du magasin. J'ai feint la surprise, lui ai glissé des phrases que seule elle pouvait décoder. Elle a grossi, mais toute en beauté mon pote! Un bonbon à sucer après les repas, je t'assure! Tu ricanes, mais crois-moi, c'est de la catégorie supérieure, Lolita. Elle a beau être mariée, mais je connais ce genre: jamais satisfaite. Trop jeune pour être fidèle, trop belle pour m'échapper.
Ah Lolita, j'en rêve la nuit. J'en rêve le jour. Je sais: demain, elle déjeune chez ses parents. Ces chers voisins!

Lolita (4)

Je ne sais pas ce qui lui a fait le plus mal: le fait de savoir qu'il la trompe, elle, Lolita, la perfection même, ou le fait qu'il la trompe avec la bonne, même pas jolie, même pas douce, même pas fine, même pas elle!
Qu'allait-elle gagner à lui faire un scandale? Une belle occasion pour les vipères du centre de sport de dire que le beau Reda trompe Lolita avec sa bonne! Quelle blague!
Lolita se mord les lèvres. Elle sait que ce n'est pas d'amour qu'il s'agit, mais d'amour propre. Lolita est un bourreau, l'a toujours été et le sera toujours. Sa devise: "le déguster au déjeuner avant qu'il ne me déguste au dîner". En d'autres mots, toujours être la première à dégainer. Mais là, elle n'avait pas vu le coup venir. Elle pensait qu'il y avait prétexte à accalmie. Ca s'appele mariage, paraît-il.
Au diable les Adouls et leur charabia. I'm back.

Tuesday, November 01, 2005

Lolita (3)

Lolita passe ses journées à faire la navette entre Rabat et Casa. Ca la change du Marjane-maison. Reda est divinement compréhensif de ses absences et de ses retards. Lolita veut être une vraie businesswoman, et elle le deviendra. Le local choisi, la franchise acquise, la décoration terminée, le grand jour de l'ouverture approche et Lolita est nerveuse. En témoigne le véritable coup de pied qu'elle a donné à l'esthéticienne qui lui faisait sa pédicure hebdomadaire. Version lolitaenne: "querssate liha l7em". Version Jamila (Lolita appele toutes les esthéticiennes Jamila): "elle n'arrêtait pas de bouger en parlant au portable".
Bref, Lolita a recruté du monde, dont la nièce à Mabrouka (d'ailleurs rentrée au bled pour un enterrement et remplacée par une Fatma moche et antipathique) et une fille diplômée en littérature française. Le personnel est complété par Halim, beau gosse brun aux cheveux plaqués et aux tee-shirts moulants. Le Jour J, le magasin regorge d'amis de la famille médisant sur la source du financement du local et de curieux venant piquer des petits fours (quoique les deux catégories soient interchangeables). Reda n'a pas pu venir et Lolita sent déjà qu'elle se lassera rapidement du magasin. La chose ne tarde pas d'ailleurs. Epuisée par la navette, Lolita décide un mercredi après-midi, de rentrer sur Casa plus tôt que prévu et profiter de sa soirée avec Reda. Elle ouvre la porte, file grignoter quelque chose dans la cuisine. Reda y est, près du frigo. Fatma épluche des petits pois. Un pois tombe. Fatma se penche. Réda s'approche et lui caresse les fesses, sous les yeux de Lolita, étranglée.
Que faire? Crier au scandale? Tout foutre en l'air? En une seconde de sagesse/folie, Lolita s'enferme dans la salle de bain. Elle réfléchit, réfléchit (comme d'habitude) puis croit trouver la solution: Halim.