Tuesday, November 15, 2005

Plat du jour

Et les gens?
Facultatifs, comme le reste. Comme le champ "email address" sur une page de commentaires de blogs. Comme les vitamines du matin. Comme les fraises coupées dans tes céréales. Ou peut-être des bananes. Comme les discussions après les films, "lli 3tah Allah 3tah", ce n'est pas la discussion qui changera ton avis sur la pelicula.
Et ta vie? Au point mort. On ne peut comprendre que ce qu'on vit.
Mauvaise humeur. Aucune compassion. Indifférence pour les pisseurs et les pleureurs, pour les fidèles et les infidèles. Je crache sur la médiocrité, les sentiments pas complets, pas assez forts, les idées à mi-chemin, les hommes à mi-chemin, les rires étouffés, les pleurs étouffés. Je me ris des coeurs brisés, des histoires passées. Il y a écrit "fuck off" sur mon front. Ou "chien méchant". C'est à vous de choisir.
Je ne crois plus en l'amitié. Je ne crois plus en l'amour où l'on appartient, où l'on se donne, où l'on se reçoit. Donde estan los ladrones? A voler le plaisir quand ils le rencontrent, à faire durer la minute de jouissance de l'esprit, à déverser leurs frustrations du moment dans un verre de whisky, un film, une chanson. Une chanson qui déchire, qui les déchire.
Donde estan los heroes? In their mom's hearts. Nowhere else.
Vous voulez un dessert? Je vous recommande le vomissement du chef. De votre bassesse quotidienne.
Oh vous n'en voulez point. Quel dommage. Pourtant, ça soulage. Ca aide à digérer.
Politically incorrect? Je ne comprends pas ce que vous dites. Oh j'y vais fort? Mais c'est juste moi. Moi. L'insoutenable légèreté du moi, l'insoutenable narcissisime du moi. "Hadchi lli 3ta Allah".
Tout ça, c'est facultatif.

6 comments:

Loula la nomade said...

Salut Najlae,

Ton billet m'a fait penser à une chanson qu'interprète Luce Dufault.
Les soirs de Scotch

J'ai oublié ce que tu sais
J'ai emmêlé mes confidences
Je ne sais plus trop ce qui est vrai
J'ai des accidents de conscience

Qu'est-ce que donc que la vérité
Seras-tu sûr de ta passion
Quand tu auras pu me calculer
Quand je serai ton équation

Les soirs de scotch m'enchantent
Je ne sais pas si je te l'ai dit
Moi et la nuit mourante
Enlacées, grises et engourdies

Passons la nuit à nous mentir
Honnêtement comme les anges
Meublons le rêve qui s'étire
Buvons le rêve qui nous mange

Tu fais le fou, je fais la foire
On plonge au fond de la bouteille
Tout est vrai tant qu'il reste à boire
Et qu'on éclipse le sommeil

Les soirs de scotch m'enchantent
Je ne sais pas si je te l'ai dit
Sur mes douceurs prudents
Ils coulent et mouillent mon ennui

Mes soirs de scotch m'enchantent
Je ne sais pas si je te l'ai dit
L'ivresse est caressante
Suave et chaude comme un nid

Les soirs de scotch m'enchantent
Je ne sais pas si je te l'ai dit
Moi et la nuit mourante
Enlacées, grises et engourdies

Les soirs de scotch m'enchantent.

Mouik mouik

Loula la nomade said...

Najlae,

Voilà un extrait, j'aime la voix puissante de Luce Dufault
http://www.francevision.com//news/vf14/luce3.mp2
Mwah

laseine said...

Même ce commentaire était facultatif mais j'ai envie de le faire quand même.

Ton texte Najlae est beau et très fort. Il m'a fait penser, mais comme deux gouttes de rosée, à un texte de Georges Perec intitulé "Un homme qui dort".
C'est l'histoire d'un jeune homme qui décide, un bon jour, de faire l'expérience de la solitude et de l'indifférence.

Il brille par son absence, ne répond plus aux appels de ses amis ni aux gens qui viennent frapper à sa porte. Il ne sort plus sauf la nuit tard. Il lit le journal le Monde de la première ligne à la dernière. Il ne fait aucune distinction entre la rubrique necro, un commentaire sportif ou un article de la rubrique Horizon. Il mange la même chose à tous les repas. Le goût des aliments s'estompe et n'importe plus : la viande est la même chaque fois, le vin est le même. La graisse sur la frite n'est plus graisse, elle est frite. II joue aux cartes. Ses parties sont vides. Elles remplissent son temps. C'est tout ce qui importe.

Au fil des jours, il acquiert sa liberté : plus rien ne lui plaît, plus rien de lui déplaît.

Quelques citations :

"Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas: la solitude, l'indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout: d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as côtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traîner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancoeur opportuniste et lâche des liaisons qui s'effilochent."

"[...] les nuages qui dessinent dans le ciel des formes de nuages."

"Quelle merveilleuse invention que l'homme! Il peut souffler dans ses mains pour les réchauffer et souffler sur sa soupe pour la refroidir."

"Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indifférence n'apprend rien : c'était un leurre, une illusion fascinante et piégée. Tu étais seul et voilà tout et tu voulais te protéger : qu'entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot : tu n'as jamais fait qu'errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomètres des façades, des devantures, des parcs et des quais.
L'indifférence est inutile. Tu peux vouloir ou ne pas vouloir, qu'importe ! Faire ou ne pas faire une partie de billard électrique, quelqu'un, de toute façon, glissera une pièce de vingt centimes dans la fente de l'appareil. Tu peux croire qu'à manger chaque jour le même repas tu accomplis un geste décisif. Mais ton refus est inutile. Ta neutralité ne veut rien dire. Ton inertie est aussi vaine que ta colère."

"Sous toute douceur charnelle un peu profonde, il y a la permanence d’un danger" Take care Najlae

"Chaque personnage est deux hommes, et le plus vrai est toujours l'autre." Jorge Luis Borges

"L'amitié comme l'amour sont une source inépuisable de mécontentement et de rage dont il serait déraisonnable de vouloir se passer." Cioron le nihiliste

GarAmud said...

Bonsoir,

hadchi lli 3ta allah!
tactiquement
physiquement
Drari 3ayyaninne!
disait Blinda notre ex-entraîneur sur les plateaux de télé à chaque cuite nationale

hADCHI lli 3ta allah
Et moi qui me sers la coupe, qui paie mes impots, rubis sur ongle, qui bois mon verre, hadchi lli 3ta allah!
et Merde! quand est-ce que nous serons exigeants vis-à-vis d'Allah? ne plus nous contenter du peu qu'Il nous accorde; dire non au ridicule dont il nous couvre, dans le concert dans Nations?
Hadchi lli 3ta allah ! walaiss bi al imkani ajmalo mimma kane! ya Salam ! Ils ont fait de Dieu la plus belle fille du monde, ne peut donner que ce qu'Il a... la misère! wafiqoooooooooo! wa kokorikoooo! wakhadmoooo! wa barakaaaaaaaaa!

izgarn! (les vaches!)

Najlae said...

Gar>
HAHAHAHAHA la reference a Blinda m'a ecroulee de rire! Je pense aux images des visages des joueurs et leurs cheveux coulant de sueur, images avec lesquelles on "couvrait" les propos du "trinour".
"hadchi lli 3ta Allah",c'est seulement semantique. Pour dire que you're powerless,impuissant. t'en as tellement marre de toi-meme que t'arrives pas a penser a autre chose. You give up. Tu te rends compte de ta nullite et tu souffres. Ca voulait pas dire: apres moi le deluge. lli bgha yiwqe3,yiwqe3,mais bon....

Najlae said...

laseine> tes commentaires ne sont jamais facultatifs. Je crois avoir deja lu le texte de Perec. Merci pour les citations. xoxo