Je n'essaierai même pas de payer le taxi, tu me frapperais. Je te supplie de nous arrêter chez moul zerriaa (décidément, c'est une obsession, j'en parle tout le temps!). Tu en profites pour acheter des amandes grillées à l'amour de ta vie. On marche, tu es si grand, moi si frêle. Ma voix ne s'arrête pas, dans un flux continu, de déballer des milliers d'histoires et de questions. Tu écoutes en regardant devant toi, en me poussant lorsqu'une voiture a failli écraser l'étourdie, en jetant un oeil à ton portable de temps à autre. Et je sais que je suis invincible, car tu es là. Qu'importe si on vit dix mille choses désagréables, frustrantes pour moi, douloureuses pour toi. On sait qu'on est là, nous.
Peut-être aurions-nous dû prendre une photo annuelle, établir une sorte de rituel pour voir comment on a changé au fil des années. Ouais, je sais qu'il y aurait un changement notable: toi, fondant comme neige au soleil, moi me couvrant chaque année encore plus de boutons. Et puis une moitié de CV photo-copie, et puis des articles, des conférences, des festivaux, des mahlaba, des voyages. Mama dit: un vrai poichiche coupé en deux.
Je vais chez le coiffeur; je file chez l'amour de ta vie pour avoir un feedback. Je vole des câlins au second amour de ta vie, je demande à peine après toi: si tu n'es pas là, tu es ailleurs, toujours et encore sollicité.
16 janvier, 23h59: attends-tu à côté de ton téléphone ou te doutes-tu que je suis à ta fenêtre, tentant tant bien que mal de garder silencieuse une horde entraînée au joyeux anniversaire?
J'ai raté deux anniversaires depuis et une autre grande chose. Je rate sûrement des millions de choses tous les jours. Ca ne vaut rien, me dis-tu. "On est là", me dis-tu, en désignant ta poche de chemise Moxe. "Yak al 3iyana?". Oui. Et non. J'aurais aimé ne rien rater. C'est bête la nostalgie. Surtout aujourd'hui. Même hier. Et si je ne t'avais pas croisé dans les couloirs de 2M?
Je cesse de te chercher, tu es un vrai Capricorne: inaccessible. Mais je savoure le résultat de mon investissement émotionnel en toi, il y a maintenant presque quinze ans. J'ai toujours cru en toi. Et j'aime avoir raison.
Wednesday, September 28, 2005
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1 comment:
On adore tous Nounours...
Je l'ai croisé récemment. A 2M aussi. Eh oui, à cause de son ou de SES boulots, on ne fait que le croiser... Jamais le rencontrer.
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