Saturday, November 17, 2007

Ghosts

Everything happens for a reason.
J'étais fâchée de devoir venir tôt. J'étais fâchée de devoir être là, et pas à mon bureau, où m'attendaient mille choses. Il fallait être à cet hôtel, à ce palace, à l'heure, motivés, prêts à brainstormer. Et nous y voici. Mais le monde ne peut pas s'arrêter. Il faut prendre une minute, sortir, appeler, rappeller, s'enquérir de ceci, de l'avancement de cela. Et c'est dans le hall, entre deux appels, que je le vis, lui! Je l'ai reconnu tout de suite. J'ai vu son visage, furtivement, avant que ne se referment les portes de l'ascenceur. Le Japonais!
Tu te souviens? On revenait de voyage. Nous et notre fatigue, nous et nos cernes, nous et nos batteries au positif, nous et nos cartes mémoires chargées de photos, nous et nos rétines brillantes. Je n'ai aucun souvenir du trajet jusqu'à Casa. Juste soudain le choc, soudain le chaos, soudain les soupirs, soudain la fatigue. Et la foule dans le train, compacte, hideuse, puante. Et ce monsieur distingué qui traînait sa petite valise. Un Takeshi Kitano au regard qui tue, avec une merveille de chemise en lin, du vrai lin. Ce monsieur, il respirait la pureté. Il respirait le Japon. Et nous, émerveillés, respectueux, guettant la moindre hésitation de Stranger San pour lui assurer que nous lui indiquerons la bonne station. Peut-être qu'il nous rendra la pareille. On le chercherait à Narita, comme on chercherait un monument, une marque de soda familière, un parapluie. Il serait notre décodeur de Yamato-Kotoba. Il nous sourirait comme un personnage de film auquel on s'attache. Et je me suis attachée à lui. A cet épisode. A la lueur au milieu de la puanteur. A la classe innée. Et ça n'a pas d'importance. C'est fou comme parfois, on s'attache à des choses qui n'en valent pas la peine.