Saturday, September 15, 2007

(S)Election naturelle

Un jour, la chatte borgne a débarqué dans le jardin. Elle avait très faim. Son regard est tellement puissant qu'il compte pour deux yeux. Elle ressemble à beaucoup d'humains qui portent les cicatrices de chaque claque de leur vie sur leurs visages. Je voudrais savoir comment elle est devenue borgne. C'est de la pure curiosité car je déteste les chats.
Quelques jours après l'arrivée de la borgne, quatre chatons blancs ont été enfantés par/sur le gazon. Ils étaient minuscules et très mignons, mais tellement agaçants par leurs miaulements. Et ça bien sûr, c'est ma pure objectivité qui parle.
L'ennui avec les chats, c'est que ça n'est jamais rassasié. Et quand ça n'est jamais rassasié, ça pousse des petits miaulements sournois qui se glissent dans votre boîte crânienne quand vous rêvez de Jude Law en face de vous dans un ascenseur bloqué pour quelques heures. Qu'est ce que j'ai rêvé d'une déportation massive de ces chats, surtout vers ces hordes de gentilles personnes qui poussent des "ah" et des "oh" lorsqu'ils voient ces créatures aux regard fixé sur le mode "pitié please". Or je n'en fais pas partie.
Je me suis longtemps demandée pourquoi les chats restaient chez nous alors que ni mes parents ni moi n'aimons les animaux domestiques (surtout depuis que mes cinq chiens ont sérieusement endommagé les fleurs du printemps, il y a XXX années), jusqu'à ce que je découvre un stock de nourriture pour chats dans la cuisine.
La tribu féline évolue en toute quiétude bougeant ses petites pattes seulement pour éviter le passage des voitures et ne perturbant plus ses siestes en me voyant arriver. Peut-être qu'il est temps de leur donner des noms. Peut-être est-il temps pour moi de dire: "Et finalement, je n'ai rien raté". Les élections sur lesquelles on a palabré pendant des semaines, les débats sur lesquels on s'est excités, les candidats sur lesquels on a écumé des centaines d'adjectifs, le tout a été lavé par les premières pluies d'automne.
J'avais demandé à être là pour la couverture. Je voulais faire des carnets de campagne dans la campagne. Je ne voulais pas faire de rewrite des reportages des autres. Et finalement, le jour J, j'étais à 2000 kilomètres d'ici à me morfondre de ne pas pouvoir "accomplir mon devoir civique" et à m'impatienter de finir le tournage pour me brancher sur 2M. Mon équipe était aussi impatiente que moi. On s'est précipités au snack "Le Sirocco" où on a dû affronter une horde de fans de rugby qui suivaient un match en direct. Plus tard, c'était à un film marocain que l'on a eu droit, au lieu des news du pays. Ma seule satisfaction est de ne pas avoir été poussée au devant de la caméra pour ces fameux "duplex" où on donne les infos en direct. Finalement, c'est par téléphone que nous avons eu les résultats préliminaires. Je ne sais pas à quoi je m'attendais exactement mais les nombres de sièges par partis m'ont déconcertée. En attendant de savoir qui (de Mansouri, Ghellab, Douiri and co) sera premier ministre, je me sens comme un des chatons, grattant à la porte d'entrée. Vivement une bonne nouvelle.

2 comments:

Anonymous said...

Jude Law...encore une Légende d'Automne ;), dont les pluies ne se sont pas encore manifestées ici je dois dire, au grand damne des chasseurs de mouches...texte mimi, auquel j'associe un chaton jouant avec une pelote de laine... :)

Najlae said...

Terminator, ah les chasseurs de mouches! ces cowboys des temps modernes! :)