Tuesday, July 08, 2008

The terminal

Notre hôtel était sis rue du Paradis. Je trouvais ça bien rigolo pour l'enfer qui nous attendait. Tous les matins, chargés comme des mulets, on descendait la pente, déjà fatigués, alors que d'autres la remontaient, les bras chargés, les mines rayonnantes: c'étaient les soldes.
Il faut dire que nous étions entourés d'une association de malfaiteurs qui avaient pour noms: Zadig, Voltaire, Paul, Joe, Dolce, Gabbana, Zoe, Chloe et tous les autres. Les journées ont défilé dans un brouillard de noms, de business cards, d'ateliers, de course contre l'aiguille. Et puis y avait le petit-déj sur la terrasse. Et puis y avait le sourire d'Ingrid, la discrète aux épaules larges. Et puis y avait les tics effrayants de Juliette la bosseuse. Et puis y avait le mot dans les toilettes pour pas trop les salir, "ne serait-ce que pour Zeina". Zeina, c'est la femme de ménage du Maroc. Et Frank, il l'adore. Il apprend l'arabe d'elle. Frank, il est zen. Il met Florent Pagny dans la régie à fond. Chui pas fan mais ça détend en temps de crise. Frank il ramène des croissants paskil voit qu'y a plus de vaisseaux rouges dans tes yeux. Frank il veut venir au Maroc pask'il sent que son "mektoob" est là-bas. Sur la route de l'aéroport, y avait Max. Qu'est-ce qu'il était beau. Il doit être marqué sur le guide des plus belles choses de la ville. J'ai dit en montant dans le taxi: "il a la lumière de Sidi Rebbi sur le visage". Ca tombait bien: il revenait de la Mecque. Il avait un accent merveilleux. Il avait la félicité en crème anti-rides. Il est télégénique pour les yeux. La route est vite passée. Sa voix me berce encore.
Ces intersections de la vie me remontent à chaque fois que je me prépare pour une nouvelle prise d'empreintes d'âmes en courant d'air. Un inattendu me fait conserver une feuille de papier avec son nom complet écrit dessus; un directeur d'hôtel d'une autre ère, d'une autre élégance, avec ses cheveux gris qui lui tombent sur la tempe, ses manuscrits, ses photos en noir et blanc qui jaunissent dans une presque ville, pas assez jolie pour être un village. De bourgade en bourgade, des héros, des victimes, des salauds, des menteurs, des barbouzes, des exemples, qui te laissent des traces dans ton âme à toi et que tu trimbales dans tes bagages sans le sentir. Et toi aussi tu leur laisses des bouts de toi à grignoter quand tu seras parti.

9 comments:

karim bekouchi said...

Bonjour,

Je me permets de t’adresser une petite invitation pour participer à l’initiative internationale du quatrain, oui je sais le mot international et de trop mais je n’ai pas m’empêcher d’en rajouter un peu. Quoi qu’il en soit, l’idée est simple, si l’aventure t’intéresse, envoie moi quatre vers de poésie, quelque soit, le thème ou la langue choisis que je me ferai un plaisir de publier. L’idée de fond est de créer un petit mouvement créativo-littéraire, une sorte de recette à la « nayda » où le plaisir de partager reste au centre et en croisant les doigts pour que ça prenne. Je te laisse mon email : bekouchi@hotmail.com et le nom de mon blog : http://9afia.blogspot.com

Anonymous said...

Najlae,

C'est si vrai, si fort...Tu écris vraiment très bien.

Amina

Najlae said...

Merci Amina,merci.

Anonymous said...

Tu fais de la prod' dans tes écrits, maintenant ? Un superbe montage de ces scènes de vie... Et cet objectif que tu as, qui t'es propre et si particulier, qui sait relever tous ces détails, qui immortalise chaque geste, chaque instant...

Je ne m'en lasse pas ;)

Anonymous said...

je vois une ville, et un port, et beaucoup de soleil :) ma chérie.. reading you is bliss

Najlae said...

fays, wa men hadchi koullou,kand eskon va manger ce-que-tu sais? :))))

sunli, et moi,je vois un seul soleil,qui porte ton nom :)

KawKaw said...

ta dernière phrase est précieuse et tellement vraie (fton post :)

Fays said...

Very very soon, I'll give you a call! ;)

Najlae said...

sunli, merci chouchoute :)

fays, waiting!!! :)