Hier c'était le déchirement.
Hier c'était les yeux qui s'ouvrent tout d'un coup sur aujourd'hui. Les cartons, les sacs, les valises, la poussière en-dessous des tiroirs en plastique. Et
lui qui part. Il me tend la main en me disant
darling et il n'y avait plus de mots en moi, que des cascades de larmes et P. qui me frotte le dos.
Quand il s'agit de quelqu'un d'autre, on sait trouver les mots, on raisonne et on philosophe, on a réponse à tout et à rien, on secoue la tête en fronçant les sourcils. Ah mais quand il s'agit de soi, on se mouche honteusement.
Je change d'avis toutes les 10 minutes sur ce qui est "positif" et ce qui est "négatif", ce qui doit être conservé et ce qui doit être jeté à la poubelle, ce dont je dois me féliciter et ce que je dois me reprocher. Mais je sais que je dois vraiment me reprocher d'avoir bousillé le laptop du boulot. Je me vois payer à vie les 1200 dollars qu'on me réclame pour sa réparation.
Il fait beau à Berkeley et aujourd'hui, c'était les aurevoirs avec Jooj, Em, Sach et Lee. Je crois que les aurevoirs sont un concept pourri, dans le sens où l'on ne se sent pas du tout mieux après.
Mais mon aurevoir le plus dur sera avec ma maison. Je refuse de prendre des photos mais je regarde les murs, me remémore toutes ces nuits de délicieux grignotage en regardant un DVD, mon résumé de bonheur en solitaire. C'est vrai, y a un mauvais souvenir, très très moche. Hideux même. Mais c'était mon chez moi et c'est idiot, mais j'ai insisté hier pour y passer la nuit, même si mon lit n'était plus là. Le parquet m'a tenue éveillée, tellement mon dos était cabossé, mais je crois que je ne résisterai pas à son appel cette nuit encore. Maso!
Bon, je promets d'arrêter de prendre ce blog pour un journal intime de gamine. Je vais aller nettoyer mon tiroir et enlever mon nom sur le sticker. Y a pas de pitié à avoir. Je n'en ai pas sur moi-même. Suis une gâtée de la nature.
Move in. Move out.
Move on.