Wednesday, July 27, 2005

Pour une poignée de rials...

Mme Khadija raccrocha. Je sautais de joie. "Enfin, je vais pouvoir encaisser ce maudit chèque". "Méfie-toi", me dit mon "baba" adoptif du journal. "Ce sont tous des salauds, ces gens du service financier".
Je vais avec H. déposer sa demande d'emploi chez Dell à l'immeuble Zénith, là même où se trouve la société P. SARL (P comme pêt, pourris, pipi-de-chat, pingres, etc). Il est 14h30, le soleil a l'air de s'être approché à 1km au-dessus de nos têtes. Mon crâne bouillonne, mon écran total coule sur mon front. H. prend son courage à quatre mains et pousse la porte de Dell, alors qu'en sortent des dizaines de cadres dynamiques et de cadresses dynamites (comprendre: qritissates). Je cherche désespérement le siège de la société P. Les bonshommes de la sécurité ne savent que dalle. J'aperçois soudain la plaque du groupe A. auquel appartient la société P.
Sécurité à tous les étages. Je franchis le barrage assistante de direction et cherche M. Alami, le Môssieu Flouss. Mais il n'y a que Mme Khadija, une bonne femme bien ronde qui discutait caftan avec sa belle-soeur. Je n'aurais pas dû interrompre, moi et mon sourire de prolétaire venant toucher un chèque. J'ai été très gentille, j'ai attendu patiemment alors qu'elle cherchait mon fameux chèque. Elle me le tendit avec la question fatale: "j'espère que vous avez un compte". Je mentis: "non, je n'en ai pas", en pensant à mon découvert de 800 dirhams chez Crédit du Maroc. Putains de frais de tenue de compte. Elle relança: "vous pouvez le donner à quelqu'un pour le verser sur son compte et vous donner du liquide en contrepartie". Je colérais ferme: "qui par exemple?". Je haussai le ton. Elle haussa les épaules.
Je quittai le bureau le visage rouge, le sang à 80 degrés, la mâchoire supérieure serrée contre sa voisine du dessous.
Le lendemain, Hicham, le beau gosse de coursier du journal, va encaisser mon chèque à ma place, à la SGMB située pratiquement à l'entrée de Rabat (ou à la sortie de Casa, ça revient au même: 30 dh de taxi). Il revient bredouille. "Ils ont dit qu'il y avait rien dans leur compte". Et pourtant, je n'ai pas rêvé: il y avait pourtant 58 pages de pub contre 14 pages de "contenu" dans le nouveau numéro de P. que j'ai "lu" hier dans le train de 21h30.
Vive le statut de salarié, quand on reçoit son virement tranquillos à la fin de chaque mois.
J'ai appelé Mme Khadija. Elle me répond: "vous n'avez qu'à revenir pour que je vous donne un nouveau chèque d'une autre banque, encaissable cette fois".
T'aurais pas pu me le donner dès le début?
"Des requins, je te dis", dixit baba adoptif.

1 comment:

Anonymous said...

Un scénario ô combien rodé au Maroc. Ca n'arrive pas qu'aux consultants, au free-lances ou aux petites boites, non tous les géants font ça. Ca leur fait gagner du temps, repoussent leurs échéances et jonglent.
Le chèque est souvent barré et non endossable, parfois dans le compte est situé dans une autre ville. Un compte bidon evidemment. Cela leur fait gagner 1 semaine à 15 jours. Evidemment le chèque que vous encaisserez sera toujours logé dans une autre banque, située dans la même ville que leur siège social, tiens... *soupir*
A croire que pour ces sociétés, les échéanciers ne fonctionnent que dans un sens. Souvent dans le sens de l'encaissement.